La liberté d’expression est bornée par la loi qui punit les paroles racistes ou diffamatoires. Le cas de l’humour a toujours fait couler beaucoup d’encre. Quand vous racontez une blague sur les blondes, sur les belges, sur les Juifs, êtes-vous raciste ? Le stéréotype n’est-il pas le premier pas vers la discrémination ?
Parfois, s’autocensurer sur un sujet est une preuve de racisme. On peut essayer d’éviter toute discrimination, et parler d’un homme comme d’un imbécile, d’un voleur ou d’un menteur, simplement parce qu’il nous semble imbécile, voleur ou menteur. Et non parce qu’il est belge, maghrébin ou Italien. Mais il y a un problème quand vous ne pouvez plus dire : « cet homme est un voleur » d’un Arabe sous peine d’être taxé de racisme.
C’est précisément ce problème que l’on rencontre dans les caricatures de Mahomet. Caricaturer l’Islam est devenu une preuve d’intolérance notoire ; pourtant Charlie caricature chaque semaine les Papes tremblotants et les curés pédophiles. Personne ne brûle d’ambassade française parce que l’on insinue que tous les curés sont pédophiles et le pape sénile.
Quand à l’interdiction présente dans l’Islam de ne pas représenter le prophète... c’est un argument assez amusant, quand on considère que ces caricatures ont été reproduites au titre d’information dans des journaux musulmans. Personne n’oblige un musulman, tenu au respect de ses règles religieuses, à ouvrir le journal. De même que personne n’oblige un Juif a manger des fruits de mer contre ses règles religieuses. Si je n’aime pas la pornographie, personne ne m’oblige à ouvrir PlayBoy. Aller plus loin et interdire aux autres sous prétexte de règles religieuses, c’est considérer que ses propres lois religieuses doivent contraindre la vie de tous... un peu éloigné d’une république laïque.
Pour toutes ces raisons, Charlie ne me semble pas en tort sur ce point. Alors oui, montrons si nous le voulons une caricature de Mahomet violent pour faire réfléchir sur les risques d’extrémisme. En l’occurence, les manifestations violentes qui ont suivi la publication sont assez ironiques... prouvant elles-même que certains extrêmistes tolèrent mal la liberté des autres, la critique, et usent des balles comme arguments.