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Commentaire de docdory

sur Interdire la fessée !


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docdory docdory 8 février 2013 14:16
@ Chalot

1°) Le parlement français passe son temps à voter des lois concrètement inapplicables. Ainsi en est-il, par exemple, de la loi sur l’accessibilité des lieux publics aux handicapés. Si on voulait l’appliquer sans dérogations pour les cabinets médicaux, il deviendrait impossible pour tout médecin de s’installer dans le centre d’une ville ancienne, sauf à se mettre en faillite définitive pour diligenter les aménagements d’un coût totalement prohibitif prévus par la loi ! 

Imaginons que le parlement, dans son imbécillité actuelle, se décide à voter une loi interdisant la fessée. Il existe deux sortes de fessées : celles administrées dans les lieux privés et celles administrées dans les lieux publics.

a) On voit mal comment vous feriez pour faire appliquer cette loi dans les lieux privés, sauf à installer d’orwelliennes webcams dans toutes les pièces de toutes les maisons, surveillées 24 heures sur 24 par des millions de fonctionnaires de police.
Ou alors, il faudrait un numéro gratuit « SOS fessée » que les enfants pourraient appeler à tout moment, et relié au bureau d’un juge d’astreinte. 
Un enfant irait porter plainte à la police pour une fessée reçue chez lui ? A supposer que la police ne l’expédie pas dehors à coups de pieds aux fesses, et que l’affaire arrive jusqu’à un procès, ce serait la parole des parents contre celle de l’enfant, vu que les fessées ne laissent pratiquement jamais de traces. Or, on sait depuis le procès d’Outreau ce que vaut la parole des enfants : rien ou presque !
Par ailleurs, imaginons les effets désastreux d’une telle loi dans les affaires de divorce. On sait déjà qu’une des tactiques favorites des femmes pour retirer le droit de garde à leur ex-mari est de les accuser fallacieusement d’inceste ou de maltraitance. Il leur serait encore plus facile de les accuser de fessées ( l’inverse d’ailleurs deviendrait vrai, les ex-maris accuseraient leur ex-femme de fessées ). Imaginons le cauchemar que vivraient dans ce cas les juges aux affaires familiales pour démêler le vrai du faux !

b) en ce qui concerne les fessées dans les lieux publics, il y a peu de chances que le citoyen lambda appelle la maréchaussée parce qu’il a vu une mère en coller une bonne à un type d’enfant du genre qu’on voit souvent : ceux qui font des comédies insupportables dans les queues de supermarchés et vrillent les tympans de dizaines de personnes avec leurs revendications . En général, quand la fessée arrive, tout le monde rit sous cape en pensant : « eh bien, il était temps qu’il s’en prenne une, ce sale gosse » .
L’autre jour, alors que je faisais la queue au commissariat pour porter plainte contre un vol commis dans mon cabinet, une femme passa avant moi : elle était convoquée pour récupérer ses deux gamins de 10 et 12 ans à vue de nez, qui avaient semble t-il caillassé un bus . Sortie du bureau de l’inspecteur, elle se mit à les torgnoler à tours de bras dans le hall de l’hôtel de police, devant les flics complètement hilares. Lorsqu’elle quitta les lieux, après avoir menacé devant tout le monde ses morpions d’une raclée mémorable à la maison, tous les flics présents dans le hall éclatèrent de rire en disant qu’il en faudrait plus, des mères comme ça !
Imaginez-vous un seul instant que ces mêmes flics iraient, dans quelques années, se lancer dans une enquête policière pour savoir si l’accusation de fessée lancée par un enfant contre ses parents serait fondée ? Vous rêvez un peu, là, non ?

c ) Il y a actuellement environ 26 millions d’enfant de moins de 18 ans en France. A supposer que chacun d’entre eux se reçoive une fessée par an, cela ferait 28 millions de procès potentiels pour fessée ! A supposer que seulement 5 % de ces fessées arrivent au tribunal, ça ferait 1 300 000 procès supplémentaires à supporter chaque année par une institution judiciaire déjà totalement débordée . A raison de 10 procès par jour ouvrable , soit environ 2500 par an pour un juge, il faudrait nommer 520 juges supplémentaires, et même deux fois plus, puisque dans un procès , il y a le procureur et le juge , donc ce seraient plutôt 1040 magistrats supplémentaires qu’il faudrait nommer, rien que pour les « procès en fessée » Sachant qu’un magistrat coûte, salaire et charges sociales incluses, environ 45000 euros par an aux contribuables, cela ferait 45 millions d’euros à trouver rien que pour ça .... ( et cela sans compter les procès en appel et les pourvois en cassation, ainsi que le coût supplémentaire en greffiers ! ). 
Là encore, ce seraient les parents pauvres qui trinqueraient en priorité, les riches pouvant aisément se payer de bons avocats pour bénéficier à coup sûr d’un non-lieu.

2°) Votre argument selon lequel 22 pays européens ont adopté déjà une loi contre la fessée est le type même d’argument que l’on pourrait qualifier de panurgisme pseudo-progressiste. Cet argument est ressorti à chaque fois que l’on veut imposer aux français une « réforme » plus que douteuse. Citons pêle-mêle les incroyablement stupides « salles de shoot », la légalisation du cannabis, le mariage et l’adoption homosexuels, l’euthanasie, le droit de vote des étrangers et autres « progrès » hautement indésirables. Ce n’est pas parce que 22 pays, fussent-ils membres de l’UE, décident des âneries qu’il faut en faire autant !

3°) Quant à la violence dans les écoles, je pense qu’un minimum est nécessaire. Lorsque j’étais en primaire, à la moindre incartade, on se prenait un coup de règle sur les doigts. Une fois qu’on avait vu la tête que faisaient ceux qui s’en prenaient un, le silence absolu régnait dans la classe pendant le mois suivant, et donc, on faisait à l’école ce qu’on ne fait plus maintenant : apprendre les fondamentaux. 
A l’époque, personne n’entrait en 6ème s’il ne maîtrisait pas l’ensemble des conjugaisons y compris l’imparfait du subjonctif, et s’il ne maîtrisait pas les quatre opérations, y compris les divisions avec des chiffres après la virgule, du genre 0,0275 divisé par 0,33 ! Ce brillant résultat valait bien quelques coups de règles, non ?

Quand j’étais au collège, je me rappelle avoir vu un élève qui avait fait une exaction somme toute modérée eu égard aux standards actuels, se faire rouer de coups par terre à la récréation devant tout le monde par le sous-directeur. Inutile de dire que, ensuite, aucun autre élève ne s’avisa de faire la même chose. A cette époque, aucun parent n’aurait eu l’idée de porter plainte...
Quelle est la plus grande violence, celle de cette époque révolue, ou celle de notre époque, où certains élèves de certains quartiers arrivent au collège la peur au ventre de se faire racketter ou tabasser au moindre prétexte par leur condisciples, et où les enfants passent toute leur journée dans une pagaille et un brouhaha indescriptible, sans rien apprendre, parce que quelques élèves perturbateurs empêchent les cours de se dérouler normalement ? ( cf le film « entre les murs » ) ... La question mérite d’être posée !

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