« Secundo : des prêtres fonctionnaires qui n’auraient pas entre eux de rivalités religieuses et qui adoreraient tous les dieux de l’Egypte dans une unanimité touchante ? Je ne souscris pas à cette thèse car elle est en contradiction avec les faits. »
Ce n’est pas une thèse, c’est un fait. Pour comprendre comment les anciens égyptiens l’abordaient et témoignaient de leur vie quotidienne et de leur foi, voir par exemple Edward Wente, Letters in Ancient Egypt. Il y a des lettres de prêtres notamment. Voir aussi, je recite une nouvelle fois, Serge Sauneron, Les prêtres dans l’Egypte ancienne, François Daumas, Hymnes et prières en Egypte ancienne, et les livres d’Isabelle Franco.
« Si le pharaon de Thèbes a chassé les Hyksos d’Egypte, c’est parce qu’il était soutenu par le clergé d’Amon et grâce aux relations qu’avait ce clergé, y compris dans l’armée. »
Cette justification n’est pas nécessaire. Il n’y a pas de séparation de la religion, de l’Etat et de l’armée en Egypte ancienne. La XVIIe dynastie était vassale de la XVIe dynastie Hyksos. Kamosis a lancé une guerre de libération, qu’a continué avec succès son successeur Ahmosis. Sur cette guerre, nous avons la chance de disposer d’une information de première main, l’autobiographie qu’un soldat, Ahmès fils d’Abana, a fait graver sur son tombeau d’El Kab. Sur les motifs idéologiques de la guerre et la propagande officielle égyptienne à son sujet, nous disposons d’un conte sur papyrus : la querelle de Séqenenrê et d’Apopis.
« Si Moïse a été chassé d’Egypte, c’est parce qu’il était membre du clergé d’Osiris en Basse Egypte, région sur laquelle les Hyksos avaient régné avant d’en être expulsés. »
Raccourci erroné. Même à prendre comme hypothèse votre postulat (Moïse prêtre d’Osiris, Flavius Josèphe le farceur ne dit seulement qu’il était prêtre et qu’il avait un nom théophore qui contenait le nom d’Osiris), le culte d’Osiris n’a fait l’objet d’aucune persécution, comme on peut le voir dans les tombeaux des rois à Thèbes. Ahmosis a notamment rénové un cénotaphe à Osiris à Abydos. Les Egyptiens n’ont pas reproché un culte ou un autre aux Hyksôs, mais au contraire d’avoir négligé les cultes : voir l’inscription d’Hatshepsout au Spéos Artémidos.
« Sauf au temps d’Akhenaton, les clergés ont toujours lutté entre eux par pharaons interposés pour donner la prééminence à leurs dieux respectifs, Amon ou Ré, Amon contre Ré, »
Une preuve ou un indice de ce que vous avancez ? Amon et Rê sont joints dans la forme Amon-Rê. D’ailleurs, quand on parle d’Amon pour l’époque du Moyen ou du Nouvel Empire, c’est souvent un raccourci pour dire Amon-Rê. Voir Claude Traunecker, Les dieux en Egypte ancienne, collection Que Sais-Je. Il n’y a justement qu’au temps d’Akhénaton où l’on trouve une lutte religieuse, car ce qui est révolutionnaire dans le monothéisme, c’est qu’il ne supporte pas une pensée plurielle.