« Non ? Alors, c’est qui, nommément ? Il faut le dire, parce qu’on ne peut soulever durablement la colère des gens contre un concept abstrait. Si vous n’offrez pas un visage de chair et d’os à la haine que vous prévoyez de déclencher, vous n’aboutirez à rien. Pareil si le visage que vous jetez en ppâture ne déclenche pas suffisamment la haine. »
Mais vous n’y êtes absolument pas cher ami ? L’expression métaphorique « se battre contre des moulins à vent » signifie que l’on se bat contre des ennemis imaginaires (à l’instar justement de Don Quichotte). Dire que le capitalisme néo-libéral mondialisé est un moulin à vent implique donc que celui-ci soit imaginaire, n’existe pas et in fine relève du fantasme.
C’est qui, concrètement et humainement, demandez-vous ? Vous ne le savez vraiment pas ou faites-vous semblant ?
Mais tous ceux qui appartiennent à cette catégorie de la population qui répond au nom d’« oligarchie », laquelle n’est nullement un « concept abstrait » et regroupent en son sein : les grands patrons (dont Parisot) et les actionnaires, ainsi que leurs valets issus du monde politique, médiatique, intellectuelle et culturelle. Et ce au sein des pays les plus développés du nord.
« C’est leur problème, ce n’est pas le nôtre et nous ne leur devons aucune solidarité, puisque ne pouvant déjà pas grand-chose pour eux-mêmes, ils ne peuvent absolument rien pour nous. »
Quitte à choisir, vous préféreriez donc maintenir en place l’oligarchie nationale plutôt que les immigrés. Quel grand pourfendeur du système vous faites ! Il est effectivement plus facile de s’en prendre à plus faible que soi, n’est-ce pas ?
Nous sommes, ne vous en déplaise, collectivement (même si ni vous ni moi ne l’ont voulu) responsables de la situation dans laquelle se trouve leurs pays, situation dont on a tiré profit (du moins essentiellement l’oligarchie) : à ce titre cela ne me gêne point de faire œuvre de solidarité à leur égard en guise de compensation.
« C’est bien la première fois que j’entends parler de « démusulmanisation » »
C’est à la fois un néologisme de mon invention et un terme générique désignant les desseins des « grands combattants de la menace islamique ». Je reconnais que le terme de « désislamisation » serait peut-être plus pertinent esthétiquement parlant.
« Mais ce n’est pas du tout ce cela qu’il s’agit. Il s’agit de faire barrage à la tiers-mondisation, qui est déjà très avancée dans nombre d’endroits d’Europe occidentale, du Portugal à la Suède et du Royaume-Uni à la Grèce ».
Oui, enfin, là vous jouez sur les mots. En bref, il s’agit pour vous de faire barrage à tous ceux qui ne seraient ni chrétiens ni suffisamment blancs de peau à votre goût.
« Ce n’est pas contre les immigrés, c’est contre l’immigration ».
Pour le coup, je vous trouve bien tartufe. C’est un peu comme si je disais : « ce n’est pas contre les oligarques que je lutte mais contre l’oligarchie » ou alors « ce n’est pas contre les capitalistes que je lutte mais contre le capitalisme ».
« Or comme l’immigration est une des armes de l’oligarchie. je comprendrais que vous luttassiez contre l’oligarchie ET l’immigration. »
Non, puisqu’une fois mise à mal l’oligarchie responsable de la mondialisation capitaliste, l’immigration s’atténuera automatiquement. Et puis, il serait lâche, inhumain et hypocrite de s’en prendre à des gens qui ne sont pas responsables de leur sort. Tout est question d’éthique humaniste – car l’on a bel et bien affaire à des êtres humains et non à des marchandises ou à de la monnaie virtuelle -, laquelle vous fait visiblement défaut. Par contre m’en prendre à l’émigration et l’immigration des marchandises et de l’argent virtuel de l’oligarchie nationale et internationale (c’est-à-dire au fond aux vraies racines du mal) ne me pose aucun problème.
Lâche, inhumain et hypocrite mais en plus vain, puisque tant que les inégalités nord-sud demeureront toutes formes de mesures dissuasives n’empêcheront pas nombre de personnes du sud à immigrer vers le nord, et ce même au péril de leur vie (voyez ce qui se passe aux US).
« mais pas contre l’oligarchie et pour l’immigration »
Pour ma part – à titre personnel donc - je ne lutte ni pour ni contre l’immigration, puisque pour moi le vrai problème se situe ailleurs.
« Je ne crois pas au choc des civilisations parce que, pour moi, le vrai choc les transcende, c’est celui qui oppose les peuples qui savent faire (la seule richesse qui vaille) aux peuples qui ne savent pas faire (ce qui correspond à la pauvreté des pauvretés). Cela dit, qu’à un moment donné l’Islam tente d’instrumentaliser la croisade, me paraît inévitable, parce que de bonne guerre, mais c’est dans un deuxième temps. »
Mais tous vos propos, ne vous en déplaise, s’inscrivent bel et bien dans la logique qui sous-tend la dialectique dite du « choc des civilisations ».
« Je n’y crois pas, parce que je ne crois pas à la lutte des classes ».
La question n’était pas là : je sais pertinemment que vous n’y croyez pas.
« C’est une invention d’intellectuels réduisant, en réalité, les individus à un appareil digestif et à la satisfaction égalitaire de ses besoins minimums dans le cadre d’une communauté fraternelle et solidaire, placée sous le signe de la raison. Or, cest ce réductionnisme qui explique les échecs du collectivisme partout où il a essayé de mettre ses méthodes et croyances en application. »
Non cher ami. L’échec de ses régimes est essentiellement imputable à l’absence de démocratie et au non-respect des libertés individuelles fondamentales, le tout s’apparentant dans les faits à un capitalisme d’Etat enrobé de rhétorique marxiste.
Quant au concept de lutte des classes, il part du postulat que depuis le début de l’histoire de l’humanité (ce qui exclut la préhistoire et la proto-histoire) cette dernière a toujours été divisée en deux principales classes aux intérêts antagoniques, lesquelles s’opposent dans une lutte ininterrompue, tantôt déclarée, tantôt larvée, pacifique ou non. Et cette lutte aura constitué un moteur de transformations des sociétés humaines au cours de l’histoire.
« Ca ne mange pas de pain et l’impact de la formule sur l’opinion doit être proche du zéro absolu. »
Je vous trouve bien culotté !
Avez-vous la naïveté de penser que le pamphlet anti-Le Pen de Parisot a eu un impact quelconque sur l’opinion ? Si tel est le cas, comment le savez-vous ?
Et puis, dans notre débat, la question était de savoir qui, de Le Pen et de Mélenchon, suscitait le plus de crainte chez Parisot et le MEDEF. Or à ce petit jeu, il n’est pas sûr que MLP l’emporte : d’une part, parce que le bouquin de Parisot n’a pas fait l’unanimité au sein du MEDEF et d’autre part, parce que pour Parisot le programme économique de Le Pen aboutirait à la ruine du pays, alors que celui de Mélenchon amènerait non seulement la ruine mais la guerre civile et la dictature.
« Tandis que Mélenchon symbolise le collectivisme qui, partout où il a sévi strictement, n’a jamais débouché que sur des économies de pénurie. »
Mélenchon symbolise non pas le collectivisme (qui peut très bien s’épanouir dans un cadre capitaliste) mais le socialisme (système devant succédé audans lequel l’individu peut très bien s’épanouir), lequel dans les faits n’a jamais été expérimenté de façon viable sur une grande échelle. Ce que l’on a appelé à tort le socialisme ou le communisme n’était pas autre chose que du capitalisme d’Etat.
« Or, on n’a rien trouvé de mieux que l’initiative individuelle pour développer l’innovation » et que la concurrence loyale pour tirer les prix vers le bas sans sacrifier complètement la qualité. »
Sauf que d’une part, initiative individuelle et socialisme (et je ne parle du pseudo-socialisme à la sauce soviétique qui dans les faits n’a pas dépassé le cadre du capitalisme d’Etat) ne sont pas incompatibles et d’autre part, le marché développé dans un cadre capitaliste bride l’initiative et donc l’innovation puisque seule les initiatives et innovations ayant une valeur marchande à court terme ont droit de cité.
Dernier point : ce n’est pas parce que, dans l’absolu, on n’a pas trouvé mieux, que l’on ne fera jamais mieux. En fait, vous vous inscrivez vraiment dans l’air du temps : celui du « choc des civilisations » et de la « fin de l’histoire ».
« la concurrence loyale pour tirer les prix vers le bas sans sacrifier complètement la qualité. »
C’est exactement ce que disent Mme Parisot et ses « camarades syndiqués » du MEDEF. Quel grand pourfendeur de l’oligarchie vous faites !
Sauf que : combien de mesures ont vainement été mises en place pour aboutir à la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée » ? A terme, toutes finissent par être contournées d’une manière ou d’une autre.
Quant à la qualité, ne me dites pas que vous ignorez que des gens sont payés pour trouver les moyens de rendre les produits de plus en plus fragiles en vue de toujours booster les ventes, générant ainsi maints gaspillages et autre frénésie consumériste.
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