Maintenant sur la question particulière de Canaan il est encore deux points qui obligent à ouvrir - c’est vital selon la respiration même du texte comme corpus en totalité - qui obligent à ouvrir sur le métaphorique :
D’abord cette contradiction continue entre des moments où il est exigé la séparation totale, absolue et le massacre total de Canaan, par rapport à d’autres, notamment en Juges, où l’insistance est portée sur la cohabitation pacifique avec Canaan voire surtout le mélange (cf. aussi genèse 38 sur Juda, à part donc Zebulon).
De plus, le propre de Canaan n’est-il pas avant tout de passer ses enfants au feu ? Or cela n’est-il pas le reproche numéro un dont sont accusés les souverains même d’Israël et de Juda au 2e livre des Rois ?
On voit donc bien que les délimitations vis-à-vis de Canaan ne sont pas très claires :
Il est à la fois le très lointain et le dehors,
ainsi que le très proche et le dedans...
Que Flaubert en son pire Salambô - pourtant si éloquent - ait choisi de nous dessiner un haut fourneau, ne résout pas pour autant la question de savoir ce qu’il en est de cette affaire de « passer ses enfants au feu » ; mais peut-être que le verbe « cana’a » nous donne cette clef d’une exposition à une violence démesurée, ou encore l’Hymne homérique à Démeter qui nous met en scène un comportement clair de ce type. Doit-on pour autant abandonner la lecture selon la métaphore de cette Déesse Terre qui plonge l’enfant dans le feu pour le renforcer...