Cessez donc de vouloir appliquer ce qui se fait en Suisse à la France. Il est absolument impossible de plaquer une démocratie directe sur l’organisation politique française.
En Suisse, il y a une politique de consensus entre différentes sensibilités, alors qu’en France il s’agit d’une politique d’affrontement entre blocs.
La toute première condition pour faire vivre une démocratie directe, c’est, au niveau parlementaire, la représentation proportionnelle. La deuxième condition, c’est la participation de tous les grands partis au gouvernement, en quelle que sorte, une représentation proportionnelle au niveau du gouvernement. Faute de quoi, une opposition forte, peut, par le biais du référendum, totalement bloquer l’action du gouvernement. Cela s’est vérifié au gouvernement cantonal genevois durant les 4 ans qu’a duré un gouvernement monocolore, celui-ci n’a absolument rien pu faire, totalement bloqué par des référendums qu’il a systématiquement perdu. Genève en est revenu maintenant, après une seule législature, à un gouvernement de consensus.
Pouvez-vous imaginer en France un gouvernement formé, ensemble, par le PS, l’UMP, l’UDF, le FN ? C’est pourtant ce qui existe en Suisse (l’équivalent du FN en Suisse étant plus modéré que le FN français), l’opposition parlementaire ne représente, au maximum que 10 % des citoyens.
Évidemment, la politique suisse est très peu spectaculaire et les décisions lentes à se prendre, tout se passe lors de négociations, parfois longues, de compromis : « tu me passes le poivre, je te passe le sel », ces compromis étant le résultat du rapport de force entre parti, le parlement ne faisant qu’entériner le résultat des discussions préalables.
Un autre instrument intéressant (mais, à mon avis, impensable en France où la France du haut, par définition, « sait »), c’est la procédure de consultation. Avant de proposer un projet de loi, le gouvernement prend l’avis des milieux concernés (syndicats, organisations patronales, milieux religieux, organisation de consommateurs, etc), le résultat de cette consultation peut modifier le projet de loi, qui sera ainsi plus conforme à ce que demande une majorité des citoyens. Cela évite des référendums.
Non, la France est loin, mais alors très loin, de passer à un système de démocratie directe. Au surplus, il faudrait procéder à une décentralisation non pas uniquement administrative (comme maintenant en France), mais législative, que les régions aient un parlement pouvant promulguer des lois, un gouvernement, etc. Et, encore une fois, on est très loin de la culture jacobine prévalant en France.
En plus, est-ce que cela serait une bonne chose ? J’en doute, les structures politiques se calquent plus ou moins sur le génie d’un peuple, vouloir les bouleverser n’est pas forcément idéal.