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Commentaire de

sur Pas de fumée sans feu


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(---.---.177.9) 10 février 2007 13:43

Malaise dans la démocratie.

Je suis fumeur mais aussi citoyen. Cette loi a été votée par un parlement élu démocratiquement. Elle entre donc dans le droit. En tant que citoyen, j’essaye autant que possible de respecter le droit. Donc comme la majorité des fumeurs, je respecterais cette loi.

On peu toujours discuter du bien fondé de cette loi d’un point de vue scientifique, mais je pense que la question de fond est ailleurs et c’est là que je ressent, comme beaucoup d’intervenants ici, un malaise certain.

Il semble que l’on assiste dans beaucoup de domaines et de façon plus en plus nette à une assimilation ou une confusion du droit avec la morale. Le droit formalise des lois qui permettent aux citoyens de vivre ensemble. La morale édicte des valeurs en terme de bien et de mal. Il semble que beaucoup de fumeurs aient le sentiment, à mon avis à juste titre, d’être jugés d’un point de vue moral, et, de fait on assiste à un glissement généralisé du droit vers la morale, à une régression de l’état démocratique vers une sorte de « théocratie laïque » (excusez l’oxymore, mais il est révélateur, pour l’état en question, d’une tendance fascisante. Orwell qui l’avait bien identifié l’appelais novlangue. Repérer les oxymores dans le discours publicitaire ou politique est une bonne façon de déceler les dérives fascisantes.)

Avoir à titre personnel des convictions morales est une chose, vouloir que ces convictions soient relayées de façon souterraine (car le fond moralisant est toujours occulté par des arguments rationnels) par le droit en est une autre.

Ce phénomène de moralisation de l’espace public n’est pas nouveau mais il était jusque là surtout présent dans des pays à forte tradition puritaine comme les USA ou certains pays du nord de l’Europe. La France et les démocraties latines échappaient encore à cette tendance, et c’est ce qui a mes yeux (et aux yeux de beaucoup d’anglo-saxons) en faisait tout le raffinement culturel et politique. L’actuelle campagne présidentielle, accée sur les « valeurs » et qui prend trop souvent la tournure d’une enquête de bonne moralité entre dans le même mouvement.

PS : Les rapports entre le droit et la morale sont complexes.Je ne suis pas jurite, mais si parmi vous il y a des spécialistes en la matière j’aimerais bien avoir des précisions sur cette question.


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