@Jacques Isnardi
Parmi les hétérosexuels civilisés, il doit être rarissime que les gens se marient avant d’avoir couché ensemble. Après les guerres, des femmes se sont quelquefois retrouvées à vivre avec un mari qui avait perdu son matériel viril. Ce sont des situations qui n’ont rien de bien drôle et il faut espérer qu’elles auront su trouver des compensations, mais jamais une femme n’épousera sciemment un impuissant. Au reste, vous savez bien qu’autrefois, l’impuissance était une cause possible d’annulation du mariage. Au moyen-âge, le mari incriminé était prié de faire la preuve de sa virilité devant témoins. S’il n’y arrivait pas, il était dé-marié. La stérilité a brisé aussi bien des mariages, du moins dans les familles princières. Voyez le cas de Napo.
L’impuissant, s’il est un peu intelligent, ne va pas crier sur les toits son infortune. Elle n’est certes pas déshonorante mais elle est un peu ridicule et fait partie de ces choses qui ont toujours excité la verve des auteurs de vaudevilles, tout comme l’infortune des cocus. Ceux-ci sont en beaucoup plus grand nombre que les homosexuels. Les voit-on se plaindre ? Jamais. Aucune association de cocus n’a jamais été déclarée. Jamais les cocus n’ont manifesté dans la rue. Ils savent que cela ferait rire. Ils sont pourtant infiniment moins ridicules que les homosexuels. Le cocu n’est pas immédiatement ni visuellement comique, il faut une situation qui fasse apparaître diachroniquement le fait qu’il est une dupe. Mettez en revanche deux gaillards un peu rougeauds et bedonnants dans une mairie - on a vu ça - en train de roucouler et de se rouler un palot à la manière des amoureux du roman de gare ou du roman-photo, si vous n’y voyez rien qui ressemble aux fantaisies de Néron ou d’Héliogabale et plus simplement à du mauvais goût vulgaire et grotesque, c’est un peu inquiétant.