A l’origine, au sens étymologique, l’euthanasie c’est la bonne mort, donc quelque chose de bien. Puis le mot a pris une connotation plutôt négative et en est venu à s’identifier exclusivement à l’euthanasie active directe avec ou sans la volonté du sujet. On pense tout de suite au fait de tuer un patient. C’est pourquoi l’expression « aide à mourir » est préférable.
Dans des pays de tradition libérale, où prime la notion d’autonomie de la personne, ce qui importe c’est le degré de consentement des patients. C’est pourquoi la majorité des Européens sont en faveur d’une dépénalisation de l’aide à mourir, parce qu’ils considèrent que la maîtrise de sa propre vie a une valeur fondamentale et que cela englobe la possibilité de décider de sa propre mort. Comme disait Socrate, l’important est moins de vivre que de vivre bien.
Quels sont les arguments contre l’aide à mourir ?
Il y a les raisons religieuses. On trouve quelque part dans le Deutéronome : « C’est moi qui suis Dieu, qui donne la vie et qui le reprends. »
Les raisons religieuses sont valables et même inattaquables, mais nous vivons dans la tradition libérale, héritée du siècle des Lumières. Nous ne pouvons pas invoquer cette tradition religieuse pour interdire l’euthanasie au niveau de la société. Il faut trouver d’autres arguments. Il y a l’argument dite de la pente savonneuse : si l’on commence à légaliser l’euthanasie, jusqu’à où ira-t-on ? dit-on. Le nazisme n’est pas loin ! Mais l’argument n’est pas excellent. D’une part parce que le rôle de la loi est justement de tracer les limites à ne pas dépasser, et d’autre part parce qu’il n’a jamais été question de pratiquer une euthanasie contre la volonté des personnes. Il apparaît difficile d’interdire ce qu’on estime bon au nom de conséquences mauvaises qui restent des hypothèses. Si l’on dépénalise l’aide à mourir en certaines circonstances bien définies par la loi, on n’oblige personne à faire quoi que ce soit. On donne une liberté négative. Avec des garde-fous. Aussi chaque médecin aurait le droit de refuser une aide à mourir pour des raisons personnelles.