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Commentaire de Christian Labrune

sur La guerre contre le terrorisme international est-elle perdue d'avance ? Chronique d'une défaite annoncée


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Christian Labrune Christian Labrune 18 janvier 2013 20:05

@lamouchequipanse

Si je force le trait, c’est tout à fait délibérément, et parce que j’aime bien appeler un chat un chat. Il est très clair que beaucoup de musulmans en France, il y a vingt ans, se réclamaient de l’islam comme la plupart des gens qui font encore baptiser leurs enfants et se font enterrer à l’église peuvent encore se réclamer du christianisme : par tradition familiale et sans y rien comprendre. Les « chrétiens » ignorent tout du symbole de Nicée et des subtilités d’une théologie dont ils sont les premiers surpris quand on essaie de la leur expliquer. Ces sortes de croyances superstitieuses font une « religion » qui n’en est pas une, et des plus supportables dans n’importe quelle société : le doute et la foi y font très bon ménage et aucun fanatisme n’en résultera jamais. Je n’hésiterais pas, étant athée autant qu’on peut l’être, à donner de l’argent pour construire des églises et des mosquées pour ces gens-là.

Les choses deviennent préoccupantes lorsque la religion est prise au sérieux et que le poids du conformisme communautaire commence à régenter autoritairement la vie de tout un chacun et à lui imposer des contraintes imbéciles. Si vous servez de la barbaque à un chrétien ordinaire que vous avez invité à dîner un vendredi, ça ne risquera guère de le plonger dans un grand embarras, et mes élèves de lycée ne m’ont jamais parlé non plus du ramadan pour s’excuser de leurs difficultés d’attention en classe avant le milieu des années 90. Par la suite, c’est devenu constant.

Il y avait en France, il n’y a pas si longtemps, d’un côté le Coran et ses impositions, et de l’autre côté la vie quotidienne qui n’en tenait pas vraiment compte. C’est ça qu’on pourrait appeler une religion « des lumières », c’est-à-dire quelque chose qui n’est plus vraiment une religion mais un vague déisme qui reste très tolérable pour tout le monde.

Le wahhabisme, made in Arabie Saoudite, qui se répand en France à grande vitesse, est donc, je le maintiens, le véritable islam. Vous me direz sans doute que les décideurs Saoudiens qui tirent les ficelles ne sont probablement pas des saints, ne crachent pas sur le whisky et ne sont pas beaucoup moins corrompus que les « terroristes » du Mali qui veulent imposer la charia et se cachent derrière la morale hypocrite de leur islam radical pour dissimuler les pires trafics. Mais je vous demanderai s’il en a jamais été autrement lorsqu’il s’est agi d’utiliser une religion pour opprimer le petit peuple. Les papes du XVIe siècle, Alexandre VI par exemple, étaient de remarquables politiques mais certainement pas des saints.

On assiste, dans nos pays européens, à une véritable entreprise de fanatisation dont les premières victimes sont déjà, de fait, les musulmans, lesquels n’ont pas la moindre idée du processus de manipulation dont ils sont l’objet.

Il est très facile de s’en rendre compte. Récemment, en Belgique, un « Parti islam » qui venait d’obtenir deux députés et qui prétend régulièrement transformer ce charmant pays en république islamique plaidait aussi pour l’application de la charia. J’étais allé faire un tour sur le site Oumma.com. Quelques intervenants munis d’un cerveau faisaient remarquer qu’un pareil activisme constituait probablement la meilleure manière de nuire à l’ensemble des musulmans de Belgique. Très peu d’interventions soutenaient explicitement le « Parti Islam » et ses revendications surréalistes, mais chaque intervention pouvant faire l’objet d’un vote, on se rendait très vite compte que les très rares soutiens explicites recueillaient un nombre d’approbations tout à fait considérable. Si vous voulez vous faire une idée de ce type de climat, consultez donc un peu ce site. Je suppose que sur les événements actuels au Mali, ce sera très croustillant. Je n’ai pas encore vérifié.

Il n’y a pas de christianisme « modéré ». Celui que nous connaissons en dehors de Saint-Nicolas du Chardonnet n’est pas modéré, il est carrément mort. S’il n’était pas mort, si les chrétiens continuaient de croire au péché, à la virginité de Marie, à la divinité du Christ, à la parousie et à la vie éternelle, le clergé continuerait de vouloir régenter le temporel comme il l’a fait en France jusqu’à l’époque des Lumières. Pour les mêmes raisons, il ne peut pas non plus exister un « islam modéré », mais seulement un islam mort, celui qu’on connaissait en France il y a trente ans. Une femme remarquable, Wafa Sultan, qui est née dans l’islam et à fini par le fuir comme la peste, nie qu’il puisse exister un islam qui ne soit pas cette religion de haine et de violence que génèrent la plupart des pages du Coran. « C’est l’islam qui est le problème », dit-elle, et non la diversité d’interprétations plus ou moins radicales.

Ce que je pense, c’est que cette vision tout à fait réaliste des choses est en train de prévaloir. L’intervention au Mali en est la preuve. C’est une guerre contre un islam ressuscité qui ne tolère rien et qu’aucun peuple ne peut tolérer. De la Tunisie à la Turquie, si les choses continuent ainsi, c’est une énorme menace pour la démocratie et la civilisation qui est en train de se développer. Nous ne pouvons pas tolérer l’infiltration en Europe de ce type de fanatisme médiéval. On parle pour l’instant de « terroristes » ; le Président du CFCM rend même grâce à Hollande d’avoir utilisé cet euphémisme, mais c’est à peu près comme lorsqu’on parle des non-voyants pour désigner les aveugles. Personne n’est dupe.


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