Très bon article.
Je préfère laisser la parole à une « plume » bien
plus acérées que la mienne :
Voici la fin d’un texte visionnaire de Philippe Murray, publié
en septembre 2004 :
« On publia des sondages dans lesquels la société
française déclarait qu’elle était d’accord pour applaudir aux
évolutions de la société française, mais de grâce, qu’on
arrête de lui brailler dans les oreilles. Les partisans du
néo-mariage expliquèrent à la fois qu’il ne fallait pas
interpréter leur demande comme une volonté de normalisation ou
comme un désir d’imitation mais qu’il y avait de ça quand même,
et que d’ailleurs ils se moquaient des institutions dont ils
étaient exclus, sauf que le seul fait d’en être exclus leur
apparaissait comme un outrage. Réclamant en même temps le droit à
la différence et à la similitude, exigeant de pouvoir se marier par
conformisme subversif et pour faire « un pied de nez à la
conception traditionnelle du mariage » (comme l’écrivent
encore les impayables Christophe Girard et Clémentine Autain), ils
affirmaient aussi que ce même mariage, à la fois convoité et
moqué, revendiqué pour être rejeté, et de toute façon transformé
s’ils y accédaient jusqu’à en être méconnaissable, serait un
remède souverain contre « l’alarmant taux de suicide »
qui sévit chez les jeunes homosexuels, ce qui laisse supposer que
ces derniers se suicident tous par désespoir de ne pouvoir convoler
officiellement. On aurait pu imaginer d’autres motifs.
Mais ces réflexions tomberont très bientôt sous le coup des
lois anti-homophobie qu’un gouvernement vassalisé par les
associations se prépare en toute sottise à faire voter. Mieux vaut
donc se taire. Par-delà le néo-mariage, en effet, et quelques
autres revendications divertissantes (suppression de la mention
relative au sexe sur les papiers d’identité afin d’en terminer
avec les « problèmes kafkaïens rencontrés par les individus
de sexe mixte, hermaphrodites, transsexuels, transgenres », ou
encore « dépsychiatrisation des opérations de changement de
sexe »), c’est la réduction au silence du moindre
propos hétérodoxe qui se profile, c’est l’écrasement légal
des derniers vestiges de la liberté d’expression, c’est la mise
en examen automatique pour DELIT DE LUCIDITE. Il est urgent que
personne ne l’ouvre pendant que se dérouleront les grandes
métamorphoses qui s’annoncent, dont ce petit débat sur
l’effacement de la différence sexuelle est l’avant-propos. Le
néo-mariage, dans cette affaire, n’est que l’arbre baroque qui
cache la prison. »
Et, aussi, dans « Les
particules élémentaires » de
Houellebecq (1998)
Page116 :
« Comme
l’indique le beau mot de « ménage » , le
couple et la famille représentaient le dernier îlot de communisme
primitif au sein de la société libérale. La libération sexuelle
eut pour effet la destruction de ces communautés intermédiaires,
les dernières à séparer l’individu du marché. Ce processus de
destruction se poursuit de nos jours »