@ auteur
Je ne peux que vous conseiller de lire M. Kundera : « éloge de la lenteur »...
Extrait :
Je conduis et, dans le
rétroviseur, j’observe une voiture derrière moi. La petite lumière à
gauche clignote et toute la voiture émet des ondes d’impatience. Le
chauffeur attend l’occasion pour me doubler ; il guette ce moment comme
un rapace guette un moineau. Véra, ma femme me dit : « Toutes les
cinquante minutes, un homme meurt sur les routes de France. Regarde-les
Tous ces fous qui roulent autour de nous. Ce sont les mêmes qui savent
être si extraordinairement prudents quand on dévalise sous leurs yeux
une vieille femme dans la rue. Comment se fait-il qu’ils n’aient pas
peur quand ils sont au volant ? » Que répondre ? Peut-être ceci :
l’homme penché sur sa motocyclette ne peut se concentrer que sur la
seconde présente de son vol ; il s’accroche à un fragment de temps coupé
et du passé et de l’avenir ; il est arraché à la continuité du temps ;
il est en dehors du temps ; autrement dit, il est dans un état d’extase ;
dans cet état, il ne sait rien de son âge, rien de sa femme, rien de
ses enfants, rien de ses soucis et, partant, il n’a pas peur, car la
source de la peur est dans l’avenir, et qui est libéré de l’avenir n’a
rien à craindre. La vitesse est la forme d’extase dont la révolution
technique a fait cadeau à l’homme. Contrairement au motocycliste, le
coureur à pied est toujours présent dans son corps, obligé sans cesse de
penser à ses ampoules, à son essoufflement ; quand il court, il sent
son poids, son âge, conscient plus que jamais de lui-même et du temps de
sa vie. Tout change quand l’homme délègue la faculté de vitesse à une
machine : dès lors, son propre corps se trouve hors du jeu et il
s’adonne à une vitesse qui est incorporelle, immatérielle, vitesse pure,
vitesse en elle-même, vitesse extase.
...
Je
regarde dans le rétroviseur : toujours la même voiture qui ne peut me
doubler à cause de la circulation en sens inverse. A côté du chauffeur
est assise une femme ; pourquoi l’homme ne lui raconte-t-il pas quelque
chose de drôle ? Pourquoi ne pose-t-il pas la paume sur son genou ? Au
lieu de cela, il maudit l’automobiliste qui, devant lui, ne roule pas
assez vite, et la femme ne pense pas non plus à toucher le chauffeur de
la main, elle conduit mentalement avec lui et me maudit, elle aussi.
13/02 12:40 - C’est Nabum
13/02 12:30 - rige
Que d’aigreur dans cette article !!! Une frustration de ne pouvoir vous offrir une de (...)
02/01 15:01 - C’est Nabum
01/01 20:52 - C’est Nabum
01/01 19:01 - C’est Nabum
01/01 11:44 - Vipère
C’est Nabum Sans doute ai-je été maladroite, dans mon emportement à vouloir réhabiliter (...)
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