« »« Car la pire des morts, c’est de ne plus compter pour personne. »« »
C’est tout à fait vrai dans un contexte névrosé du lien (et de l’héritage) où chacun redoute de se retrouver abandonné de tous.
Mais les Français qui sont abandonnés, passé le choc, peuvent découvrir en leur solitude une liberté extraordinaire. Ils peuvent découvrir à quel point ils étaient jusque là aliénés aux uns et aux autres.
C’est parce que la solitude offre la véritable liberté de penser qu’il existe un petit paquet de religions ou philosophies qui prônent le détachement. Dans le Za zen, on demande aux jeunes entrants de considérer leurs parents comme des étrangers. Mais c’est déjà le cas pour nos gens d’Eglise chrétienne. On passe curé et on appelle son géniteur « fils »
Dans ces cas de groupes religieux, par exemple celui des moines de Thibrine, la famille organique ne veut plus rien dire. M’enfin, ils tiennent encore à se sentir en chaleur de groupe avec les autres moines.
D’autres, refusant même cet attachement aux collègues religieux, visent carrément la solitude.
C’est pour le Français moyen que la question de l’entouraaaage est toute une affaire.
Ailleurs, en Inde surtout, il y a davantage de cénobites volontaires. Il leur reste probablement un souci face à la mort mais il est bien plus simple à gérer que pour nous. Ils n’ont aucun besoin de s’alcooliser pour oublier qu’ils sont abandonnés. Ils meurent seuls, indifférents, ataraxiques ou concentrés sur leur relation avec eux-mêmes ou quelque dieu, pas avec qui que ce soit sur Terre. Tout juste comptent-ils tout de même parfois sur des tiers pour leur offrir quelque rite funéraire, d’où le fait qu’ils apparaissent tout de même un peu sociaux.
Ici, on meurt seul dans l’alcool, la tristesse, l’amertume et le dépit en pensant « Quels salauds ! ».
Cela dit, le sujet abordé par Gabriel touche deux points distincts : Celui de la solitude (dont il parle peu) et celui de la souffrance intrinsèque sur laquelle il insiste.