Jeudi 31 janvier 2013 :
Chypre, petite île mais gros problème pour la zone euro.
Alors qu’elle pensait se rapprocher de la sortie de crise après trois
ans de tempêtes économiques, financières et politiques, la zone euro est
aujourd’hui rattrapée par les difficultés de Chypre, qui semblent combiner
certains des pires problèmes des dossiers grec, espagnol et irlandais.
Selon les dernières estimations des analystes, Chypre a besoin de 17,5
milliards d’euros d’argent frais, dont 10 milliards pour ses banques. Un
montant faible dans l’absolu mais qui représente près de 100% de son produit
intérieur brut (PIB), près de trois fois plus que dans le cas du Portugal.
Bien sûr, la zone euro peut se permettre d’accorder une telle aide. Le
problème, c’est que la République de Chypre et ses 800.000 citoyens risquent de
ne jamais être en mesure de la rembourser.
Autre difficulté : le Fonds monétaire international (FMI) ne prendra pas
part au plan d’aide, ce qui pourrait mettre en doute la crédibilité de
celui-ci.
"Chypre est, au niveau national, le risque le plus grave auquel la
zone euro est confrontée aujourd’hui", a déclaré la semaine dernière
Charles Dallara, de l’Institut de la finance internationale (Ifi), la
fédération d’institutions financières qui a négocié la restructuration de la
dette grecque l’an dernier.
La toute première demande d’aide extérieure de Chypre date de juin
dernier, mais les discussions régulièrement interrompues engagées depuis avec
la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI n’ont
pas permis d’aboutir.
Les négociations doivent entamer un nouveau cycle après l’élection
présidentielle prévue à Chypre le 17 février, ce qui peut théoriquement
permettre un examen d’un projet de plan d’aide par les ministres des Finances
de la zone euro fin mars. Mais certains responsables européens estiment que les
pourparlers pourraient se prolonger jusqu’en mai.
Quoi qu’il en soit, les grandes lignes probables du plan sont déjà
évoquées à Bruxelles et Nicosie, à savoir un programme de privatisations, une
réforme des retraites, un impôt exceptionnel, et une restructuration en
profondeur du secteur bancaire.
Mais même appliquées en totalité, ces mesures ne génèreraient pas de
recettes ou d’économies suffisantes pour permettre de ramener la dette
chypriote à un niveau soutenable.
Si le ratio d’endettement avoisine aujourd’hui 80% du PIB, un
renflouement extérieur le porterait sans doute à 140% ou 150% du PIB,
estime-t-on à Bruxelles.
http://www.capital.fr/bourse/actualites/chypre-petite-ile-mais-gros-probleme-pour-la-zone-euro-808048