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Commentaire de Dany-Jack Mercier

sur Rater 40% des cours en maths ou en français depuis septembre


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Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 22 janvier 2013 13:45
@ Christian Labrune

Non, pas surpris, c’est vrai. Et c’est vrai, tout le monde est responsable, comme lorsqu’il s’agit de choix de sociétés. Mais je continue à dire ma désapprobation, cela vaut ce que cela vaut. Pas grave.

En plus c’est vrai, beaucoup de collègues acceptent ces réformes sans broncher, alors qu’en maths on devrait ruer dans les brancards. Et bien non. Je connais par exemple un collègue tout à fait content de suivre les directives actuelles en première et terminale S :

a) Il ne parle plus que d’algorithmique et en fait dès qu’il le peut avec les élèves (même si cela n’apporte rien au discours, voire le rend incompréhensible et incomestible). 

b) Si le programme indique quelque chose de stupide à appliquer, il est le premier à l’appliquer et tance ses autres collègues qui ne le suivent pas, ce qui crée des problèmes quand on est obligé de travailler « ensemble » pour faire passer des épreuves communes par exemple. 
Par exemple « on ne doit pas donner la formule générale permettant d’obtenir la somme des n premiers termes d’une progression arithmétique » mais « la démontrer chaque fois à l’occasion de chaque exercice ». C’est à la mode et demandé par le programme, mais c’est stupide.
Autre exemple : « on ne devra pas donner la règle (si facile à retenir) selon laquelle la limite à l’infini d’un quotient de polynômes est égale à la limite du quotient des termes de plus haut degré » car le programme ne le demande pas, mais « l’élève devra redémontrer cela à chaque fois ». On ne voit pas pourquoi on ne dirait pas ce résultat en cours pour donner des idées et des moyens simples et efficaces de se débrouiller aux élèves, quitte à leur demander de justifier ces calculs de limites dans les épreuves écrites. Il n’y a pas de quoi en faire un plat.

c) C’est un adepte de la progression spiralée que tous les inspecteurs et la nomenclatura demande actuellement d’adopter par les équipes éducatives. Il faut s’interdire de signaler des chapitres ou des thèmes (récemment, j’ai eu l’echo d’un enseignant de lycée qui s’est fait gravement reprocher par son inspecteur le jour de son inspection d’avoir eu l’audace de... faire marquer chapitre 1, puis chapitre 2, et ainsi de suite dans les cahiers de ses élèves ; il y a de quoi mourir de rire, jaune certes), travailler par séquences éparses en mélangeant les sujets, revenir plusieurs fois de suite pour rajouter des touches sur chaque thèmes, mais pas trop, un peu comme on peint un tableau impressionniste ou pointilliste. Pourtant, d’autres collègues que je connais ont fait des sondages sur leurs élèves qui ont horreur de passer ainsi du coq à l’âne à tout bout de champ et demandent plutôt de pouvoir disposer de petits cours structurés qui épuisent raisonnablement le sujet dans le cadre des programmes de la classe. Mais qui se soucie des voeux des élèves ? Certains pédagogues ne s’y intéressent manifestement pas. A chacun de faire un test et de demander à son enfant lycéen s’il préfère un cours spiralé ou une approche plus classique avec des chapitres bien annoncés, ou encore s’il préfère traiter 4 ou 5 thèmes différents chaquer semaine (en pointillisme) ou aborder au plus deux thèmes. Si certains lecteurs posent ces questions et recueillent les réponses, je serai heureux qu’ils me les envoient par mél, car ces réponses m’intéressent (et devraient intéresser beaucoup de monde). J’essayerai de les relayer si c’est possible.

Bon, euh, il faut que je travaille pour mes étudiants maintenant : je vais me lancer dans un résumé de cours sur Thalès qui pourrait aider mes jeunes candidats au CAPES. On a eu 4 admissibles sur 5 dans notre IUFM, et c’est une très bonne nouvelle, mais le barrage de l’oral s’annonce haut à franchir, et on ne fera pas encore le plein cette année au CAPES.
 
Au sujet des postes de maths au CAPES et de ces résultats, vous pouvez aller voir les dernières nouvelles du « front des mathématiques » sur la page MégaMaths sur Facebook, où tout le monde peut réagir et où l’on peut écouter collègues, étudiants, candidats et n’importe quel citoyen... Sur cette page, regardez mon billet : « 1326 admissibles au CAPES mathématiques 2013 pour 1200 postes offerts au concours ».

Bonne journée à vous, djm


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