Je n’ai guère eu l’occasion de vous répondre avant ce jour...
Donc. Je connais comme vous ces chiffres. Vous les rappelez, c’est très bien.
Par ailleurs, il existe un « marché de la mort » si je puis dire,
fort rentable...
A vous suivre, cette pratique serait donc largement liée à des questions
d’économie. C’est sans doute vrai, d’ailleurs la dernière phrase de l’article
se réfère à cet état des choses. La crémation serait de plus plus répandue
parce que l’argent fait défaut.
Mais par là, j’évoquais aussi les changements de priorité dans les
« budgets des ménages » (budget et ménages voilà bien deux termes que
j’abhorre me rappelant que trop bien la
sociologie d’inspiration US –il n’existe plus à proprement parler d’Ecole
française- et les statistiques, instruments de « domination » modernes).
Je vais vous donner un contre-exemple de ce que vous affirmez
Dans les pays de tradition chrétienne orthodoxe, notamment dans ce monde
rural qui ressemble fort à celui d’un
pays comme la France avant la « mort du paysan » ; (paysans
remplacés par ces « agro-industriels »), avant l’arrivée du
pavillonnaire standard bas de gamme,
avant les mutilations des villages par ces « voies rapides »
qui ne mènent nulle part, la destruction des structures bocagères dans
certaines régions, etc.
Bref, dans ce monde rural des pays pré-cités (que je n’idéalise pas pour
autant), il existe une pauvreté, qui n’empêche guère des cérémonies, des
rituels qui s’étalent d’ailleurs sur des années. Et, ce sont les économies de toute une vie qui servent à honorer le
défunt pour : le prix du
cercueil, les cérémonies religieuses,
les repas pris en l’honneur du mort auxquels sont parfois conviées des dizaines
de personnes, la concession au cimetière, acquise bien avant que l’idée de
faire le « grand voyage » ne s’impose définitivement comme une
réalité à laquelle il n’est plus possible d’échapper…
Ce sont ces éconocroques -une économie paysanne de bas de laine- qui sont
dépensées en l’honneur du mort. Le jour de l’enterrement de la nourriture est
même distribuée aux personnes se trouvant aux abords du cimetière. Deux jours
après, on faire dire encore une messe et on fait un repas en l’honneur du mort
encore une fois, puis 9 jours après le décès, 3 semaines, 40 jours, 6 mois puis
tous les ans…(avec quelques variations)
En outre, durant la période des 40 jours qui suivent le décès, la personne
la plus proche du défunt (disons le conjoint) se rend au cimetière chaque jour
avec de l’encens en récitant des prières…
Il serait impensable, donc, quitte à
se ruiner, de faire un enterrement « à l’économie »…
Or donc, c’est ce que dit, principalement, mon article, en filigrane :
il existe bien un abandon de cette
« priorité » faite au mort en « Occident »… ce qui me fait écrire cette phrase, il est vrai un
peu provocatrice : nous parions sur la prééminence de préoccupations
économiques dégagées de considérations philosophico-religieuses conduisant à
incinérer les hommes comme on incinère les déchets.
Bien à vous,