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Commentaire de sam turlupine

sur Affligeant


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sam turlupine sam turlupine 3 février 2013 16:40

Nous avons donc affaire actuellement, avec la sécularisation de notre société, non seulement à la remise en question de principes intangibles d’origine transcendante qui fondaient notre société, mais aussi une sorte de course au pseudo-modernisme qui amène, elle, lentement, mais sûrement, au suicide collectif du peuple en tant que tel

Wouaww ! La « remise en question de principes intangibles d’origine transcendante » !!!! smiley

Chu tout impressionnationné !

Alors, pour y répondre, un petit texte de Sébastien Faure  :

INTANGIBLE adj.

Qui ne peut être touché ; qui échappe au sens du tout et, par extension, à qui il ne peut et ne doit être touché. C’est dans ce sens qu’on dit de certains principes proclamés évidents, de certaines affirmations considérées comme incontestables, de certaines vérités estimées définitives et absolues, que ces principes ; affirmations et vérités sont intangibles. En matière de religion, les croyances fondamentales sont déclarées intangibles  ; les personnes qui ont la foi doivent s’interdire de les discuter ou d’y apporter une modification quelconque. Les doctrines enseignées par l’Eglise catholique, doctrines auxquelles les écrivains catholiques appliquent le mot « Dogme », doivent être tenues pour indiscutables ; elles sont placées au-dessus et en dehors de toute controverse et de tout examen, contrôle ou vérification. Elles ont pour caractère l’immutabilité qui exclut toute retouche ou modification.

En morale, en philosophie et en sociologie, les Maîtres de tous les temps ont tenté de présenter ou, plus exactement, d’imposer comme étant d’une certitude absolue certains principes servant de fondement à leur système de domination. Ces principes une fois admis, la doctrine tout entière se développe, de conséquence en conséquence, à la façon d’une chaîne dont les anneaux se déroulent indissolublement liés.

Si, par exemple, en sociologie, on consent à admettre comme étant d’une nécessité absolue le principe fondamental d’Autorité et de Propriété privée, les théoriciens pourront imaginer à l’infini les formes d’organisation sociales, ils auront beau épuiser l’interminable théorie des systèmes d’agencement politiques et économiques, ils se trouveront fatalement enfermés dans le cercle vicieux où les emprisonnera le point de départ : le principe d’Autorité et de Propriété servant de base à la structure de toute société humaine et tenu pour nécessaire. Les philosophes et sociologues qui proclament l’intangibilité du principe d’Autorité se condamnent, sciemment ou à leur insu, à ne jamais sortir de 1’ornière. Vainement, ils parlent, en les exaltant, du Droit, de la Justice, de la Solidarité, de la Liberté ; vainement ils se flattent d’appliquer ces belles et nobles choses dans les systèmes plus ou moins ingénieux d’organisation sociale qu’ils préconisent ; les faits leur infligent le démenti le plus brutal et le plus catégorique. Dans les sociétés qu’ils bâtissent, il ne saurait y avoir ni véritable justice, ni droit équitable, ni solidarité réelle, ni liberté positive, parce que l’exercice du droit, de la justice, de la solidarité et de la liberté implique, à l’origine, et à toute époque, un contrat social librement débattu et consenti entre égaux. Or ne sont égaux et ne peuvent l’être - je défie qu’il soit raisonnablement possible de les concevoir ou imaginer égaux - des hommes dont les uns commandent et les autres obéissent (Principe d’Autorité), dont ceux-ci sont riches et ceux-là pauvres (Principe de Propriété privée).

Cette vérité, les anarchistes ne sont pas les seuls qui l’aient comprise ; mais seuls ils en ont poussé jusqu’à leur terme les inéluctables conséquences. Seuls, ils ont la conviction que les bases sur lesquelles les sociétés humaines ont reposé jusqu’à ce jour, sur lesquelles elles sont encore édifiées ne sont pas intangibles et qu’elles forment un cercle vicieux qu’il est indispensable de briser ; seuls, ils sont certains que, si violente, si formidable et si victorieuse qu’elle soit, toute révolution qui ne fera pas table rase des principes qui régissent la société bourgeoise, qui n’osera pas toucher à ces principes, parce qu’elle les considérera comme nécessaires et, par conséquent intangibles, aboutira à un avortement et non à la naissance d’un monde nouveau.

En vérité, rien n’est sacré ni « tabou » parce que rien, n’est fixe ni éternel. La vie se développe à travers d’innombrables transformations ; elle s’affirme par voie de modifications et changements indéfinis ; elle donne naissance à des formes constamment nouvelles faisant suite à des structures périmées. Rien donc, n’étant immuable, n’est intangible.


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