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Commentaire de Alexis Dayon

sur « Mariage pour tous » et sens de l'Histoire


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Alexis Dayon Alexis Dayon 11 février 2013 11:59

Merci pour cet article, à l’évidence rédigé avec sincérité et conviction.

J’aimerais néanmoins - à défaut de me trouver l’inspiration ou la force de me lancer dans une longue argumentation - rapporter ici une anecdote familiale, dont je n’aurai pas la prétention de décréter qu’elle fasse force d’argument, mais qui ne me semble pas dénuée de sens.

Assez fondamentalement, je dois m’avouer réticent face à cette sorte d’ébahissement devant l’ordre naturel, qui se trouve dans le discours prônant le "droit de l’enfant à avoir son père et sa mère". Disjoindre l’engendrement - c’est-à-dire la biologie - de la parentalité, qui elle, est morale, éducative, sociale, affective... cela me semble heureux. J’ai vu une de mes jeunes cousines se faire lentement détruire à cause de cette stupidité béate des services sociaux qui les amenaient à proclamer la main sur le cœur que l’intérêt souverain de la gamine était de vivre auprès de ma tante, une bipolaire alcoolique, méchante, irresponsable et violente, au seul prétexte que celle-ci était sa génitrice. Ma mère, dès les premiers signes inquiétants, s’était proposée d’accueillir la petite ; on lui a dit : "Mais comment ? Vous voulez séparer cette fillette de sa mère ? Vous ne vous rendez pas compte des conséquences ? Vous mesurez votre égoïsme ?". Les mêmes sont revenus vers ma mère, quinze ans plus tard, pour lui demander si elle était toujours prête à accueillir sa nièce parce qu’effectivement, il s’était avéré depuis que ma tante était légèrement dangereuse (elle avait défoncé la porte de la chambre de ma cousine à coups de hache ou de marteau, je ne sais plus bien). Sauf qu’entre temps, la gamine était devenue fugueuse, kleptomane, se droguait, etc. et que ma mère, avec quinze années de plus, approchant la soixantaine, ne s’en est pas sentie la force.

Voilà tout le bien que je pense du "droit de l’enfant à avoir son père et sa mère".

Et voilà, au-delà, le bien que je pense de cette attitude consistant à fixer l’ordre naturel comme un exemple. L’ordre humain - tout ce qui vise à élaborer une culture ou à proclamer des droits - est très précisément une rupture de l’ordre naturel, car si l’ordre naturel suffisait, s’il pouvait effectivement être érigé en modèle, alors précisément la culture et le droit n’auraient aucune raison d’être. L’ordre naturel est un ordre arbitraire et infâme, fondé sur l’adaptabilité et sur la force. Le seul fait de proclamer l’idée d’un « droit », jusqu’au tout premier - le droit à disposer de soi -, est une négation fondamentale de l’ordre naturel.

Bonne journée.


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