Tout voyage est en effet circulaire et vous ramène à votre point de départ.
Mais les objets et les lieux vous semblent alors si différents, que vous vous apercevez que votre vue a changé.
Vous avez cité Ulysse, et Du Bellay, mais on pourrait en a joindre tant d’autres
En premier lieu Don Quichotte, ce fou visionnaire, nous montrant que la démesure et l’extravagance peuvent être des guides supérieures aux meilleures cartes.
Voyager pour revenir, et se perdre pour se retrouver.
« Tout est affaire de décor » nous disait Aragon. Rien n’est moins sûr ! La qualité d’âme importe plus que le nombres de kilomètres, et à ce titre on peut douter que ces pauvres voyages électriques, vous emmenant pour un séjour programmé à l’autre bout du monde soit d’un intérêt supérieur à un déplacement au supermarché.
« Sur la route » nous renvoie lui aussi au coeur de cette errance sans fin, sans objet, si ce n’est qu’aller au bout de soi-même, en se confrontant à tous les maelströms.
Mais le grand trouble de la littérature de voyage, c’est qu’elle nous propulse dans tous les ailleurs : La vision suggestive du poète, la réalité historique de l’époque, la sociologie, la géographie, les mœurs : Autant de paramètres que les écrivains expulsent du champ de leur écriture quand, dans leur chambre, ils ne sont pas astreints de se confronter à la réalité du terrain, mais qui sont alors autant de révélateurs alors, à leur différence et à leur folie : Les moulins à vent transformés en chevaliers nous révèlent bien plus l’extravagance du personnage que ces élucubrations et ses vantardises.
En tous cas, elles nous reviennent en écho et magnifient les paysages, quand, par hasard nous nous y trouvons. Les Cévennes du coté de Florac ou de Mende sont à jamais parcourus maintenant par le regard de Stevenson, monté sur son âne.
Ainsi que le col du Grand saint Bernard résonne des vers de Rimbaud qui le monta maintes fois à pieds. Pauvre Arthur, qui ne rêva plus lui aussi que de sa maison et du retour au pays, après avoir tant rêvé d’illuminations et de saisons en enfer.
Car il faut savoir revenir à temps, et ne pas se brûler les ailes, afin de le miel, ne se transforme pas en fiel !
Et c’est tout l’art de la conjugaison, de la constance et de l’équilibre.
Un voyage finalement, c’est un peu comme une poésie. il faut savoir perdre la tête, mais tout autant compter les pieds, pour ne pas pleurer sa jambe en moins.
28/11 19:44 - Alinea
Bravo ! je dis bravo parce que je ne peux que vous suivre... La mondialisation !!!! (...)
28/11 18:21 - volt
belle errance, qui commence dans un lit... Notez que le 2e vers de dubellay sur « l’usage (...)
28/11 14:16 - dom y loulou
vas-tu auteur, continuer à errer à l’infini, non pas comme Ulysse en explorateur libre de (...)
28/11 11:59 - gaijin
article superbe ! « ulysse reviens, fait face a ton destin ..... » cette version moderne de (...)
28/11 10:58 - velosolex
Tout voyage est en effet circulaire et vous ramène à votre point de départ. Mais les objets et (...)
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