Bonjour claude bonhomme,
je trouve cet article aussi intéressant que subtil.
Je note : « toute structure de la répartition de la richesse ... sont le produit d’un
système institutionnel, d’un ensemble de dispositions législatives et
juridiques qui sont un choix politique et qui ont pour effet de dire
quelles sont les capacités des différents acteurs économiques et sociaux
à attirer à eux une part plus ou moins importante des richesses
produites. »
L’expression « Attirer à eux une part des richesses produites » me parait trop connotée pour exprimer la réalité des choses. Plus exactement, c’est l’expression « richesses produites » qui est trop vague, puisqu’il désigne si je ne m’abuse, autant les biens et services que les profits ou plus exactement, les « plus-values ». Encore que, dans le domaine de l’industrie financière, puisqu’il s’agit de spéculation pure dans un jeu à somme nulle on ne peut guère parler de plus-values.
Ce que je veux dire c’est ceci : par ses prélèvements, l’État ne s’approprie pas une part des richesses produites, mais se réserve le droit de choisir l’affectation de ces richesses. Nuance. Autrement dit, l’Etat est le garant de la collectivité, de la chose commune, de nos biens et propriétés collectifs, par opposition à la privatisation, ce processus rédhibitoire dont le marché est la machine.
Et puisque vous avez cité Lordon, à mon tour, permettez moi de citer ceci : « De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Avant l’État fiscal, il y a eu la servitude féodale… et après lui il y a la prédation actionnariale. …Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera au passage qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations. » (Frédéric Lordon)