Les mandéens victimes de la guerre en Irak —par Chris Newmarker—
[12/02/2007 14:23]
TRENTON, New Jersey (AP) — Plus de 60.000 au début des années 1990, les mandéens ne sont aujourd’hui qu’entre 5.000 et 7.000 en Irak : ces adeptes d’une religion minoritaire reconnaissant Jean-Baptiste pour prophète comptent parmi les victimes de la guerre qui ensanglante le pays depuis près de quatre ans.
Avec les meurtres, les viols, les conversions forcées et les confiscations de propriétés par des extrémistes islamistes, nombre de mandéens ont fui le pays, selon un récent rapport réalisé par la Mandaean Society of America, sise dans le New Jersey.
Si l’on en croit les dirigeants mandéens, des dizaines de milliers de fidèles vivent désormais éparpillés à travers le monde, dont une communauté aux Etats-Unis concentrée autour de New York et de Detroit. Et certains s’inquiètent que cette religion disparaisse, en particulier avec les mariages mixtes.
« Nous n’avons pas beaucoup d’espoir de survivre (au-delà de) deux à trois générations », estime de fait le Dr Suhaib Nashi, un pédiatre de 53 ans, membre de la direction de la Mandaean Society of America.
Pour les spécialistes de la culture mandéenne, leur disparition représenterait une grande perte, la fin d’un mouvement religieux remontant à l’époque de l’Empire romain. Les mandéens, gnostiques du Moyen-Orient, définissent leur religion dans la lignée de Jean-Baptiste et le reconnaissent pour prophète. Ils prônent le baptème pour se rapprocher d’un « monde de lumière », meilleur à leurs yeux que celui régnant sur Terre.
Ce mouvement « représente une tranche de la culture du Moyen-Orient avant la montée de l’Islam. C’est une vue sur un ancien monde. Et franchement, nous n’en savons pas beaucoup », observe Charles Haberl, spécialiste du Proche-Orient à la Rutgers University.
L’universitaire, qui prévoit de faire réimprimer l’un des principaux livres saints des mandéens pour la première fois en près de 150 ans, estime qu’une « énorme tradition littéraire » pourrait prochainement disparaître.
Contraints de quitter l’Irak et l’Iran, nombre de mandéens se sont adaptés à leurs nouvelles conditions de vie, connaissant une réussite financière en tant que médecins, ingénieurs ou bijoutiers, d’après le Dr Nashi. Mais nombreux sont aussi les représentants de la jeune génération à avoir épousé des femmes qui ne font pas partie de la communauté, suscitant des interrogations sur la survie du rite.
En Irak, les quelques milliers de mandéens qui y résident encore sont soumis à des conditions de vie de plus en plus dangereuses. Du temps de Saddam Hussein, ils étaient d’une certaine façon protégés par le gouvernement, qui surveillait les affrontements entre musulmans chiites et sunnites. Mais aujourd’hui, ils sont visés par des extrémistes de tous bords.
Le Dr Nashi raconte qu’un de ses cousin du côté paternel, Souhail Jani Sahar, a été tué par des chiites en novembre. Un cousin plus éloigné, du côté maternel, Yahya al-Chouhaily, a lui été tué par des sunnites en juin.
Tant le Dr Nashi que Mamoun Abdoulaimi, un mandéen de 60 ans vivant dans l’Etat de New York, sont convaincus qu’il ne restera bientôt plus de mandéens en Irak. D’après eux, des milliers d’adeptes ont trouvé refuge en Jordanie et en Syrie, mais rencontrent encore des problèmes.
Pour Jorunn Buckley, du Bowdoin College de Brunswick (Maine), qui a étudié le mandéisme et témoigné pour des adeptes de la religion devant des tribunaux américains, les Etats-Unis pourraient oeuvrer davantage afin que les mandéens quittent le Moyen-Orient.
Interrogé sur ce point, un porte-parole du département d’Etat renvoie aux propos tenus le 17 janvier par la secrétaire d’Etat adjointe Ellen Sauerbrey, qui garantissait « la même considération » pour les « populations spéciales » (minorités religieuses) d’Irak que pour les autres communautés. AP
Les gentils extrémistes islamistes qui n’aiment pas seulement que l’on ne caricature pas leur prophète , mais qui n’aiment pas non plus les mécréants et le mieux quand vous n’aimez pas c’est d’exterminer nest-il pas ?