@ Skirlet :
Je vous réponds tardivement, j’étais occupée. Je veux bien reconnaître que je n’ai pas vos connaissances en histoires des langues. Mais j’ai appris le français (langue maternelle), l’allemand, l’anglais, le russe, l’italien, l’espagnol, et quelques bribes de polonais et d’arabe classique. Par goût, simplement. Je pense donc pouvoir assez légitimement disposer de critères de « facilité », au moins sur le plan personnel, et encore, je pourrais ajouter à cette expérience de nombreuses autres isssues de nombreux voyages que j’ai effectués (j’entends aussi le créole réunionnais). Je ne me félicite en rien, ni ne me targue, d’avoir développé cette passion pour les langues, pour le français en premier lieu, lieu de ma parole et de ma famille. L’allemand fut ma deuxième langue.
1. Laissez-moi la liberté de reprocher à l’espéranto son absence de musicalité à mon oreille, habituée aux sons plus harmonieux, selon mon gôut, des langues que je viens de vous citer, lesquelles ont exprimé leur quintessence notamment chez Rilke, Goethe, Marina Tvetaïeva traduite par Eve Malleret et non Elsa Triolet, Anna Akhmatova, Maïakovski, Dostoïevski, Calvino, Borges, Cortazar, excusez-moi de ne pas les citer tous, je ne suis pas en recherche exhaustive sur Google.
2. La grâce musicale, ma chère, demeure un critère personnel, sans doute très éloigné de la langue babélienne unique que vous estimez supérieure à toutes les autres. Je tiens à mes critères, qui ne vous concernent pas, et je maintiens que l’espéranto, pour lequel on m’a déjà demandé de prêter une oreille attentive, ne convient pas à mon tympan, ni à mon oeil quand je le vois écrit. Parlez-le si vous le souhaitez.
3. L’universalité de l’anglais ne constitue pas pour moi un crime de lèse-contre-empire américain. Il y a probablement chez vous un hérissement politique que je peux comprendre, n’étant pas « bushiste », ce qui ne m’empêche nullement de pratiquer cette langue et de l’apprécier. En Amérique centrale, je parle espagnol. En Italie, Italien, etc. Et ne vous en déplaise, le langage des signes est très efficace également. Mes amis du monde ne se sentent pas, que nous sachions, mis à l’épreuve par le fait que je ne parle pas parfaitement leur langue.
4. Je suis tout à fait prête à découvrir des poètes de l’espéranto, c’est vous dire à quel point j’aime l’effort linguistique. Simplement, ils n’auront jamais la charge historique de ceux que j’aime, et cette profondeur infinie que le temps, qui les a épargnés, leur donne.
5. Autant je me bats contre le communautarisme, autant j’entends continuer à chérir les langues du monde et faire l’effort de les apprendre.