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Commentaire de Jean-Michel Lemonnier

sur Les crématoriums et les rituels profanes de la crémation aujourd'hui en France : non-lieux et expressions d'une surmodernité apostate et nihiliste ?


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Profil supprimé Jean-Michel Lemonnier 1er décembre 2012 13:23

Je n’ai guère eu l’occasion de vous répondre avant ce jour...

Donc. Je connais comme vous ces chiffres. Vous les rappelez, c’est très bien.

Par ailleurs, il existe un « marché de la mort » si je puis dire, fort rentable...

A vous suivre, cette pratique serait donc largement liée à des questions d’économie. C’est sans doute vrai, d’ailleurs la dernière phrase de l’article se réfère à cet état des choses. La crémation serait de plus plus répandue parce que l’argent fait défaut.
Mais par là, j’évoquais aussi les changements de priorité dans les « budgets des ménages » (budget et ménages voilà bien deux termes que j’abhorre me rappelant que trop bien la sociologie d’inspiration US –il n’existe plus à proprement parler d’Ecole française- et les statistiques, instruments de « domination » modernes).

Je vais vous donner un contre-exemple de ce que vous affirmez

Dans les pays de tradition chrétienne orthodoxe, notamment dans ce monde rural qui ressemble fort à celui d’un pays comme la France avant la « mort du paysan » ; (paysans remplacés par ces « agro-industriels »), avant l’arrivée du pavillonnaire standard bas de gamme,  avant les mutilations des villages par ces « voies rapides » qui ne mènent nulle part, la destruction des structures bocagères dans certaines régions, etc.

Bref, dans ce monde rural des pays pré-cités (que je n’idéalise pas pour autant), il existe une pauvreté, qui n’empêche guère des cérémonies, des rituels qui s’étalent d’ailleurs sur des années. Et, ce sont les économies de toute une vie qui servent à honorer le défunt pour : le prix du cercueil, les cérémonies religieuses, les repas pris en l’honneur du mort auxquels sont parfois conviées des dizaines de personnes, la concession au cimetière, acquise bien avant que l’idée de faire le « grand voyage » ne s’impose définitivement comme une réalité à laquelle il n’est plus possible d’échapper…

Ce sont ces éconocroques -une économie paysanne de bas de laine- qui sont dépensées en l’honneur du mort. Le jour de l’enterrement de la nourriture est même distribuée aux personnes se trouvant aux abords du cimetière. Deux jours après, on faire dire encore une messe et on fait un repas en l’honneur du mort encore une fois, puis 9 jours après le décès, 3 semaines, 40 jours, 6 mois puis tous les ans…(avec quelques variations)

En outre, durant la période des 40 jours qui suivent le décès, la personne la plus proche du défunt (disons le conjoint) se rend au cimetière chaque jour avec de l’encens en récitant des prières…

Il serait impensable, donc, quitte à se ruiner, de faire un enterrement « à l’économie »…

Or donc, c’est ce que dit, principalement, mon article, en filigrane : il existe bien un abandon de cette « priorité » faite au mort en « Occident »… ce qui  me fait écrire cette phrase, il est vrai un peu provocatrice : nous parions sur la prééminence de préoccupations économiques dégagées de considérations philosophico-religieuses conduisant à incinérer les hommes comme on incinère les déchets.

Bien à vous,

 


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