Où sont les hommes ?
L’auteur du Premier sexe nous dit qu’il est grand temps de s’affoler, sans quoi les homos vous rendront folles. Pour Eric Zemmour, les hommes virils constituent une espère en voie d’extinction... Il y a des signes qui ne trompent pas : les hommes prennent soin de leurs corps en achetant des déodorants, des parfums et même des crèmes hydratantes. Plus choquant encore, les média véhiculent une nouvelle image de l’identité masculine : les hommes expriment mieux leurs émotions et soutiennent les femmes dans leur conquête du monde politique. Rappelons quelques faits à Monsieur Zemmour pour le rassurer sur la survie des « vrais » hommes : en 2006, en France, une femme meurt tous les quatre jours des suites de violences conjugales, et les hommes qui les tabassent ne souffrent pas du phénomène de dévirilisation diagnostiqué par Eric Zemmour. D’autre part, ce n’est pas parce qu’un hétéro se fait épiler ses poils du dos qu’il est incapable de donner du plaisir à une femme. Souhaitons qu’Eric Zemmour sorte un peu de chez lui et ouvre les yeux dans le métro, à Auchan ou en banlieue : le métrosexuel reste un épiphénomène, les hommes continuent d’adhérer à une vision traditionnelle de la virilité, se retournent sur les belles femmes et veulent que leurs fils fassent du foot ou du judo plutôt que de la danse. La vérité est ailleurs : Eric Zemmour ne croit pas une seule ligne de son livre imbécile, il sait par contre qu’il y a une angoisse collective face à l’évolution des identités masculines et féminines et se fait de l’argent facile en proposant à ses lecteurs une vision régressive et binaire des rapports entre les sexes. En attendant, ça ne fait pas très macho de pleurnicher sur la disparition des mecs virils, mais on n’est plus à une contradiction près...
Alain Tap