Vous avez raison Talleyrand lorsque vous évoquez l’idée d’intégrer la mère à ce travail mais la situation de cette famille était complexe, je ne peux en dire plus car elle pourrait alors être reconnaissable. Quoi qu’il en soit, c’est plus avec le père qu’un travail a tenté d’être fait par les collègues (avant que je n’arrive dans l’équipe, cette famille était en effet connue depuis plusieurs années). Cette relation avec le père se limitait beaucoup autour de problèmes d’obention de papiers d’indentité pour les enfants. N’oublions pas (et c’est là qu’il est intéressant d’évoquer l’aspect culturel tant critiqué), qu’il est beaucoup plus d’usage dans les familles africaines de s’adresser au père plus qu’à la mère. Il faut souvent une sorte d’autorisation de principe du père pour s’adresser à son épouse. Et tous les sujets ne pourront pas nécessairement être abordés avec elle. Telle est en tout cas mon expérience auprès de familles africaines cotoyées dans le secteur social. Enfin, et cette refléxion m’appartient complètement, je pense que les fameux principes de la prévention spécialisée (respect de l’anonymat et liberté d’adhésion du jeune) représentent souvent un frein au travail qui est fait avec lui. Pour voir ses parents et échanger avec eux, il faut son accord, même s’il est mineur (à moins d’un réel danger mais cela ne manquera pas d’être l’objet de jours et de nuits de débats qui n’en finiront pas entre les éducateurs qui finiront par se dire des petits mots doux...). Le travail avec les familles n’est donc pas si simple dans le cadre de la prévention spécialisée, l’enfant, le jeune est au coeur du dispositif, ce qui amène parfois à le mettre à une place d’adulte, voire selon moi, parfois à une place d’enfant-Roi. Or, quand il vit déjà cette problèmatique avec son environnement faimilial, les éducateurs font, à mon sens, plus de dégats qu’autre chose ! Mais ces débats sont très difficiles à mener dans le milieu éducatif, et nous rejoignons à nouveau ici les tabous, les non-dits, les procéssus de culpabilisation que certains professionnels tentent de faire vivre aux collègues qui ne partagent pas leurs points de vue. Le tout peut parfois devenir pervers et les éducateurs passent alors parfois plus de temps dans ces débats d’idées, voire politiques qu’auprès des jeunes. Je l’ai déjà dit, le principe même de l’intervention de la prévention spécialisée fait qu’elle est politisée.
I.B.B.