Il faut déjà bien préciser ce que l’on entend concrètement par émeutes de la faim.
Loin de moi l’idée de minimiser ce qui s’est passé en 2008 partout dans le monde, les émeutes étaient dans un grand nombre de pays des émeutes « des prix chers » plus que « de la faim ». Bien entendu, cela ne change rien aux difficultés du milliard d’humain (! !!) en sous nutrition.
En ce sens, si par « émeutes de la faim » vous entendez « émeutes des prix alimentaires chers » , elles sont peut probables en UE, la part alimentaire ne cessant de diminuer dans le budget des ménages.
Si vous entendez « émeutes de la faim » par « émeutes de personnes n’ayant pas de quoi manger », je ne pense pas non plus qu’elles puissent survenir en France, où un nombre très très faible de personnes sont en situation de sous nutrition.
La baisse du budget UE alloué aux plus démunis reste cependant un drame, même si je suis d’accord avec les commentaires précédents sur le fait que le bénévolat, les dons et autres associations caritatives ne servent que de rustine dans un système qui mériterait d’être profondément révisé.
Par contre, des émeutes sont belles et bien possibles dans l’UE, si la crise structurelle (d’une n’entraîne pas une modification des comportements politiques et individuels, avec des arbitrages plus équitables entre individus. Ce n’est pas tant que les plus pauvres n’ont plus de quoi vivre en soi, c’est que l’image d’une vie simple et laborieuse n’est pas en adéquation avec l’idéal sociétal mis en avant depuis des dizaines d’années, celui d’une consommation forte de bien et services.
Hors, le niveau de vie moyen des populations européennes, sous entendu en « niveau de consommation de biens et services », est structurellement en déclin, et c’est cela que nous n’arrivons pas à assimiler suffisamment rapidement, et c’est compréhensible ; la crise de ces 5 dernières années, dont le déclencheur est certes étranger à l’UE, n’est qu’un révélateur brutal d’une réalité, celle de la fin inévitable d’un modèle, car non durable.
Si ce changement de modèle n’est pas suffisamment voulu par les décideurs politiques, si l’équité (et non l’égalité) du partage des richesses n’est pas suffisamment rétablie, alors oui, dans cette période de déclin, des émeutes de l’injustice pourraient éclater en Europe.
Emeutes qui resteront vaines si les émeutiers ne sont pas prêts à modifier eux-aussi leurs comportements consuméristes.
La prise de conscience sera collective ou ne sera pas.