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Commentaire de L’Ankou

sur Démocratie populaire ?


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L’Ankou 25 janvier 2013 15:26

Ah ? un président aurait « refusé le droit de vote 60 millions de Français » ? Tiens. Moi j’ai toujours le droit de vote. Au passsage, 60 millions d’habitants ne font pas 60 millions d’électeurs, ne serait-ce qu’à cause des mineurs.
« Cette dernière formule (...) illustre (...) le problème du Président de la République, du Gouvernement et de la coalition qui détient le pouvoir législatif. » Ah, oui ? Tiens ! Ah, ben ça nous change du président qui disait « Ce n’est pas la rue qui gouverne » ; « Je ne céderai jamais à la rue » ; « Moi je suis à l’écoute de ceux qui ne manifestent jamais » ; « J’ai été élu pour faire des réformes » !

A) Il n’est pas faux de dire que l’élection se décide sur des programmes : si l’électeur vote pour une personne, c’est une personne soutenue par un parti, une personne qui a reçu ses parrainages, une personnes qui a remporté des primaires dans son camp, une personne au profit de laquelle des milliers de gens compétents ont accepté de ne pas se présenter... Toutes ces conditions ne peuvent être rénunies que par des personnes qui vous jugent bien au delà de la personne, mais aussi en fonction des idées que vous défendez, des compromis que vous pouvez faire pour obtenir leur appui, de celles de leurs idées que vous acceptez d’intégrer à leur programme.

Les engagements de campagnes y sont inclus, évidemment, dont chaque ligne est susceptible à elle seule d’avoir rapporté les voix qui manquaient pour avoir la majorité. Et y compris aussi, évidemment, les rectifications d’entre-deux-tours, exactement pour les mêmes raisons.

Donc toutes ces promesses sont également importantes, et si certaines n’étaient peut être pas réaliste ou atteignables, celle du mariage pour les personnes de même sexe n’en fait pas partie. Il n’y a donc aucune excuse à ne pas tenir cet engagement.

Bien sûr que les électeurs se sont repliés au deuxième tour sur un choix par défaut. Mais ce n’est pas parce qu’un choix est par défaut qu’il ne faut pas l’assumer.

Dire que la majorité des Français n’a pas ratifié, par son vote, le programme de Monsieur Hollande relève donc d’une incompréhension de nos institutions, des logiques politiques et de la démocratie majoritaire. S’appuyer sur cette faute de compréhension pour dire qu’il faut appliquer les idées du candidat qui a perdu, c’est juste du foutage de gueule. C’est se foutre ouvertement de la gueule du peuple souverain qui s’est prononcé par trois fois dans ce sens, puisque le camp qui soutient le programme est majoritaire à l’Elysée, à l’Assemblée et au Sénat. Mais bon, je ne voudrais pas vous offusquer... c’est juste que votre titre me faisait croire que vous défendiez le respect du droit de vote.

B) Ne pas accomplir le programme sur lequel on a été élu, est-ce grave ? Dans une dictature, non. Merci d’avoir posé la question. Dans une dictature, ou un régime autoritaire de type Napoléonien, mais ça marche aussi dans la Russie Soviétique ou l’Italie Mussolinienne, on désigne un CHEF, et après il fait ce qu’il veut. C’est sûr que le précédent a été élu un peu avec cette logique. Heureusement que les électeurs ont changé, hein ?

Dès lors, déononcer une « posture idéologique » pour réclamer qu’un élu ne tienne pas ses promesses, c’est ça qui est curieux. Voire très suspect quand ça vient de l’opposition.

C) Réponse à la petite incise : si le programme électoral d’un candidat à la Présidence était suffisant, il ne fait certainement pas l’économie d’un Parlement (Assemblée Nationale + Sénat), puisqu’il y a toujours la possibilité que le peuple ne donne pas tous les pouvoirs au même camp. Ca s’appelle une cohabitation. C’est vrai qu’on est passé au quinquennat justement pour éviter les cohabiitation. Qui a eu cette idée géniale de cette réforme ? Vous vous en souvenez ?

D) Il me semble à l’heure où vous écrivez ces lignes, l’assemblée nationale a intauré une commission pour recevoir et entendre en auditions toutes les parties en présences, y compris les reliigions y compris chrétiennes, les associations y compris de défense de la famille, et des spécialistes divers, y compris des psychologues très réticents sur le mariage pour tous. La position des opposants est maintenant connue et analysée. Elle s’avère tellement infondée, reposant sur des préjugész, des fantasmes, une méconnaissance de la loi et une néophobie réactionnaire que les députés sont maintenant convaincus qu’il faut faire cette réforme. Y compris plusieurs députés UMP.

Ce n’est pas le tout de vouloir se faire entendre : encore faut-il avoir raison. Dans le cas contraire, on peut toujours prétendre n’avoir pas été entendu parce que ça permet de se plaindre, de ne pas se remette en question et de faire passer l’autre pour un sourd, mais la vérité c’est que c’est bon, on vous a entendu. Au bout d’un moment, ce n’est pas à force de répéter une connerie qu’on en fait une vérité.

Pour ce qui est de ne pas être reçu par les autorités, de s’en plaindre et de recevoir une explication cinglante, justifiée et méritée, je ne résiste pas au plaisir de vous renvoyer aux échanges entre l’IPJ et le président de l’Union Syndicale des Magistrats :
http://www.maitre-eolas.fr/post/2012/11/09/Institut-contre-la-justice


E) L’obstination des manifestants à s’opposer aux décomptes policiers n’est pas nouvelle. Il se trouve cependant que les gens de la préfecture de police ne peuvent être suspectés d’être de dangereux gauchistes, et qu’i y a plus de chance pour qu’ils minorent les manifestations contre les violences policières... De son côté, le pouvoir en place, justement parce qu’il est au pouvoir, en place, a beau avoir plusieurs sources de décompte possible, il reste un peu tenu par ses fonctions à se fonder sur celui des services policiers. Pas de quoi fouetter un chat.

F) Je confirme qu’il est faux de dire que débat a eu lieu. Il vient à peine de commencer à l’assemblée nationale après les travaux en commission. Il aura lieu ensuite au Sénat et nous occupera un moment encore, jusqu’à ce que le texte, de navette en navette et d’amendements en amendements, soit voté dans les mêmes termes par les deux chambres. Même vous, je suppose, finirez par vous en lasser de ce débat bien avant qu’il ne soit fini...

G) Les constituants de la cinquième république ont inscrit le référendum dans nos pratiques institutionnelles pour une seule raison : permettre à l’exécutif de contourner un blocage de la loi à l’assemblée ou au sénat. Ce n’est pas le cas. Le référendum a malgré tout été utilisé par le président dans d’autres circonstances, et notamment pour donner plus de légitimité à une réforme, même si elle était acquise dans les deux assemblées. C’est l’utilisation du référendum comme plébicite. Or le peuple français est assez caractériel pour savoir se tirer une balle dans le pied quand on lui pose des questions au mauvais moment, et aime à contrarier les gouvernants qui lui demandent son avis. Ca s’est passé avec de Gulle et avec Chirac. Vous devinez que ce n’est pas prêt de se reproduire. En tout cas, une certitude s’impose : le référendum n’a jamais été prévu dans le but de permettre à une opposition boutée du pouvoir à coup de tatane dans les parties charnues, de se venger de l’affront (et de faire oublier ses questions d’élections internes et ses démélées sur le financement des campagnes) en tentant de se faire passer pour les seuls vrais défenseurs de la démocratie du peuple national de la république qu’on aime avec la main sur le coeur et le nez au drapeau.

Il y a un grand principe dans la Démocratie : le respect des élections. Parce que quand on y réfléchit, c’est vrai que « la légitimité vient du peuple, et les élus ne sont que les mandants d’un peuple souverain. »

Il y a un autre grand prinicpe de la démocratie, ou plutôt, en l’occurrence, de l’Etat de Droit, c’est que le pouvoir que le peuple confie au gouvernant ne les autorise pas à violer la constitution. Et il est donc antirépublicain de suggérer qu’on fasse un référendum hors du champ d’application prévu. La seule voie de droit consiste à modifier la constitution ou à en changer. Il est admis qu’on puisse le faire par une révolution, mais j’ai cru comprendre que ce n’était pas d’actualité. On peut aussi voter pour quelqu’un qui met le passage à une sixième république dans son programme. Je pense que je vais faire ça, plutôt... si toutefois le reste du programme me convient.

H) Le comportement de certains « porte-flingues » officiels résulte assez naturellement non pas d’une vision autoritaire mais du fait que les personnes en face ont plus de convictions profondéments implantées que d’arguments discutables. Les manifestants m’on semblé vouloir imposer leur point de vue, ce qui n’est certainement pas l’idée que je me fais d’un débat. Il suffit de tenter d’entrer en dialogue avec eux pour comprendre rapidement qu’il y a pour eux des choses indiscutablesz. Littéralement indiscutables. Ben voilà, quoi...

Si vous voulez des échanges d’arguments, des raisonnements critiques et des controverses documentées, commencez donc par rédiger un argumentaire construit et à nous le soumettre. Nicopol l’a fait, récemment, et nous nous sommes, je crois, bien enrichi l’un l’autre de nos échanges, même si nous n’avons pu nous convaincre mutuellement. Au moins, c’est un débat et nous en sortons au moins éclairés sur les sources de nos désaccords. Mais il faut pour cela de la matière et vous-même, ici, n’en fournissez guère.

Quant à l’aphorisme de Laignel, il était politiquement inaudible mais juridiquement exact.

Bien à vous,
L’Ankoù


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