@ l’auteur
Les arguments que vous exposez ici, on les connaît déjà. Ce sont ceux du discours mainstream pro-occidental. On les entend partout, sur tous nos médias bien disciplinés, chez Yves Calvi et Elisabeth Quin et leur inénarrables « experts » en politique, chez les Tunisiens que nos journalistes interviewent à chaud dans la rue mais qui sont tous cultivés (ils parlent bien français) et qui appartiennent sans doute à la classe aisée (on ne va pas demander son avis au paysan rural qui se déplace en âne).
Ce genre d’arguments a été immédiatement avancé avec une parfaite unanimité dans tous les pays atlantistes. Présenter le gouvernement tunisien comme étant le commanditaire de l’assassinat de Chokri Belaïd arrange manifestement ces pays. Les choses se passent exactement comme en 2005 où les médias et les politiques pro-occidentaux avaient aussitôt accusé le régime syrien d’être à l’origine de l’assassinat de Rafiq Hariri au Liban. Il fallait discréditer la Syrie aux yeux de l’opinion mondiale, même si aucune preuve formelle n’a pu être apportée depuis sur l’implication de la Syrie. Par contre on sait ce qui est arrivé dans ce pays par la suite...
Est-ce pour cela que vous ne voulez pas d’enquête sur la mort de Belaïd ? C’est une position curieuse : d’habitude, quand un crime a été commis, on mène des investigations et on essaye de collecter des éléments probants avant de désigner le coupable... En fait, ce qui vous intéresse est moins la recherche de la vérité que de mettre tout de suite en cause un gouvernement démocratiquement élu par une majorité de Tunisiens. C’est votre droit. Mais au moins, parlez en votre nom, à la rigueur au nom des 40 000 citadins qui manifestaient aux funérailles de Chokri Belaïd. Pas au nom de tous les Tunisiens que, jusqu’à preuve du contraire, vous ne représentez pas et dont nos médias ne nous font pas entendre la voix.