Rwanda-RDC : La théorie du « Double Génocide », une ancienne nouveauté mitterrandienne.
Cette phrase de François Mitterrand résume bien sa funeste théorie du « double génocide » au Rwanda :
« Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important ». (1)
« NÉGATION DU GÉNOCIDE AU RWANDA (2)
Le génocide des Tutsi au Rwanda a donné lieu à des analyses ou des lectures qualifiées denégationnistes par leurs critiques. La reconnaissance juridique de ce génocide par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, institué par le Conseil de sécurité de l’ONU, constitue la base internationale de droit qui fonde sa réalité avérée et certifiée et de parler, à propos des contestations et remise en cause de son existence, de négationnisme.
À la négation des événements qui relève du négationnisme, on peut encore ajouter les polémiques provoquées par l’utilisation du terme génocides (au pluriel) par des responsables politiques, ou portant sur la question des divers soutiens apportés au gouvernement rwandais avant et pendant le génocide.
LES DIVERSES EXPRESSIONS DE CE NÉGATIONNISME
La négation pure et simple
La négation pure et simple considère qu’il n’y a eu au Rwanda que de simples massacres de masse, dont la quantité aurait été délibérément grossie par la propagande pro-FPR. Dans les procès devant le TPIR, plusieurs accusés ont tenté de contester l’existence d’un génocide au Rwanda. Conscient du temps perdu dans chaque procédure, le TPIR a fini par décréter que le génocide n’a plus besoin d’être prouvé.
La théorie du double génocide
Une très vive polémique est entretenue par les courants soutenant l’ancien régime rwandais, dont les autorités françaises restèrent proches jusqu’à l’élection de Nicolas Sarkozy. Ils soulignent qu’une plainte a été déposée en 2005 devant la justice espagnole contre les chefs de l’Armée patriotique rwandaise (le bras armé du FPR) de Paul Kagame pour des crimes commis au Zaïre en 1996 contre les réfugiées hutu et les citoyens espagnols d’une association humanitaire. Ils font aussi valoir qu’une instruction judiciaire a été menée en France sur les causes de l’attentat du 6 avril 1994 par le juge Bruguière. Ils en concluent que ces procédures remettent en cause l’interprétation des faits relatés ci-dessus au profit de la thèse du double génocide, assimilant les attaques menées par le FPR, au début des années 1990 au Rwanda et en 1996 au Zaïre, à un génocide des Hutu mené par les Tutsi. Des personnalités et des militaires français, comme François Mitterrand, Dominique de Villepin, Pierre Péan, le Colonel Hogard ou Bernard Debré, le périodique AfriquEducation, défendent ou ont défendu aussi l’idée d’un double génocide.
La qualification de génocide des Hutu a cependant été refusée par la communauté internationale, car les exactions commises par des Tutsi contre des Hutu ne présentent pas le critère prépondérant d’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe parmi ceux protégés par la Convention du 9 décembre 1948 sur le génocide. Les autorités rwandaises, les rescapés du génocide (Ibuka), Bernard Kouchner, le Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Fillon, des journalistes comme Patrick de Saint-Exupéry (Le Figaro), Jean Chatain (L’Humanité),Colette Braeckman (Le Soir), des ONG internationales telles que la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Human Rights Watch, Amnesty International ou françaises comme la LDH, le CCFD, la Cimade, Survie et SOS Racisme, estiment que si des crimes sont à reprocher au FPR, ils ne peuvent être qualifiés de génocide et ne peuvent être opposés « en miroir » au crime de génocide du Hutu Power en 1994.
Lors de son audition par la mission d’information sur le Rwanda, Eric Gillet, membre du bureau exécutif de la FILDH déclarera : « S’agissant du FPR, l’objectif du génocide ne pouvait être retenu, dans la mesure où un groupe représentant 15 % de la population ne pouvait raisonnablement envisager d’éliminer les 85 % restants. Des massacres sélectifs, aux effets similaires, du type de ceux commis au Burundi en 1972 n’en restaient pas moins possibles. Même s’il n’est pas allé jusqu’à de telles actions, le FPR s’est conduit avec une grande violence qui n’est pas davantage justifiable, bien qu’en termes existentiels sa logique soit différente. Outre les massacres qu’il a commis à plusieurs reprises, il a en particulier refoulé des populations considérables devant lui, provoquant de très importants mouvements de déplacés, en particulier en février 1993. Il n’en reste pas moins que, notamment pour des raisons juridiques, il n’est pas possible d’établir une égalité entre le génocide et les violations des droits de l’homme commises par le FPR. »
Les rapports du sénat belge ou de la Mission d’information parlementaire sur le Rwanda des députés français, de l’ONU, de l’OUA constatent, sans aucune ambiguïté possible, le génocide des Tutsi, ainsi que le massacre des démocrates Hutu modérés qui pouvaient le faire échouer. En revanche, ils n’évoquent pas un éventuel génocide des Hutu. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, déclarait en mars 2008, dans la revue Défense nationale et sécurité collective, dont le comité d’études est présidé par le général Christian Quesnot, ancien chef d’État-major particulier de François Mitterrand :
« Je ne peux pas cautionner cette vision simpliste et infamante qui fait des Tutsis les responsables de leur propre malheur, pas plus que je ne peux supporter d’entendre certains défendre la thèse d’un double génocide Tutsi et Hutu. »
Ils qualifient cette théorie du double génocide de révisionnisme, voire de négationnisme. L’historien Yves Ternon, qui s’est penché dans ses recherches sur les génocides à travers leXXe siècle, estime que la théorie du « double génocide » n’est rien d’autre qu’une façon de nier le génocide des tutsis : « Le négationnisme se structura autour de quelques affirmations qui permettaient de dissimuler l’intention criminelle – constitutive du crime de génocide – sans nier la réalité des massacres et de soutenir la thèse du “double génocide” »
(voir suite ci-après)
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