Proposition intéressante, à laquelle j’adhère a priori.
D’une part, le pourcentage de divorces par rapport au nombre de mariages scellés un jour de liesse par l’Etat Civil voire une pratique religieuse (laquelle est le plus souvent, comme le baptême, la communion et autres fêtes rituelles telles que ce Noël qui approche, davantage une occasion de bombances qu’une véritable démarche de foi), pose la question de savoir si cette « signature au bas d’un parchemin », comme disait ce poète qui gît à Sète, est bien une garantie de viabilité de l’union.
D’autre part, puisque grâce à Dieu (!) nous vivons en République, chacun a encore le droit, jusqu’à plus ample informé, de vivre comme il l’entend sa vie, son couple, sa sexualité, sa philosophie, sa religion, son orientation politique, ses goûts artistiques, tout ça en principe dans le respect de la laïcité, de la tolérance et de la liberté d’autrui.
Tertio, les attaques haineuses de soi-disant catholiques (du grec καθολικος : universel - arf, on en est loin) envers les aspirants au mariage homosexuel me semblent être en contradiction avec l’enseignement de leur propre Maître, qui disait à une femme sur le point d’être lapidée : « Moi non plus, je ne te condamne pas ». Lequel disait aussi : « Rends à César ce qui est à César », autrement dit : occupe-toi de ton cheminement spirituel avant de te mêler des affaires civiles. Comprenne qui a des oreilles pour entendre.
Cela dit, pourquoi vouloir à toutes fins se marier devant l’Etat Civil (j’imagine que les couples homosexuels croyants ont déjà compris qu’ils n’auront pas droit aux bénédictions de leurs maîtres à penser) ? Pour la fondation d’une famille reconnue ? Bien des couples hétéros, décomposés, recomposés, re-re-composés, fondent famille sans avoir jamais eu à se marier. Besoin de se prêter serment devant témoins ? Déjà, il n’est nul besoin de témoins pour se prêter serment, on peut faire ça dans la plus stricte intimité, à commencer face à soi-même. Envie de faire la fête ? Là aussi, ça peut se faire sans le concours de Monsieur le Maire, la fête n’en sera pas moins joyeuse si elle est d’ordre privé.
Restent les motivations pratiques et tout aussi légitimes. Plutôt que de promettre l’officialisation du mariage gay pour caresser dans le sens du poil un intéressant électorat, il me semble que notre nouveau président et surtout son équipe de conseillers auraient dû plancher sur les améliorations administratives du PACS entre autres, mais surtout sur la question éthique du droit d’adoption (qui, quand, pourquoi, dans l’intérêt de l’enfant, ce qui touche toute personne en manque d’amour filial, homo autant qu’hétéro), la question éthique de la procréation assistée, la mère porteuse ou le père donneur ont-ils un rôle à jouer dans l’intérêt de l’enfant, dans son développement, son équilibre affectif et social ?)... Nous n’avons vu là que démagogiques et hâtives promesses électorales qui nous mènent aujourd’hui dans un débat aussi vain, imbécile et rétrograde que haineux. On sent pas loin la fumée des bûchers...
Gardons à l’esprit que cette institution apparue dans une lointaine antiquité (célébrée par des chamanes avant qu’on ne leur donne le titre de prêtres) avait pour première vocation, ainsi que l’interdit d’adultère, d’éviter la consanguinité, mortifère pour la tribu.
Dès lors, abolition du mariage tel que nous le connaissons, du moment que les registres sont tenus à jour, pourquoi pas ? Ça n’empêchera jamais les couples de se former ni de s’aimer, ni de procréer, l’avenir de l’humanité n’en pâtira pas vu que les valeurs humaines ne se transmettent pas uniquement par les gênes, grâce à Dieu (!)