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Commentaire de Connolly

sur Ecosocialisme en France, l'An I


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Connolly 7 décembre 2012 00:03

« Ce n’est pas mon avis. C’est en lisant des livres de voyageurs des XVIIIe et XIXe - qui n’avaient pas nos pudeurs « antiracistes »
- que j’ai constaté, sur place, en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, combien les peuples ne changent pas en dépit de la succession des générations. »


Les peuples ne changent pas, dites-vous ? Il y a certes des constantes mais aussi des évolutions à défaut de changements stricto sensu (j’y reviendrai plus bas). Et puis, dans quelle mesure les écrits de vos voyageurs des XVIIIe et XIXe étaient-ils empreints d’objectivité ? Ne voyaient-ils pas ses peuplades « exotiques » plutôt au travers du prisme de leurs préjugés judéo-chrétiens ?


« On esquisse des grands traits de l’histoire, on ne fait ni dans l’exception ni dans le collatéral.

Pour ce qui est de la France, quand Léonard de Vinci accepte d’y venir, en 1516, ce n’est pas pour y étudier des populations troglodytes et des hordes de chasseurs-cueilleurs. »


Un peu facile pour le coup ! Vous réduisez donc l’Afrique du 15e siècle à « des populations troglodytes et des hordes de chasseurs-cueilleurs », ce qui est on ne peut plus réducteur (voire caricatural) et surtout factuellement faux.

Par ailleurs, je ne parlais pas de la France mais de l’Europe, laquelle était traversée par de profondes disparités.

En fait, je crois aussi que vous avez une vision idéalisée de la France (confondant ainsi histoire et mythologie) : à vous lire, on pourrait croire qu’à l’époque, tous les Français vivaient dans l’opulence, comme si les inégalités (réellement abysalles celles-ci) n’existaient pas, comme si, par exemple, la France ne comprenait plus dans ses rangs des populations « troglodytes » (je pense notamment aux grottes de Calès en Provence qui furent occupés de la Préhistoire au XVIe siècle) ou d’autres vivant comme au néolithique (que vous confondez avec le paléolithique où les hommes vivaient essentiellement des activités de chasse, de pêche et de cueillette).


D’autre part, peut-on comparer objectivement des populations vivant, à une certaine époque (en l’occurrence le 15e -16e siècles) suivant des modes organisationnelles très différents – à mi-chemin entre le féodalisme et le capitalisme pour les uns, et une sorte de « communisme » primitif pour les autres, à savoir vos « hordes de chasseurs-cueilleurs » d’Afrique ? Je ne le pense pas, au sens où vos chasseurs-cueilleurs n’auraient échangé pour rien au monde leur mode de vie contre celui des Européens. De sorte que si inégalité il y avait,elle se situait non pas dans le domaine socio-économique stricto sensu (comme aujourd’hui) mais plutôt dans celui de l’évolution en termes de mode de production.

Tandis qu’aujourd’hui, le monde étant organisé sur le mode capitaliste, l’on peut objectivement comparer le nord et le sud, et partant parler d’inégalités abysalles à caractère socio-économique, lesquelles incitent justement certaines populations du sud a émigré vers le nord où ils comptent trouver de meilleurs conditions d’épanouissement à l’aune des paradigmes capitalistes. Par contre, très rares seront ceux parmi les Indiens d’Amazonie (par exemple) qui chercheront à quitter leur mode de vie, façon paléolithique, pour embrasser un autre (le nôtre) situé justement aux antipodes du leur.


Dernier point : si, pour vous, les hommes n’ont pas changé depuis la nuit des temps parce qu’ils sont toujours capables aujourd’hui, pour schématiser, du pire (là encore pour schématiser les « tares » humaines : haine, violence, égoïsme, intolérance...) comme du meilleur (générosité, compassion, altruisme, tolérance...), alors oui, effectivement, les hommes n’ont pas changé, car telle se décline globalement la nature humaine, avec ses « bons » et ses « mauvais » côtés.


Sauf que, selon les périodes et leurs environnements, les hommes ont été enclin à œuvrer ou pour le « pire » ou pour le « meilleur ». Dans ce cas, on ne parlera pas de changement mais plutôt d’évolution (voire de régression) des mentalités, phénomène que l’on peut qualifier de fluctuant – mais qui n’a rien de superficiel.

Et même dans les périodes où l’on a incliné ou vers le « pire » ou vers le « meilleur », ces inclinations se sont manifestés et exprimés différemment en fonction des changements ou des évolutions, voire des révolutions, intervenus dans les domaines scientifique, technologique, politique, idéologique, spirituel, moral..., lesquels ont fait changer ou évoluer (voire régresser) la perception globale de l’humanité et de la vie, notamment d’un point de vue téléologique.


Tout cela pour dire, une fois encore, qu’il n’est nullement pertinent de comparer la France et l’Europe du 21e siècle avec l’Empire romain (Spengler ou pas !) : d’une part, parce l’Europe du 21e siècle - et encore moins la France - n’est pas un empire et d’autre part, les pays dont sont issus les immigrés ne représentent nullement une menace militaire (les terroristes ne constituant qu’une minorité marginale) contrairement aux « barbares » vis-à-vis de l’empire romain. Enfin, compte tenu des évolutions et autre changements ou révolutions (dans les domaines scientifique, technologique, politique, idéologique, spirituel, moral...,) survenus depuis, et ce jusqu’à aujourd’hui, dans toute l’Europe, il est clair que notre appréhension et notre vision des choses font que nos actes divergent et divergeront radicalement de celles des Romains et des « barbares ». Lesquels divergences feront également que l’Europe ne connaîtra (sans doute) pas le même type de destin que celui de l’Empire romain. D’autant plus que les « barbares » de l’époque n’avaient nullement les mêmes desseins que les immigrés d’aujourd’hui (pour l’écrasante majorité d’entre eux, ne vous en déplaise)


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