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Commentaire de rocla (haddock)

sur Marseille, capitale européenne de la culture...


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rocla (haddock) rocla (haddock) 14 janvier 2013 19:30

Panisse - Ah ah ah, eh ben quoi, c’est à toi...

Escartefigue - Eh, je le sais bien, mais j’hésite.

César - Et alors, tu vas hésiter comme ça jusqu’à demain ?

Monsieur Brun - Allons, capitaine, nous vous attendons.

Escartefigue - Eh, c’est que la chose est importante. Ils ont 32, et nous, combien nous avons ?

César - 30.

Monsieur Brun - Nous allons en 34.

Panisse - C’est ce coup-ci que la partie se gagne ou se perd.

Escartefigue - C’est pour ça que je me demande si Panisse coupe à coeur.

César - Eh, si tu avais fait attention au jeu, tu le saurais si y coupe à coeur. Mais tu fais jamais attention.

Panisse - Ne te gêne plus ! Montre-lui ton jeu, pendant que tu y es !

Monsieur Brun - En tous cas, nous jouons à la muette. Il est défendu de parler.

Panisse - Et si c’était une partie de championnat, tu serais déjà disqualifié.

César - Écoute, Panisse, moi j’en ai fait plus de dix, des parties de championnat, et j’ai jamais vu une figure comme la tienne.

Panisse - Oh, toi, tu es perdu. Les injures de ton agonie ne peuvent pas toucher ton vainqueur.

César - Ton vainqueur... Regarde-le, celui-là... On dirait la statue de Victor Gelu !

Panisse - Je te répète que quand on joue on ne doit pas parler. Même pour dire bonjour à un ami.

Escartefigue - Mais je dis bonjour à personne. Je refléchis.

Panisse - Eh bien refléchis en silence.

César - Il a raison, tu n’as pas besoin de parler... (signes)

Panisse - Et puis je te prie de ne pas lui faire de signes. Tu ne dois regarder qu’une seule chose : ton jeu. Et toi aussi... Si vous continuez à faire des grimaces, je fous les cartes en l’air et je rentre chez moi !

Monsieur Brun - Ne vous fâchez pas, Panisse, ils sont cuits !

Escartefigue - Moi, je connais très bien le jeu de la manille, et je n’hésiterais pas une seconde si j’avais la certitude que Panisse coupe à coeur.

Panisse - Ils continuent à faire des grimaces ! Tenez, monsieur Brun, surveillez Escartefigue, moi je surveille César.

César - Comment, tu me fais ça à moi, un camarade d’enfance à toi ? Je te remercie.

Panisse - Oh, je t’ai fait de la peine, je te demande pardon.

César - Non, tu me fais plaisir ! Tu me surveilles comme si j’étais un scélérat, un bandit de grand chemin. Tu me fais plaisir, merci... Tu me fends le coeur...

Panisse - Allons, César...

César - Y a pas d’allons César. Tu me fends le coeur... J’ai le coeur fendu par toi... Tu me fends le coeur... Et alors, nous ne jouons plus ? A moi y me fend le coeur, à toi y te fait rire, alors, à toi y te fait rire ?

Escartefigue - Ah ! Très bien, compris ! Té, coeur, hé !

Panisse - Est-ce que tu me prends pour un imbécile ? Tu as dit : « Y me fend le coeur » pour lui faire comprendre que je coupe à coeur... Et alors il joue coeur, parbleu ! Tiens, tiens, les voilà, tes cartes, hypocrite, tricheur ! Je ne joue pas avec un grais. Siou pas plus fada que tu, sas ! Faut pas m’y prendre por un aoutré. Siou Mestre Panisse. Et sies pas prou fin per m’aganda. Tu me fends le coeur, tu me fends le coeur...

César - Tout de même, ce Panisse, qué caractère !

Monsieur Brun - Cette fois, je crois qu’il est fâché pour de bon !

César - Il a tort, monsieur Brun.

Monsieur Brun - Il a eu tort de se fâcher, mais vous avez eu tort de tricher.

César - Écoutez, monsieur Brun, si on peut plus tricher entre amis, ben c’est pas la peine de jouer aux cartes, alors... En attendant, il s’est arrangé pour vous laisser les consommations à tous les deux.

Monsieur Brun - Comment à tous les deux ? à tous les trois...

César - Qui ça tous les trois ?

Monsieur Brun - Nous jouions ensemble... Vous, moi, et le capitaine.

César - Le capitaine ? Qué capitaine ?

Escartefigue - Eh ! Moi !

César - Ah ! Escartefigue, le capitaine,du ferry boate ! Ah bon... Et si nous faisions une manille aux enchères pour savoir qui paie les consommations ?

Escartefigue - D’accord. A qui à faire ?

César - À toi, eh, capitaine.

Escartefigue - Allez, coupe, César.

César - Allez joue. 30.

Monsieur Brun - 31.

Escartefigue - Dis César, qui est-ce la maîtresse de Marius ?

César - Oh je n’en sais rien, nous n’en avons parlé qu’une fois, comme ça, vaguement, j’ai pas insisté tu comprends. C’est des choses délicates ça. Il est grand ce petit. 32... Seulement moi je soupçonne que c’est la femme d’un navigateur.

Escartefigue - Pourquoi ?

César - Parce qu’il va passer toute la nuit chez elle, ça prouve que le mari ne rentre pas tous les soirs. 35.

Monsieur Brun - 36.

Escartefigue - 37.

César - Et puis... 37 ? Et puis tout le monde sait bien que c’est dans la marine qu’il y a le plus de cocus. 40.

Escartefigue - Comment ?

César - Je dis : tout le monde sait bien que c’est dans la marine qu’il y a le plus de cocus. Tu entends pas ? 40, par 4.

Qu’est-ce qu’il a ? Tu mets la veste, tu as froid ? Mais qu’est-ce qu’il a ? Qu’est-ce que vous lui avez fait, monsieur Brun ?... Ah, c’est parce que j’ai dit que dans la marine y avait... Eh bien, je t’ai fait de la peine, je te demande pardon.

Escartefigue - Et à qui tu demandes pardon ? Au marin, ou au cocu ?

César - Eh à tous les deux, voilà...

Escartefigue - Et tu crois qu’il suffit de t’excuser en souriant ?

César - Oh, je t’en prie, Félix, ne te fâche pas. Je sais très bien que si tu es cocu, c’est pas de ta faute. Mais tout le monde le sait que tu es cocu, c’est pas un mystère.

Escartefigue - Monsieur Brun ne le savait pas !

César - Et c’est lui qui me l’a dit, voyons ! Et puis à Marseille, quand on parle d’un cocu on dit Escartefigue !

Escartefigue - Bon, que je sois cocu, ça te regarde pas. Mais je te défends d’insulter la marine française. Et après la phrase que tu viens de prononcer, je ne peux plus faire la partie avec toi.

César - Mais écoute Félix...

Escartefigue - Je n’écoute rien. Je me présenterai ici demain matin pour recevoir tes excuses. Bonsoir monsieur Brun.

Monsieur Brun - Allons, capitaine...

César - Bon, tu veux des excuses, eh bien moi je te les fais tout de suite, là...

Escartefigue - Non. J’exige des excuses refléchies. Il faut que tu te rendes compte de la gravité de ce que tu as dit.

César - Mais Félix ne sois pas bête par-dessus le marché.Mais c’est des paroles en l’air, ça. Moi j’ai pas l’intention d’insulter la marine française. Je l’admire, la marine française, moi je l’aime !

Escartefigue - Il se peut que tu aimes la marine française. Mais la marine française te dit merde.

Monsieur Brun - Oh...

César - Mais qu’est-ce qu’il a voulu dire par là ? Monsieur Brun, moi je vais vous le dire : Escartefigue, c’est un grossier.

et être disqualiffffié c’ est énorme 

 


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