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Accueil du site > Tribune Libre > Zoom sur le travail de l’éducateur de rue

Zoom sur le travail de l’éducateur de rue

Il y a plusieurs années de cela, un vendredi après-midi, j’accompagne un collègue en travail de rue à la rencontre des jeunes du quartier. Nous sommes éducateurs de prévention spécialisée, nous intervenons dans un quartier de la région parisienne, auprès de jeunes de 12 à 25 ans. Aux abords de la cité que nous appellerons « les Albatros », nous apercevons quelques jeunes postés devant la superette de la rue principale. Certains sont assis sur un banc ; parmi eux, un jeune que je connais encore assez peu, nous le nommerons Ismaël.

Le jeune homme a une vingtaine d’années, il semble vivre un peu au jour le jour. Il a quelques mois de prison derrière lui, tout comme son grand frère. Ils sont "tombés" pour trafic de cannabis. Notre venue semble animer le jeune homme d’une certaine curiosité, il use et abuse d’humour, de jeux de mots ; Ismaël fait de l’esprit. J’ai le sentiment que cette attitude masque une certaine gêne dans la relation à l’autre. Il est possible que l’exagération de ces petits jeux d’esprit ait le dessein de "paraître" ; paraître un être d’esprit, un être spirituel. L’éducatrice que je suis alors ne peut s’empêcher de se demander ce qui amène ce jeune à être aussi ostentatoire, pourquoi ce besoin de faire preuve de tant de capacités intellectuelles ?

Quelques instants plus tard, la mère d’Ismaël passe devant le banc des jeunes, elle est accompagnée de son deuxième fils. La dame rentre du travail. Elle demande au frère d’Ismaël de la suivre afin de rentrer au foyer, puis lance un regard de grande déception vers Ismaël. La femme s’adresse à mon collègue et moi-même, elle tourne en même temps la tête vers son fils afin de nous signifier qu’elle parle de lui : "C’est un bon à rien, on n’a jamais rien pu faire de lui et maintenant c’est trop tard, il est foutu !". Sur ces paroles, la femme s’éloigne, accompagnée de son autre fils qui a le beau rôle dans cette situation. Nous restons auprès d’Ismaël.

Le jeune feint l’indifférence mais son désespoir est palpable, comment se relever face à de telles paroles venant de sa propre mère ? J’ai en tête l’importance de ne pas disqualifier la mére de ce jeune, il est donc important de me situer dans une certaine mesure en ce qui concerne mes propos. Je commence par dire à Ismaël que ces paroles sont celles d’une mère inquiète, ce qui explique qu’ils peuvent être maladroits. Je ressens ensuite rapidement la nécessité de lui dire qu’à 20 ans on ne peut pas "être foutu" et ce, quel que soit son passé. J’insiste enfin sur l’importance d’être le premier à croire en soi et que les actes que l’on pose et les attitudes que l’on adopte peuvent ensuite amener les autres à nous percevoir différemment. Pour cela, il est parfois nécessaire de faire, en quelque sorte, ses preuves.

J’ai toutefois conscience des limites de mon propos car comment croire en soi quand son propre parent ne semble pas, ou plus, y parvenir ? Ou quand, parfois, il n’y a jamais cru ? Il s’agira ici de prendre le relais du parent (et non de prendre sa place), jusqu’à ce que le jeune soit en mesure de gagner une certaine confiance en lui et de donner une image différente à son entourage, ce qui pourrait peut-être infléchir le parent quant à sa perception de son enfant. Mais il ne s’agit ici que d’un pari. Le parent dont le gamin est en échec est un parent blessé puisque l’attitude de son fils ou de sa fille n’est pas valorisante. Souvent, ce parent est atteint de culpabilité, parfois refoulée, c’est -à-dire non acceptée et donc non conscientisée. Il est pris alors dans une dualité entre le fait de s’en vouloir et d’en vouloir aussi à son enfant. Cette situation engendre des sentiments complexes dans lesquels chaque parent se débat et réagit à sa manière selon sa propre histoire. On peut dire que dans ces situations, le parent et l’enfant souffrent "en miroir." Il arrive aussi assez fréquemment que ces situations, pour peu qu’elles n’aient pu être "soignées", se répètent de génération en génération.

Nous invitons Ismaël à venir nous voir dans les jours qui suivent à notre local afin de réfléchir avec nous autour d’un projet professionnel. Nous nous éloignons, pour ma part sans grande conviction de voir notre proposition se réaliser. Beaucoup de jeunes s’engagent à venir, peu joignent l’acte à la parole.

Quelques jours plus tard, Ismaël vient au local des éducateurs. Il n’a pas de demande explicite mais je suis persuadée que sa venue est en lien avec notre rencontre des jours passés. Le jeune homme use des mêmes jeux d’esprit, ce qui représente un frein pour établir un vrai dialogue. Cela me conforte dans l’idée que cette attitude est un mode de défense pour Ismaël qui a très peu confiance en lui. Le jeune homme a probablement peur de s’engager dans une relation, et,dans ce contexte, l’humour exacerbé représente une fuite rassurante qui vise à le protéger.

Nous parvenons à fixer plusieurs rendez-vous dans le temps, au cours desquels nous mettons en place les prémices d’un projet professionnel. Je sens toutefois que ce lien est fragile et ma crainte est que le jeune homme abandonne à tout moment ce travail de projet professionnel.

Un après-midi, il se présente avec environ une heure de retard au rendez-vous. Nous avons, l’équipe éducative, pris le parti de ne pas donner une grande importance à cet état de fait qui concerne tant de jeunes. En effet, le simple fait qu’ils viennent est déjà un aspect positif face à d’autres qui ne viennent jamais aux rendez-vous. Toutefois, je prends la décision ce jour, de marquer le retard d’Ismaël. Je lui fais le reproche de son manque de ponctualité d’autant qu’il ne s’agit pas de la première fois que cette situation se produit. Mon objectif est de lui signifier que ce rendez-vous a de l’importance, que je crois en son projet et qu’il ne pourra fonctionner que dans un certain respect des règles qui lui seront demandées dans tout milieu professionnel. Ismaël est surpris mais ne conteste pas mes propos. Je lui parle ensuite de sa motivation en insistant sur le fait que je l’accompagne dans ce projet auquel je crois. Je sais à ce moment précis que je prends un risque. Les exigences peuvent être perçues de manière trop forte par le jeune qui pourrait alors abandonner son projet, tout au moins avec l’équipe éducative. Il est évident pour moi que, si tel était le cas, je ne manquerais pas d’aller à sa rencontre à nouveau dans la rue.

Ismaël poursuit son travail. D’autres rendez-vous sont fixés et un projet de professionnalisation dans le secteur d’aide à la personne se profile. Nous menons ensemble des simulations d’entretiens au cours desquelles je ne ménage pas notre jeune garçon. Je me permets cette attitude car il me semble qu’il en comprend l’intérêt et qu’il me fait confiance.

Un après-midi, j’accompagne Ismaël pour prendre des renseignements auprès d’un centre de formation. Nous parlons de sa relation avec ses parents. J’évoque ce jour, sur le banc, où sa mère a eu des paroles négatives à son égard. Ismaël parvient difficilement à exprimer ses sentiments. Je lui parle du jour ou il pourra peut-être voir de la fierté dans le regard de ses parents. De ce jour où il pourra penser à un avenir ; de la manière dont lui-même pourra regarder ses enfants. Ismaël ne fait plus d’esprit, il se livre un peu et parle avec son coeur, le jeune homme est émouvant de sincérité.

Lorsque je quitte le garçon près de son quartier, je me sens animée d’un doute important. J’ai peut-être à nouveau pris le risque de lui faire prendre ses jambes à son coup. Plus tard, un collègue me dit qu’il est possible que mon propos ait angoissé le jeune homme. Je serai vigilante dans les jours à venir.

Les semaines qui suivent, Ismaël vient avec la même régularité, parfois un peu en retard, il s’en excuse. Le jeune garçon use beaucoup moins de petits jeux d’esprit, sauf en présence de nouveaux collègues, ou lorsqu’il est un peu intimidé.

Quelques semaines plus tard, j’accompagne Ismaël à la mission locale, l’ANPE des 16-25 ans. Son conseiller ne le ménage pas. Ismaël se présente alors comme un jeune sans motivation, la capuche sur la tête, il mâchonne le cordon de son sweat, ne prend aucune note, ne sait répondre au pourquoi de ses choix. Le conseiller signifie au jeune adulte qu’il reste dubitatif quant à sa motivation mais propose tout de même à Ismaël de l’inscrire dans un programme de mobilisation autour de son projet professionnel. Il précise également qu’il ne manquera pas d’évaluer cette motivation, notamment au début du programme.

Je sors de l’entretien avec la crainte d’avoir souhaité tout cela à la place du jeune. Je pense alors que j’ai brûlé trop d’étapes. Il me semble qu’il faudra repartir à zéro. Je crains fortement qu’ Ismaël n’investisse pas le programme de mobilisation.

Plusieurs semaines s’écoulent ensuite sans que nous ayons de nouvelles d’Ismaël. Je pense à l’appeler afin de lui signifier que je reste présente dans ce travail que nous avons commencé mais la démarche n’est pas simple, elle fait l’objet de débats dans l’équipe. Nous sommes en effet en prévention spécialisée, l’accompagnement que nous proposons aux jeunes se fait dans un cadre de liberté d’adhésion et d’anonymat du jeune. En termes clairs, le jeune est totalement libre d’accepter ou de refuser notre soutien. Nous devons, à notre niveau, respecter de manière absolue ces deux principes fondateurs du travail d’éducateur de rue. Or, l’appeler signifie que nous conservons son numéro de téléphone et que nous allons vers lui sans qu’il en ait formulé la demande. Pour certains collègues, cette démarche en elle-même pourrait remettre en cause ces principes fondamentaux de la prévention spécialisée.

Je pense pour ma part que tout cela relève de la "masturbation intellectuelle". Il me semble que ces fameux principes fondamentaux sont parfois l’argument idéal pour flirter avec les limites du bon sens et de la loi. Nous finissons tout de même par prendre la décision d’appeler Ismaël, mais reste à définir quand et "dans quelle position" ajoute un collègue réaliste, avec humour. Les semaines qui suivent je suis en arrêt maladie, je ne suis donc pas en mesure d’appeler Ismaël.

A mon retour, j’apprends que le jeune homme est passé donner de ses nouvelles. Il suit de manière assidue le programme de mobilisation de la mission locale, il reviendra vers nous afin d’effectuer des demandes de stages.

Je ressens un vrai plaisir à écouter cette nouvelle et je me dis en mon fort intérieur : "Ces jeunes, parfois, quels p’tits cons !".

Isabelle Buot-Bouttier


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59 réactions à cet article    


  • seb59 (---.---.180.194) 5 février 2007 11:00

    @ Demian

    Reveille toi Demian !

    Meme s’il n’est pas parfait, l’article est 1000 fois mieux que le meilleur des tiens !

    Critiquer sans argument ne masquera pas ta jalousie. Ton epoque sur Agoravox est finie mon pauvre demian.

    Tu es pathetique.


  • Popov De Kerl Popov De Kerl 5 février 2007 14:46

    Daemian, pathétique ta réaction, elle n’est même pas digne de figurer ici, pas que je refuse la liberté d’expressione mais ca c’est de la pure provocation

    Sans intérêt comme souvent


  • mcm (---.---.121.69) 5 février 2007 16:39

    Mais Démian comment tu peux accuser implicitement une personne de répandre du racisme parce qu’elle a aimé et aidé un jeune arabe ?

    Comme un « Robin des bois » tu cries au scandale quand un autochtone n’aide pas un réfugié, mais qui crie aussi au scandale dès qu’un autochtone dit avoir aidé un réfugié.

    Les nobles causes que tu défends ? Du vent, un écran de fumée en voile sur la plaie de ta pensée boursouflée par un ulcère malin de ton égo !

    Ce que tu es ? Un hardi défenseur de la veuve et de l’orphelin qui n’a pas plus connu la première que le second.

    Bien pire encore ! Quand tu vois un homme aider une veuve tu le taxes de concupiscence et quand tu le vois aider un orphelin tu le taxes de pédophilie.

    Démian imite donc comme Isabelle, parle de ce que tu connais, fais nous riches de ce que tu as vécu, et laisse nous juger sur les faits vivants et non tes dogmes morts.


  • fouadraiden fouadraiden 5 février 2007 17:08

    à dw,

    je ne sais pas les intentions de ton intervention mais c’est un des aspects du probleme qu’il m’est difficile de nier. nous sommes dans des rapports nord-sud meme quand un agent de l’orthopédie sociale tente un dialogne avec un anormal.

    tu m’enleves les mots de la bouche

    quand verra t on dans les faubourgs de tanger un français echoué enfin recueillit pas l’assistanat marocaine ?

    les occidentaux auront ils la force de supporter un tel scenario ?


  • wired (---.---.92.11) 5 février 2007 17:57

    Les mots compliqués n’implique pas forcement la sagesse. Critiquer de manière constructive c’est mieux et que vient faire le réchauffement de la planète la dedans ?...


  • La mouche du coche (---.---.19.39) 5 février 2007 20:46

    Tiens Ismaël ? J’ai pensé à un nom juif. smiley


  • Tristan Valmour (---.---.80.203) 5 février 2007 20:57

    @ isabelle BB

    Joli témoignage qui fait du bien au moment où l’on rentre du travail.

    @ Demian West

    Vous avez écrit :"J’aime bien le choix du prénom Ismaël pour bien nous signifier symboliquement que toute la mahométane doit être dressée par l’occidentale vertu, qui pollue pourtant la planète entière avec son effet de serre, ou de griffe allez savoir... S’il-vous-plaît évitez les démonstrations trop grossières...

    DW"

    Je suis persuadé que l’Ismaël dont il est question pollue autant la planète entière que vous ou moi puisqu’il consomme et respire. Et par expérience, je suis autant convaincu que les ismaël hors d’Europe polluent aussi, puisqu’ils nous achètent des produits manufacturés, et circulent en automobiles. Maintenant, je vous invite à quitter votre deux-pièces pour aller voir sur place. Il est fini le temps où les camélidés étaient l’unique moyen de locomotion. Abandonnez cette idée manichéenne où l’Occident serait mauvais quand l’Orient serait parée de toutes les vertus. Apprenez l’Histoire et voyagez. Par delà le Bien et le Mal, vous trouverez peut être une grise couleur en chaque pays et autant de peuples.


  • Carlos (---.---.134.115) 6 février 2007 12:20

    Demian, Demian, Demian smiley pourquoi tant de rancoeurs ?! Que vous vous a fait l’auteur ?????


  • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 10:13

    Demian et Foudraidien, Plus de 90% des jeunes avec lesquels j’ai travaillé sur un quartier de paris étaient issus de l’immigration. C’est un fait, rien de plus. Ces jeunes, sont bien entendu avant tout des jeunes et nous les abordions comme tels mais nier un contexte culturel qui existe bel et bien dans nos rapports avec eux est un exercice que je laisse à la langue de bois qui finit par m’exaspérer. Si mes pensées étaient douteuses vis à vis de ces jeunes, pourquoi serais-je aller travailler avec eux ? Les postes dans l’éducation spécialisée sont suffisamment diversifiés pour choisir la population avec laquelle on souhaite travailler. Et en région parisienne, point de chômage, on trouve du travail, si l’on est diplômé, en une semaine. Bref, Il est évident qu’Ismaël est un nom de substitution. Certes, je ne l’ai pas nommé Jean, pourquoi aurais-je dû le faire ? Ses origines ne sont pas honteuses que je sache ? Le nommer Pierre ou Jean servirait à masquer quoi exactement ? Tout ceci, pour moi est bien lié à une problématique que l’on retrouve dans le secteur de la prévention spcécialisée : tabous, non dit et langue de bois ! Et je me demande parfois qui sont les plus mal à l’aise dans cette façon de se cacher derrière de simples réalités ? Isabelle Buot-Bouttier


  • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 10:52

    Pour tout vous dire, Demian, je ne sais précisément, quelle est l’origine exacte du prénom Isamël. Il se peut par ailleurs qu’il soit utilisé au sein de différentes communautés . Quoi qu’il en soit, dans la mesure ou je suis claire avec moi-même, ma pensée et mes intentions, je ne rentrai pas dans cette forme d’atteinte de la liberté d’expression qui nous amène de plus en plus à réfléchir à ce que l’on aurait le droit ou non de dire, et à la manière de le dire, sous peine de se voir attirer les foudres ou de se retrouver en procés (c.f. la récente affaire de Charlie Hebdo). Cette fameuse liberté d’expression est actuellement en danger en France, je combattrai jusqu’à mon dernier souffle cet insupportable ! I.B.B.


  • ROCQUE (---.---.124.75) 4 mars 2007 23:04

    @ Bonjour Isabelle ,

    Votre témoignage est authentique . Je fus récemment négociateur en ( Téci ) et je suis en phase avec vos écrits .

    Mon job en profession libérale est en harmonie avec vos écrits qui sont une valeur ajoutée .

    Je vous invite à poursuivre dans cette voie .

    Amicalement

    Hubert Rocque de ma Ville de Jules Verne à Amiens - 80000-

    http://hubertrocque.hautetfort.com


  • (---.---.38.189) 5 février 2007 10:50

    Super ! Les trollers habituels qui passent leur vie sur AV vont se déchainer !

    Le gland bleureau doit déjà se pourlècher les babines !


    • Rocla (---.---.7.29) 5 février 2007 11:37

      Tal ,

      Le sex-appeal c’ est wonder-woman .

      Scuse Madame l ’auteure .

      Rocla d’la téci .


    • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 10:41

      Talleyrand, Il se trouve que certains des articles que je publie ici sont extraits de mes blogs. Aussi, il n’ont pas, loin de là, étaient nécessairement écrits dans l’ordre de publication sur Agoravox. Ce texte est d’ailleurs un des plus anciens que j’ai rédigés sur mon blog « L’EDUC ». Il se trouve en fait que j’ai eu la démarche inverse sur mon blog que sur Agoravox. J’ai commencé sur ce blog (qui a plus d’un an) à parler des raisons qui peuvent amèner à vouloir exercer comme éducatrice puis j’ai évoqué la question de la fameuse « vocation ». Puis au fil du temps, ce sont mélés témoignages et vision critique du secteur social et en particulier celui de la prévention spécialisée. Ma démarche sur Agoravox a été différente. J’ai commençé par vouloir dénoncer une certaine philosophie de la prévention spécialisée. Je me suis aperçue ensuite qu’il était temps, après la critique, de permettre au lecteur de se représenter ce que peut être le quotidien du travail de l’éducateur ; ses doutes, ses remises en cause, ses satisfactions et ses moments de découragement. J’en avais déjà proposé un autre à Agoravox qui avait été refusé pour sa longueur.

      Par ailleurs, C’est moi qui suis mise ne scène dans ce témoignage puisque c’est moi qui l’écrit mais tous les questionnements et toutes les incertitudes dont je fais part sont celles également de mes anciens collègues. Un éducateur doute puis se remet sans cesse en question, voilà ce que j’ai tenté de démontrer ici, à travers ce témoignage. En ce sens, je n’ai ici aucune intention de mettre en avant une éventuelle qualité de travailleur social que j’estimerais avoir plus que d’autres. je décris la posture du travailleur social qui s’adapte sans cesse. Ceci est le propre de la majorité des travailleurs sociaux. Donc point d’exemplarité ici dans ma manière de faire mais une véritable banalité, commune à mes anciens collègues. Maintenant, il est certain que la lecture des commentaires m’apporte un certaine richesse (pas tous, malheureusement !). Toutefois, j’écrivais à Demian à l’occasion d’un autre texte que ma manière de m’adresser à la personne qui m’interpelle dépend bien entendu de la manière dont elle m’interpelle. Il m’arrive, comme vous avez pu le constater que je ne réponde pas. Soit parce que la manière de s’exprimer n’est pas respectueuse ou si peu constructive... Je recherche le débat constructif, pas un échange de petits sentiments parfois haineux. Nous avons, à mon sens, tous autre chose à faire que s’adonner à cela. En revanche j’accepte tout à fait la critique dans le respect des personnes et des idées. I.B.


    • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 11:02

      A Talleyrand, le rapport de séduction existe toujours un peu dans nos rapports avec les jeunes et je ne parle pas nécessairement de séduction amoureuse. Mais ceci n’existe-t’il pas dans tous les rapports humains ? Quoi qu’il en soit, si les jeunes testent souvent les éducatrices nouvelles arrivantes et en particulier les stagiaires, ce jeu cesse rapidement car il nous appartient effectivement de mettre un cadre à cette relation en signifiant de différentes manières « cela peut-être l’humour », ce qui sera possible et ce qui ne le sera pas dans la relation éducative que l’on tentera ensemble d’instaurer. Par ailleurs, les éducateurs de rue ne travaillent pas seuls, lorsqu’ils vont dans la rue à la rencontre des jeunes, il sont toujours deux (tout au moins dans ma pratique) et derrière ces deux éducateurs, les jeunes savent qu’il y a toute une équipe, puis une institution à laquelle l’équipe appartient. Tout ceci forme le cadre de la relation éducative. I.B.B.


    • (---.---.140.134) 11 février 2007 11:11

      J’ai lu

      A +


    • idoine (---.---.69.145) 5 février 2007 11:23

      @l’auteur : je vois dans cette article, une belle mise en application des techniques de la CNV - je me trompe ?


      • idoine (---.---.69.145) 5 février 2007 14:28

        - 1 : L’être anonyme a encore frappé !!!


      • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 5 février 2007 14:44

        Bonjour Idoine, excusez mon ignorance mais, qu’est-ce que la CNV ? I.B.B.


      • Leveque (---.---.131.64) 5 février 2007 15:49

        @IBB Je vois absolument pas où vous ou voulez en venir avec cet article.... Quel est le fond du propos ?

        Qu’il ne vous a pas remercié pour ce que vous avez fait pour lui ?

        si c’est le cas, cela rejoint votre article sur les enfants mal éduqués..


      • idoine (---.---.69.145) 6 février 2007 08:57

        CNV, acronyme de communication non-violente

        Votre approche qui combine compassion et intégrité sans tomber dans la fausse gentillesse me rappelle assez fortement les expériences de terrain décrites par ses « pratiquants », mais je suppose que cela doit être la seule façon d’arriver à des résultats concrets dans ce type de relation.


      • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 11:17

        Lévèque, Comme je le disais à Talleyrand, ce que je mets en avant dans cet article c’est le doute, le questionnement, la remise en question propre au travail de l’éducateur spécialisé de manière générale. Je n’attendais pas de ce jeune qu’il me remercie de quoi que ce soit, (j’étais payée pour ce travail, je n’avais donc, en aucune circonstance, de remerciement à attendre ). Ce que j’espérais en revanche, c’est qu’il parvienne à s’inscire dans un processus de formation de manière à acquérir une certaine confiance en lui. Ce qui pourrait peut-être lui permettre aussi d’être perçu différemment par sa famille qui le regarde comme « un bon à rien », ce qui ne doit pas manquer d’être douloureux pour lui. Or, à chacun de ses retards ou de ses pas en arrière (comme devant le conseiller de la mission locale), je craignais qu’il lache prise et j’étais inquiète pour lui. Quand j’utilise l’humour à la fin de l’article, en disant « ces jeunes, parfois, quels p’tits cons », c’est une manière de dire qu’ils nous amènent bien souvent dans cette posture d’inquiétude, ce qui n’est toujours des plus agréable pour nous, mais qui ne nous empêche pas toutefois d’avoir de la sympathie pour ces « p’tits cons ! ». L’expression est affectueuse. I.B.B.


      • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 11:20

        Idoine, Merci pour l’explication. j’ai effectivement déjà entendu parler de la communication non violente mais je ne maîtrise pas son approche. Il est effectivment fort possible que l’on retrouve certains aspect de cette posture dans celle de l’éducateur spécialisée. Au plaisir. I.B.B.


      • La Taverne des Poètes 5 février 2007 11:25

        Vous avez écrit « fort intérieur » sans doute par référence aux défenses que le jeune s’est créées. Mais on écrit « for intérieur » quand il s’agit de la conscience.

        Ce témoignage est intéressant. A noter toutefois l’humour limité des travailleurs sociaux soumis à un carcan de règles déontologiques et qui ne s’autorisent que quelques blagues bon enfant pour ne heurter personne. D’où le sentiment d’être désarçonné devant les mots d’esprit d’un jeune qui manifeste par là un certain don de créativité. Une exception quand même : la revue professionnelle « Lien social » où les dessins sont très « provoc » et « border line » ! smiley (voir leur site internet)

        Je reste convaincu que la notion de contrat est la base du travail éducatif et donc la demande aussi même si cette demande peut n’être qu’implicite, non formulée comme c’est le cas ici avec Ismaël.


        • Cosmic Dancer (---.---.174.32) 5 février 2007 11:28

          @ Talleyrand :

          Cette faute d’orthographe est on ne peut plus parlante et adaptée smiley


        • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 11:33

          Bonjour Taverne des Poètes, Très sincèrement, je ne pense pas que les éducateurs manquent d’humour, tout au moins pas entre eux. (Je ne vois pas d’ailleurs comment on peut exercer ce métier sans humour et sans une certaine dose de dérision). Avec les jeunes, ils sont également capables d’entendre beaucoup de choses et d’échanger autour de la plaisanterie. La limite étant toujours le respect. Je suis d’accord avec vous quand vous dites que l’hmour est une forme de créativité et je rajouterai, une force et une richesse d’esprit. Mais concernant notre jeune homme, elle était tellement prégnante qu’elle empêchait de créer une relation. Ce que mes collègues avaient également remarqué. En ce sens, cet humour devenait une défense pour ne pas rentrer en relation, très probablement par peur de la relation et de ce qu’elle peut engager (peur de se perdre, peur de perdre l’autre auquel on s’attache trop, peur de décevoir, ...). Remarquer cela fait partie des hyppothèses de travail que nous devons avoir pour l’aider à tenter de dépasser cela, car cette manière d’être le fait nécessairement souffrir et prouve qu’il a déjà souffert d’une relation douloureuse dans son passé, (une relation qui devait avoir beaucoup d’importance pour sa construction) Quand au cadre, complétement ok avec vous. I.B.B.


        • Cosmic Dancer (---.---.174.32) 5 février 2007 11:27

          @ L’auteur :

          Bonjour, Isabelle. Vos articles donnent décidément leurs lettres de noblesse à votre profession, difficile, comme vous le dites si bien. Le passage sur une forme de condamnation par la désignation, sur une fatalité risquant de s’abattre sur un jeune être qualifié d’incapable - quelles qu’en soient les raisons - m’a particulièrement frappée, car je peux aussi constater autour de moi les dégâts que peuvent produire des paroles équivalant à des condamnations. Ce qui me ramène à votre article précédent, d’ailleurs, et aux questions que vous soulevez d’éducation, d’apprentissage, de verbe, de loi, et de confiance. Merci pour vos articles.


          • Cosmic Dancer (---.---.174.32) 5 février 2007 12:13

            @ Talleyrand :

            Désolée pour la confusion, tout à l’heure. Et oui : au commencement est le verbe. Le geste, aussi, d’ailleurs. Il est toujours extrêmement douloureux d’entendre des adultes, jeunes ou moins jeunes, se définir relativement à ce qu’on leur a toujours dit d’eux-mêmes, par aveuglement, par paresse ou par tradition. Se dégager d’un carcan déterministe est un travail de chaque instant, bien souvent.


          • pingouin perplexe (---.---.75.141) 6 février 2007 00:38

            @Cosmic Dancer Bonsoir,

            Vous disiez dans votre intervention de 12h13 « Il est toujours extrêmement douloureux d’entendre des adultes, jeunes ou moins jeunes, se définir relativement à ce qu’on leur a toujours dit d’eux-mêmes, par aveuglement, par paresse ou par tradition. Se dégager d’un carcan déterministe est un travail de chaque instant, bien souvent. » Le propos est tout à fait intéressant. Dans une certaine mesure, il me semble qu’il s’approche d’une certaine forme de paradigme. Le vieux problème de la définition de soi en relation au discours des autres. C’est un problème qui n’est pas des moindres, et l’on peut voir, parfois, dans des conditions extrêmes, que la notion que l’on peut avoir de l’intégrité de la personnalité peut éventuellement correspondre à une capacité à résister aux projections. L’idéal étant en fait, certainement, d’être soi même face à des chacuns et des chacunes qui sont pleinement eux mêmes smiley smiley Dans tous les cas, merci pour cette belle critique de ce qui peut tenir lieu de « carcan déterministe ».


          • Max Power (---.---.164.192) 6 février 2007 08:54

            « Carcan déterministe »

            - Il pourrait donc exister un carcan déterministe à l’origine des troubles de certains adolescents ? Celui-ci pourrait s’opposer au libre choix de l’individu, dans un monde aussi riche d’opportunités que peut l’être le nôtre ou le gentil Ismaël qui veut simplement s’en sortir y parvient tandis que le méchant Ismaël préfère ne pas faire d’efforts et brûler des voitures ?

            - Il me semblent que certains nagent à contre-courant de la vision actuelle de ce type de problèmes...

            Max Power


          • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 11:43

            Bonjour Cosmic, merci pour vos encouragements. A Cosmic et Talleyrand, on ne soulignera effectivement jamais assez combien des paroles blessantes, voire humiliantes répétées peuvent avoir des dégats sur de jeunes enfants et ados qui deviendront des adultes ayant souvent besoin d’aller consulter pour entendre que ces paroles n’étaient pas justifiées mais étaient plus une malencontreuse difficulté des personnes qui les prononçaient (et qu’elles s’adressaient souvent inconsciement à elles-mêmes par ce biais). D’où, une fois de plus, l’interêt d’intervenir en amont d’un processus qui se répéte encore trop souvent par voies générationnelles. Nous ne communiquerons jamais assez sur ce sujet. Il faudrait une prise de conscience plus grande des gouvernements, il faudrait des fonds pour une véritable action nationale de communication. I.B.B.


          • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 12:07

            Vous avez raison Talleyrand lorsque vous évoquez l’idée d’intégrer la mère à ce travail mais la situation de cette famille était complexe, je ne peux en dire plus car elle pourrait alors être reconnaissable. Quoi qu’il en soit, c’est plus avec le père qu’un travail a tenté d’être fait par les collègues (avant que je n’arrive dans l’équipe, cette famille était en effet connue depuis plusieurs années). Cette relation avec le père se limitait beaucoup autour de problèmes d’obention de papiers d’indentité pour les enfants. N’oublions pas (et c’est là qu’il est intéressant d’évoquer l’aspect culturel tant critiqué), qu’il est beaucoup plus d’usage dans les familles africaines de s’adresser au père plus qu’à la mère. Il faut souvent une sorte d’autorisation de principe du père pour s’adresser à son épouse. Et tous les sujets ne pourront pas nécessairement être abordés avec elle. Telle est en tout cas mon expérience auprès de familles africaines cotoyées dans le secteur social. Enfin, et cette refléxion m’appartient complètement, je pense que les fameux principes de la prévention spécialisée (respect de l’anonymat et liberté d’adhésion du jeune) représentent souvent un frein au travail qui est fait avec lui. Pour voir ses parents et échanger avec eux, il faut son accord, même s’il est mineur (à moins d’un réel danger mais cela ne manquera pas d’être l’objet de jours et de nuits de débats qui n’en finiront pas entre les éducateurs qui finiront par se dire des petits mots doux...). Le travail avec les familles n’est donc pas si simple dans le cadre de la prévention spécialisée, l’enfant, le jeune est au coeur du dispositif, ce qui amène parfois à le mettre à une place d’adulte, voire selon moi, parfois à une place d’enfant-Roi. Or, quand il vit déjà cette problèmatique avec son environnement faimilial, les éducateurs font, à mon sens, plus de dégats qu’autre chose ! Mais ces débats sont très difficiles à mener dans le milieu éducatif, et nous rejoignons à nouveau ici les tabous, les non-dits, les procéssus de culpabilisation que certains professionnels tentent de faire vivre aux collègues qui ne partagent pas leurs points de vue. Le tout peut parfois devenir pervers et les éducateurs passent alors parfois plus de temps dans ces débats d’idées, voire politiques qu’auprès des jeunes. Je l’ai déjà dit, le principe même de l’intervention de la prévention spécialisée fait qu’elle est politisée. I.B.B.


          • Gasty Gasty 5 février 2007 11:28

            Buot Bouttier

            J’adore ce que vous écrivez.


            • gem gem 5 février 2007 12:25

              article vraiment super ! Du vécu, qui donne une image saisissante du votre travail de l’époque. Avec finesse et profondeur, et un recul qui est rarement présent. J’ai été frappé en particulier de la prophétie auto-réalisatrice dans la relation mère-fils, comme de votre façon d’éxecuter la « masturbation intellectuelle » autour des « principes fondamentaux ».

              La seule question que je me pose c’est : pourquoi revenez vous maintenant sur cette période, passée, alors que vous êtes maintenant « ailleurs » ? Et là, ce qui me viens à l’esprit, c’est un parallèle entre ce jeune d’hier et vous aujourd’hui, mutatis mutandis bien sur. Des « jeux de l’esprit » à un article sur Avox...

              Ce qui m’amène à autre chose : depuis les romantiques et au-délà, il est d’usage de valoriser le « désir propre ». Dans le cas du jeune : il faudrait que la motivation vienne de lui. René Girard le dit (et même le démontre , à mon avis) : cette mystique de l’autonomie du désit est une foutaise, et même une foutaise dangereuse. « la crainte d’avoir souhaité tout cela à la place du jeune », c’était un truc infondé : de fait, à vous lire je suis bien persuader que vous avez « souhaité tout cela à la place du jeune », et tant mieux ! C’était une condition sine qua non pour qu’il le souhaite à son tour : il ne fallait pas le « craindre », il fallait l’assumer et s’en féliciter.


              • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 12:20

                Merci Gasty et Gem pour vos petits mots sympas. Gem, Je réponds à votre question sur « le pourquoi de ce témoignage, ici, aujourd’hui, » dans un commentaire que j’ai adressé plus haut à Talleyrand. Je vous remercie de bien vouloir y jeter un oeil. Quant à la question du désir, il y là débat d’écoles. Les centres de formations répètent de manière sempiternelle qu’il doit « susciter le désir ». L’école de Palo Alto nous dit que sans désir de la personne elle-même, point de changement possible. Je crois, au fil du temps que je me situe un peu entre ces deux courants de pensée, aller vers l’autre pour tenter de susciter, c’est lui dire qu’on lui porte de l’intérêt,ce qu’il n’a peut-être jamais connu. je crois qu’il faut surtout être vigilant à ne pas projeter ses propres désirs sur la personne que l’on se propose d’accompagner. C’est peut-être d’ailleurs cela « désirer à la place de ». Tout un débat ! I.B.B.


              • de clercq (---.---.131.14) 5 février 2007 12:45

                Tout cela sent beaucoup trop la guimauve. Je ne conteste pas qu’il faille de l’argent pour réinsérer et suivre les jeunes.Mais ne faudrait-il pas mieux utiliser l’argent avant le décrochage scolaire, plutôt qu’après.


                • idoine (---.---.69.145) 5 février 2007 13:04

                  >Tout cela sent beaucoup trop la guimauve

                  Seriez-vous friand de débat du style de la campagne présidentiel. C’est votre droit. Quand à moi, un petit peu de « maison dans la prairie » une fois de temps en temps n’est pas pour me déplaire.


                • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 12:27

                  Il faut les deux Clercq, accompagner avant et après. User de la prévention tout comme de la répression. Dommage que les débats politiques soient aussi clivés à ce sujet. Le jeune n’est ni tout gentil, ni tout méchant. Aussi le débat prévention ou répression ? Est à mon sens une ineptie car les deux sont nécessaires. Par contre je pense que la prévention pourrait être pensée différemment et s’inscrire autant en amont qu’en aval. il ne suffit pas ou plus, à mon sens, de n’intervenir que sur le terrain (même si cela reste capital). Il devient urgent de penser, repenser, et panser la prévention et de communiquer sans relache autour d’elle). I.B.B.


                • Wells 5 février 2007 12:56

                  Ca ferait un bon film, mais je changerais la fin pour la version ciné. Le jeune se fait courser un soir pour trafic de drogue et une bande rivale lui régle son compte.

                  Ca fait plus mélo dramatique je trouve.

                  Enfin bon, merci de nous confirmer que le problème ne viens pas du « racisme français lattant » mais du simple fait que ces jeunes sont comme les autres, en pleine crise d’ados qui ne savent pas ce qu’ils veulent ni ou ils vont.

                  Sauf que logiquement on ne crame pas des bagnoles pour autant...


                  • GRL (---.---.28.166) 5 février 2007 14:57

                    Vous vouliez montrer que quelque fois , çà marche ? Bon , cet article vous valorise également , mais je vais vous dire , vous avez lu ma lettre ou pas , mais j’espere que depuis l’autre fois , vous avez écouté un peu de Rap , Isabelle , entre nous ...

                    C’est à dire , que sur cet article , votre « histoire sans accroche » donnerait à penser que c’est comme cela que çà se passe si l’on y « met du sien » , si l’on accepte de ne pas juger à l’emporte pieces ( joli ) , à lire le récit de votre cheminement , non ? Mais quel récit pondéré ...

                    Vos prises de risques, vos paris sur l’avenir et le succes qui semblent les accompagner au vu de l’accroche , puis la promesse d’un accomplissement ( parce que malgré tout on ne sait pas si ce jeune a accroché quelque chose ou non ) , donneraient à penser que vous etes une « bonne éducatrice » en plus . mais c’est super , çà que vous sembliez etre une bonne « educatrice » .

                    Bon , ...

                    ... mais alors voilà , la derniere fois , vous vous etes avancée avec des positions sur la culture des quartiers , en l’occurrence , le Rap , qui faisaient plutôt peur au vu des amalgames et de la compréhension d’un problème à l’envers de ce qu’il est. De plus , je vous ai écrit sans que vous me répondiez ( même si vous etes pas obligée , j’étais tres sincère et c’est toujours un peu vexant ) , j’ai gagé que ( facilité ) vous n’aviez pas le temps ou que ( autre facilité ) vous n’aviez plus rien à dire. Disons que je suis resté sur ma faim avec vous .

                    Aujourd’hui , vous concluez ( super la boutade , ha ha ) « Parfois , ces jeunes , quels petits cons ! » ... Mais bon , c’est tres gentil propret tout çà en regard de ce que vous avanciez la derniere fois à propos du Rap.

                    Avez vous changé ?

                    Et alors là , on dirait à vous lire que vous n’avez pas les mêmes positions , ici vous ne faites pas de liens , vous ne parlez pas de culture si ce n’est , en donnant la carte postale d’un prénom qui suffit à situer votre champ d’action , mais ... , ... allez , Isabelle , racontez moi donc , cette fois ci , ce qu’il s’est passé entre temps , j’aimerais bien le savoir tant je sens une différence ... d’INTENTION d’un article à l’autre.

                    GRL .


                    • mcm (---.---.121.69) 5 février 2007 15:14

                      @GRL,

                      Pourquoi voulez vous forcer Isabelle à apprécier le Rap ? Elle a fourni les raisons de son dégoût pour la chose !

                      Alors vous, vous êtes impayable ! Quand un citoyen propose à un autre de lui niquer sa reum ou sa race, vous accusez celui qui décline l’invitation !!!


                    • GRL (---.---.28.166) 5 février 2007 15:32

                      bla bla bla bla , toujours les mêmes amalgames , MCM , cette fois ci , je ne mords pas à l’hameçon.

                      Ma réponse est dans l’article en question , qui au passage , n’etait pas l’article « d’une femme qui n’aime pas le Rap », mais alors pas du tout , cela n’etait pas du tout une histoire d’appreciation , enfin , vous pouvez toujours relire . Sinon , je vous l’accorde , je suis parfois impayable , mais en l’occurrence , je l’assume , surtout dans mes remarques sur le net. Rien à prouver , je vais là où il me semble bon d’aller . Du reste , c’est à l’auteur que je posais une question . Mais cette fois ci répondra t elle ?


                    • Carlos (---.---.134.115) 6 février 2007 12:46

                      GRL encore l’histoire du Rap ?!!! Mais tu radotes mon cher !!!!

                      « Rien à prouver, je vais là où il me semble bon d’aller » et ben c’est bien ça !

                      Oui, enfin, c’est ta vision des choses, tu ne détiens pas la science infuse, ni moi d’ailleurs (je n’ai pas cette PRETENTION).

                      Alors, on est bien d’accord, à chacun sa vision des choses !


                    • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 13:03

                      GRL,

                      je réponds plus haut à Talleyrand quant à cette idée que j’aurais pu souhaiter ici me mettre en valeur et prouver que j’étais une « bonne éducatrice »... J’explique aussi pourquoi ce témoignage aujourd’hui et les sources et dates de rédaction de certains articles que je publie ici. En ce qui concerne le Rap, je ne vais pas refaire le débat, je vous ai, quoi que vous puissiez en dire, assez longuement répondu lors des débats du dit texte. Je regrette que mon manque de sensibilité au RAP vous touche autant mais ce n’est pas le propos ici.

                      Vous parlez de ce que je voulais montrer dans ce témoignage, je vous invite à nouveau à consulter mes messages précédents notamment le premier adressé à Taleyrand. Ni voyez là aucune forme de mépris de ma part mais vous comprendrez que je ne peux réecrire à plusieurs reprises les mêmes explications concernant les mêmes types de questions.

                      Les accompagnements peuvent effectivement parfois se passer ainsi, pour reprendre vos termes et même si chaque professionnel travaille aussi avant tout avec ce qu’il est, ce quotidien que je décris, cette tentative, ces doutes, ces remises en questions sont le quotidien de l’éducateur spécialisé. Voici ce que je souhaitais démontrer. Et le récit est une sorte de focus qui se situe à un instant T. qui ne peut, à lui seul, être représentatif de l’ensemble du travail éducatif en prévention spécialisée.

                      Le sytle de cet article ne peut donc qu’être différent pusque je relate une expérience de terrain et suis alors au coeur de la relation éducative. Mes autres articles étaient dans une posture de dénonciation. Comment le style, la forme et la rythmique pourraient être les mêmes ?

                      Quant à la fin de l’accompagnement, comme vous le demandez, les dernières nouvelles dont je disposais concernant ce jeune étaient qu’il avait finit par décrocher, et avait tendance à fuir l’équipe éducative. Espérons qu’il ait pu accrocher à nouveau depuis avec un autre éducateur ou tout autre personne de son choix !

                      Enfin concernant la question du Rap, question sur laquelle, une fois de plus, je ne m’étendrai pas longtemps ici, vous dites : « la derniere fois , vous vous etes avancée avec des positions sur la culture des quartiers , en l’occurrence , le Rap , qui faisaient plutôt peur au vu des amalgames et de la compréhension d’un problème à l’envers de ce qu’il est. ». Sachez qu’il s’agit pour moi d’une pure interprétation que vous faites de l’article. Vous avez bien eu une réponse à votre long commentaire et je suis désolée qu’elle ne vous ai pas convenue mais vous n’en aurez pas d’autre car je pense la situation du Rap telle que je l’ai décrite dans mon article. Ne perdez donc pas votre temps à tenter de me faire dire ce que je ne pense pas, d’autant que vous l’occupez déjà beaucoup à me faire dire ce que je n’ai pas dit. Et si comme vous l’évoquez, vous êtes toujours sur votre « faim », je vous conseille alors de grignoter un petit quelque chose. Mais évitez peut-être l’acidité, cela donne des aigreurs d’estomac. I.B.B.


                    • mcm (---.---.121.69) 5 février 2007 15:00

                      « C’est un bon à rien, on n’a jamais rien pu faire de lui et maintenant c’est trop tard, il est foutu ! ».

                      Voilà la formule du transfert incantée par une mère folle de frustration, sa déviance mentale est telle qu’elle lui fait transférer sa faillite sur le dos de son fils Ismael qu’elle livre au bon soi du politicien Bertrand.

                      Heureusement Isabelle employée de Bertrand aide le citoyen Ismael à sortir de la prison de l’oisiveté pour entrer dans la pécarité des stages fournis par Bertrand.

                      Bertrand punit le commerce de cannabis de Ismael plus sévèrement que celui d’emplois fictifs de Alain, logiquement, Alain a eu moins de mal à se réinsérer chez Bertrand que Ismael.

                      Voilà la formule du transfert incantée par Bertrand, sa déviance mentale est telle qu’elle lui fait transférer sa faillite sur le dos de son citoyen qu’il livre au bon soin d’Isabelle.

                      Isabelle après avoir guéri Ismael ne se sent pas elle-même guérie, alors Isabelle incante à la ronde la formule de la guérison d’Ismael en espérant un transfert de cette guérison sur elle-même.

                      Ramener un fou à son état normal, c’est d’autant plus dur que ni lui ni les autres ne savent plus à quoi peut bien ressembler cet état normal !!!


                      • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 13:13

                        Mcm, Je n’ai pas guéri mais juste accompagné Ismaël à un instant T, jeune homme, qui par ailleurs n’avait rien d’un fou. Il était comme beaucoup d’autres, en manque d’affection, d’attention et de repères... mais pertinent et asssez lucide malgré tout. Ce qui est d’autant plus rageant quand on sait qu’il a « décroché » ensuite ! I.B.B.


                      • clairette (---.---.171.225) 5 février 2007 16:01

                        @ Isabelle :

                        J’aime votre article, qui, une fois de plus, me fait réfléchir sur des jeunes que je ne connais pas « pour de vrai », puisque je n’ai pas l’occasion d’arpenter les cités dont vous parlez. J’apprécie que vous osiez dire, à chaque étape franchie avec Ismaël, vos doutes sur la manière utilisée, ou le bien-fondé de votre attitude.

                        Dans le travail que vous accomplissez au quotidien, il n’y a pas de règles valables pour tous. Il faut savoir s’adapter au cas par cas, et encore y aller tout doucement ou fermement selon le jour ! Je vous exprime mon estime pour le courage et la force que vous devez déployer : parfois des succés, mais sans doute beaucoup d’échecs, et là il faut surmonter, et recommencer, encore et encore...

                        Et encore... merci de nous faire partager votre expérience.


                        • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 13:15

                          A Clairette,  smiley I.B.B.


                        • Roland Gerard (---.---.2.45) 5 février 2007 16:21

                          merci pour ce témoignage qui donne confiance dans l’action éducative. L’écoute est au coeur de cette fonction d’éducation, dont tout être humain est porteur. Et puis comme vous avez raison, pourquoi se prendre la tête pendant des heures pour savoir si on doit passer un coup de fil, soyons humain tout simplement. Avec des plans comme le votre on vide les prisons, on redonne sa noblesse à notre projet collectif.


                          • Avatar (---.---.251.17) 5 février 2007 18:16

                            Demian,

                            Va draguer sur meetic, c’est là que tu auras le plus de chances.....

                            J’imagine que l’auteur a lu ton premier commentaire qui reflète l’océan d’ignorance dans lequel tu te noies...

                             smiley


                          • Avatar (---.---.251.17) 5 février 2007 18:26

                            Pardon ???

                            Un arbre, y’a a peu pres une heure.

                            Un gland, y’a 5 secondes...

                             smiley

                             smiley

                             smiley


                          • (---.---.7.126) 5 février 2007 21:22

                            se plaquer contre un arbre ça ressource, ça donne de l’énergie


                          • seb59 (---.---.180.194) 6 février 2007 09:05

                            @ Demian

                            Tout ce blabla pour dire que tu veux un rencard ?

                            Laisse tomber, Demian ! t’es trop vieux et pas assez connu pour notre belle auteur.

                            Meetic, t’as pas le niveau ; tu devrais plutot aller t’acheter une femme en russie.


                          • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 13:25

                            Demian, Il n’est point question ici de dressage, pas plus que de revenir sur le temps des colonies pénitencières (c.f. le poème de Jacques Prévert, "la chasse à l’enfant). Il est question de faire face à des situations éducatives nouvelles sans être nostalgique d’un passé inadéquat mais sans tomber dans le travers du déni, du tabou, de la langue de bois et surtout de l’angélisme ! En d’autres termes, une tentative d’analyse la plus fine possible et surtout la plus objective possible et une réponse qui s’inscrit dans une certaine mesure, entre le blanc et le noir (sans jeu de mot volontaire smiley), c’est à dire dans la nuance ! Voilà, ce que je propose, rien de plus ! Quant on parviendra à sortir du clivage gauche droite sur ce type de questions, on aura fait un pas énorme ! I.B.B.


                          • Avatar (---.---.251.17) 5 février 2007 18:29

                            Demian,

                            tu vas vraiment pas bien et tu le sais...

                            Voici donc la définition d’un arbre pour toi :

                            « vous savez les grandes boules vertes floues avec des petites taches de couleur qu’on appelle des fleurs... »

                            Pauvre M West.

                             smiley


                            • Avatar (---.---.26.202) 5 février 2007 21:07

                              Demian,

                              O grand Demian,

                              Toi qui est si cultivé

                              et si souvent pertinent,

                              tu devrais te rappeler

                              Qu’il vaut mieux se taire et passer pour un con

                              Que de l’ouvrir et....

                              Ne laisser aucun doute à ce sujet...

                               smiley

                               smiley

                               smiley


                            • Max POWER (---.---.164.192) 6 février 2007 08:04

                              Je soutiens Demian West dans son procès d’intention. Le choix d’un pseudonyme aussi marqué ne peut être innocent. Qu’un contexte culturel soit un facteur incontournable dans l’analyse du comportement d’un individu est indéniable mais, dans ce cas, il suffit d’expliciter ce contexte or ici, ce n’est pas le cas..

                              - Nous sommes ici ,dans le domaine de l’implicite, entre gens (supposés) du même univers idéologique, où un adolescent « à problèmes » digne d’être montré en exemple ne peut être qu’issu d’une communauté que l’on ne « connait » que trop bien..

                              - De plus, il est toujours dangereux de simplifier à ce point et de décrire un parcours aussi lisse et sans difficulté de résolution que celui du jeune I. peut faire croire qu’il suffit juste d’une rencontre avec des bons sentiments pour faire évoluer une personne.

                              - La réalité est malheureusement plus complexe et le métier d’éducateur de rue a, il me semble, évolué depuis « Chiens perdus sans colliers » vers plus de professionalisme.

                              Max Power


                            • Carlos (---.---.134.115) 6 février 2007 12:28

                              A Max THE POWER « Je soutiens Demian West dans son procès d’intention »

                              et bien pas moi !!!!

                              Article intéressant comme souvent et comme souvent certains se plaisent à démonter l’auteur, pour le plaisir de démonter, hein les gars ?! smiley .

                              Et lui trouver tous les défauts du monde. pfff


                            • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 11 février 2007 13:31

                              Max, Je vous invite à lire un commentaire que j’ai laissé à Demian à ce sujet. I.B.B.

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