Affligeant
J’étais devant mon téléviseur assez tard, samedi soir 26 janvier 2013, écoutant l’émission de Laurent Ruquier « on n’est pas couché ». Il s’y est produit deux événements qui me semblent valoir la peine d’être discutés, car ils prouvent que la dérive de notre société française, celle qui l’emmène dans le mur, continue de plus belle.
L’invitée politique de l’émission était madame Tabarot, secrétaire général de l’UMP. Alors que l’on aurait pu s’attendre à un certain nombre de questions d’actualité, ne voilà pas que le « journaliste » Aymeric Caron, attaque madame Tabarot sur sa filiation, son père ayant été membre de l’OAS. La discussion, au final, n’a guère tourné qu’autour de cela. Or, on retrouve là une des antiennes de la presse française qui n’est tournée que vers le passé. Que nous importe ce qu’a pu faire le père de madame Tabarot ? Doit-elle porter à jamais gravée la tâche qu’auraient pu jeter sur elle les crimes de ses ancêtres ? Et jusqu’à quelle génération nos « journalistes » vont-ils remonter ? Faudra-t-il bientôt, comme au temps de Louis XIV, exhiber des quartiers de bon comportement comme on exhibait les quartiers de noblesse ? Je pensais, peut-être trop candide, que la révolution avait quelque peu balayé tout cela. Décidément, la France est bien repliée sur son passé ! Tellement, qu’à force de ne pas parler d’avenir, on est tenté de penser qu’elle n’en a tout simplement pas…
Il y eut néanmoins un sursaut de Laurent Ruquier, qui, peut-être sentant que l’essentiel de l’entretien avait porté sur un sujet de peu d’importance, a voulu parler, ce qui est d’actualité, du mariage homosexuel. Madame Tabarot, qui occupe de hauts postes concernant l’adoption, donna très rapidement sa position qui est celle actuelle de l’UMP. Il aurait été intéressant d’approfondir les questions, mais l’essentiel du temps ayant été consacré à parler de l’OAS, Laurent Ruquier a synthétisé en expliquant que l’UMP avait toujours un temps de retard, l’accusant de ringardise et prenant en exemple la peine de mort et le PACS pour lesquels la droite s’était positionnée contre initialement pour soutenir aujourd’hui ces dispositions.
Cette deuxième attaque mérite que l’on s’y attarde quelque peu. En effet, de plus en plus on voit se répandre en notre société comme une sorte de pseudo-modernisme qui tend à ringardiser tous ceux qui ne vont pas dans le sens voulu. Ainsi, madame Bachelot, alors ministre, avait-elle accepté la commercialisation du Red Bull parce que, disait-elle, ce produit était déjà commercialisé dans 22 pays sur 27 en Europe. En voilà une bonne raison ! Il en est de même pour la drogue où certains pays l’ont légalisée et d’autres ont suivi, tentant d’entraîner avec eux d’autres encore. Aurait-on oublié l’affaire de l’opium en Chine et sa finalité affichée du temps de la colonisation britannique ? D’ailleurs, le débat sur la drogue, hélas, on l’a vu avec Vincent Peillon, existe encore. Et s’il faut être progressiste comme monsieur Ruquier le souhaite, pourquoi ne pas directement proposer de la drogue dure en vente libre pour l’injecter dans les biberons et ainsi éviter les pleurs des enfants en bas âge ? En voilà du progressisme, monsieur Ruquier ! Vous êtes probablement contre cette proposition, mais alors, vous êtes super ringard !
Nous avons alors un problème majeur que l’on retrouve d’ailleurs en sciences, en mathématiques en particulier. Soit tout est relatif et notre démocratie ne nous protègera de rien, car la seule éthique démocratique est celle du nombre. Si, demain, le peuple souverain décide à la majorité que tuer son voisin est bien, alors ce sera bien. Si demain la drogue est en vente libre, alors si c’est le peuple qui l’a décidé, ce sera bien. Et, après tout, si l’on veut être progressiste jusqu’au bout, pourquoi un peuple n’aurait-il pas droit au suicide ? A la majorité de ses composants ? Si l’on veut sortir de cette spirale infernale, il n’y a qu’une solution, celle d’élaborer des principes intangibles, ce que l’on appelle des axiomes en mathématiques, c’est-à-dire des propositions considérées comme vraies sans démonstration et a priori. Ces principes intangibles existent depuis des millénaires. Dans la société juive par exemple, le décalogue, avec le « tu ne tueras point », fixe des principes intangibles. Et les juifs étaient des gens intelligents. En effet, un principe intangible élaboré par un homme ou une société, n’est en aucun cas transcendant. Sa remise en cause est donc très facile. Et c’est ce qui est arrivé à maintes reprises dans nos sociétés sécularisées. Le décalogue étant d’origine transcendante il ne souffre pas, lui, ce défaut congénital. Les vérités absolues ne peuvent pas venir de ce monde, le théorème d’incomplétude de Gödel, en quelque sorte, l’a démontré.
Nous avons donc affaire actuellement, avec la sécularisation de notre société, non seulement à la remise en question de principes intangibles d’origine transcendante qui fondaient notre société, mais aussi une sorte de course au pseudo-modernisme qui amène, elle, lentement, mais sûrement, au suicide collectif du peuple en tant que tel (drogue en vente libre, etc.). Bien entendu, tous les sujets ne sont pas d’égale importance, mais tout ce qui va dans le sens de l’affaiblissement de la transcendance est bon à prendre pour ces partisans du suicide collectif. On sait, au moins depuis Rome, que les empires s’effondrent avant tout d’eux-mêmes. Ceux-là mêmes qui aujourd’hui sapent les fondements de notre société travaillent à notre effondrement. Ils usent pour cela de stratagèmes bien connus : politique des petits pas (en mathématiques cela s’appelle la dérivée. Elle peut être faible, mais du temps qu’elle est négative on s’en contente tout en essayant de jouer sur la dérivée seconde pour augmenter la négativité de la dérivée première), mais aussi, avec l’avènement des médias, la « ringardisation » affichée de ceux qui ne s’en laissent pas compter. Cela s’avère très facile. En effet, le respect des principes intangibles requiert un certain effort alors que l’inverse, n’en requiert pas. « On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre » dit l’adage. Et nous pouvons hélas le vérifier tous les jours.
Voilà pourquoi le progressisme vaincra toujours et voilà pourquoi, monsieur Ruquier, un jour, vous serez ringardisé à votre tour, par plus progressiste que vous, plus médiatique, plus démocratique que vous et qui brûlera en place publique les derniers oripeaux de transcendance des fondements de notre société… Juste avant sa chute !
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