Le malheur, peut-être le ciel, veut plutôt que chaque fois qu’un gouvernement africain essaie d’aller dans le sens des intérêts de son peuple, il est aussitôt renversé par des putschistes payés par la France ou par les Etats-Unis. Quand les putschistes n’y arrivent pas, la France et les États-Unis interviennent directement militairement. Faut-il rappeler le cas de Lumumba, Sylvanus Olympio, Modibo Kéita, Sankara, Laurent Gbabo et tant d’autres ? Mon Cher Jean-Marie Mutobola, vous oubliez un peu trop vite la traite négrière du passé, le colonialisme, d’hier et le néo-colonialisme d’aujourd’hui, les forces extra-continentales militaires, économiques, financières, culturelles, etc. qui broient les peuples africains, c’est-à-dire les forces les plus brutales qui aient pu jamais s’abattre sur un continent. Vous ignorez sans doute le cas des amérindiens.
Cher Sam Latouche _ Je partage entièrement votre
présentation et analyse dans cet article intitulé « les nouveaux barbares » désignant ainsi la prédation conjointe de la France et des Etats-Unis en
Afrique. J’ajoute toutefois quelques précisions complémentaires pour vous
appuyer. Parmi les pays où la
France exploite gratuitement l’Uranium, vous avez omis de
citer le Gabon où, comme au Niger, AREVA pollue impunément et cyniquement l’environnement et
la nature au mépris le plus total de la santé des populations.
En ce qui concerne le « panafricanisme » de Kadhafi, il
faudrait plutôt le qualifier par le néologisme « panafricarabisme ». En effet, le « panafricanisme » de Kadhafi, au
lieu de promouvoir la culture africaine, consistait à propager la culture arabe
par la construction des mosquées et des écoles coraniques. Kadhafi poursuivait
en somme les mêmes objectifs que les jihadistes qui ont envahi le Mali. Mais,
contrairement aux jihadistes, la méthode de Kadhafi était la méthode douce, la
méthode de la carotte tendue aux régimes néocoloniaux africains kleptocrates
comme vous les avez si bien décrits. Kadhafi ayant brutalement été tué et son
régime abattu, l’armée de Kadhafi s’est instantanément mise en devoir d’essayer
de parachever l’œuvre d’arabisation planifiée par Kadhafi avec le renfort d’Al-Qaïda
à la faveur de la guerre de Lybie.
Mr Sylvain _____ Votre critique ne
s’adressait pas à moi. Dont acte. Quant à Victor Hugo, vous persistez à
considérer que son discours est dépassé. Mais voyons, c’est pourtant
évident ! Voici très succinctement les faits.
1879 : Victor
Hugo prononce son discours sur l’Afrique appelant les européens à se partager
l’Afrique
1884 :
Conférence coloniale de Berlin entre les pays européens pour le partage de
l’Afrique
1914-1918 :
Première Guerre mondiale – Repartage de l’Afrique
1939-1945 : Le
partage de 1914-1918 de l’Afrique n’est pas remis en cause
1960 : Les
indépendances en Afrique reconduisent et consolident définitivement le partage
de 1914-1918. Voir charte de l’OUA et de l’UA sur l’intangibilité des
frontières héritées de la colonisation
1960-2013 :
Quelques retouches localisées du partage sont intervenues pour intégrer de
nouvelles puissances coloniales. Par exemple le Soudan a été divisé en deux
entités séparées (Nord Soudan et Sud Soudan) pour satisfaire les Etats-Unis
d’Amérique et la Chine ; et actuellement même, la France et les
monarchies arabes discutent du partage du Mali voire du Sahel.
Cette rétrospective
schématique des faits et événements qui ont rythmé et continuent de rythmer
l’évolution du Continent Noir est une traduction directe et parfaite du sermon
de Victor Hugo. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à paraphraser Victor Hugo
dans ces termes d’actualité par exemple :
« Déjà les deux peuples colonisateurs, qui
sont deux grands peuples libres,la
Franceet
l’Angleterre, ont saisi l’Afrique ;la
Francela tient
par l’ouest et par le nord ; l’Angleterre la tient par l’est et par le midi. Le
Portugal et l’Espagne ne sont pas en reste. Voici que l’Amérique prend sa part
de ce travail colossal. La Russie, la Chine et les monarchies arabes joignent
aussi leurs efforts aux nôtres ; car l’unité des peuples se révèle en tout.
L’Afrique importe à l’univers.
Quelle terre
que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire,
l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte
de légende vaste et obscure l’enveloppe. Une telle suppression de mouvement et
de circulation entrave la vie universelle, et la marche humaine ne peut
s’accommoder plus longtemps d’un cinquième du globe paralysé. (…)
Allez, Peuples,
emparez-vous de cette terre ! Prenez-la ! A qui ? À personne !
Prenez cette terre à Dieu ! Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre
l’Afrique à l’Europe et à l’Asie ! Prenez-la ! ».
Le sermon de Victor
Hugo sur l’Afrique est donc le programme que l’Europe poursuit résolument de
manière constante à l’égard du Continent Noir. Ce programme, qui date
d’Abraham ainsi que le rappelle Victor Hugo, est le ressort instinctif et vital du Monde Blanc.
En ce qui concerne
le soutien d’Hugo à Napoléon III, c’est un fait de son parcours politique. Il
est vrai que dans les biographies de Victor Hugo, on ne s’épand souvent que sur son
versant de poète. En fait, c’est pour masquer son engagement politique
franchement exécrable et réactionnaire.
En bref, Victor
Hugo a fait son entrée en politique comme monarchiste hostile à l’abolition de
l’esclavage, confident du roi louis-philippe Ier qui l’avait nommé à la Chambre
des Pairs (Sénat) en 1844. En 1848, la révolution éclate contre son parrain
Louis-Philippe Ier qui abdique. Au début de cette révolution, Hugo est nommé
Maire provisoire du 8ème Arrondissement de Paris.
Les monarchistes
conservateurs, dont Victor Hugo, se rallient au Parti Conservateur de l’Ordre,
Parti Bonapartiste tendance républicaine. A ce titre, Victor Hugo soutient avec
ferveur la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la république.
Louis-Napoléon Bonaparte sera élu Président de la république le 10 décembre
1848 pour un mandat de 4 ans. Victor Hugo sera ensuite élu député de Paris
à l’Assemblée Constituante en avril 1848 et réélu député à l’Assemblée
Législative en mai 1849 toujours comme monarchiste membre du Parti de l’Ordre
Bonapartiste.
En Juillet 1849,
Hugo se brouille et rompt avec le président de la république Louis-Napoléon Bonaparte au sujet du
portefeuille de l’instruction publique qu’il brigue et que lui refuse
Louis-Napoléon Bonaparte. Victor Hugo passe alors à
l’opposition républicaine modérée. Voilà comment Hugo est devenu fervent
partisan de la république et opposant farouche de Louis-Napoléon Bonaparte. Ce dernier sera plébiscité Empereur le 21 novembre 1852 sous le nom de Napoléon III dans les conditions que l’on
sait.
Mr SylvainD _____ Mon appréciation de l’Afrique n’est
pas du tout dépassée. Elle est formulée au vu, au su et au vécu quotidien de la
scène de théâtre qui se déroule en Afrique. Et si le discours de Victor Hugo, discours
qui ne fait que réactiver le mental prédateur historique du monde blanc, date
depuis 133 ans, il n’en demeure pas moins que l’actualité présente du Continent
Noir est le résultat bien vivant de l’application concrète de ce discours.
Contrairement à ce que vous croyez, avant tout homme politique conservateur, tour
à tour député monarchiste soutien de Louis-Bonaparte Napoléon empereur de
France, puis républicain, puis maire d’arrondissement de Paris, idéologue des « Etats-Unis d’Europe », Victor Hugo
faisait partie de la haute classe pilotant les affaires coloniales françaises
et européennes. A ce titre, et de surcroit le plus grand intellectuel
conservateur de son temps, Victor Hugo, sans doute plus que quiconque,
connaissait parfaitement l’Afrique, objet de convoitise du monde blanc, pas
seulement de façon livresque, mais de façon très concrète, par mille et un
canaux d’affaires.
Vous évoquez le discours de Sarkozy rédigé par Guaino
prononcé à Dakar en 2007. Vous avez à la fois tort et raison par rapport à ce
discours de Sarkozy. Tort de l’attribuer à l’ignorance car ce discours, pondu
par les hautes instances coloniales maîtresses de l’Afrique, donc connaissant
parfaitement l’Afrique dans tous ses coins et recoins, a été prononcé de manière
tout à fait délibérée. Vous avez raison d’associer le discours d’Hugo à celui
de Sarkozy en le taxant de raciste. Vous auriez pu et vous auriez du aussi
évoquer le discours de Barack Hussein Obama, président mulâtre des Etats-Unis
d’Amérique en 2009 au Ghana. Ce discours de Barack Hussein Obama procède de la
même veine que celui de Nicolas Sarkozy. Ce qui, pour le coup, prouve
l’actualité du discours d’Hugo ainsi que l’actualité de mon appréciation.
Vous dites ne pas savoir si vous avez tort d’être
optimiste. En tout cas, aucun argument d’analyse de votre article ne pousse
dans le sens de l’optimisme. Bien au contraire ! Cependant, vous bravez
vous-même votre propre analyse détaillée et déclarez arbitrairement votre
optimisme au prétexte très léger que vous connaissez le continent africain, son
Histoire passée et présente. Là aussi, vous répudiez vos propres connaissances
historiques pour vous en remettre à votre propre prophétie dont vous vous
interrogez si elle va s’auto-réaliser ? En attendant que votre prophétie,
apparemment sans Dieu, se réalise, celle de Victor Hugo, descendant d’Abraham,
prophète de Yavhé (ou Allah), se déploie sous nos yeux sur le champ de bataille
du Continent Noir.
@l’auteur______ Vous avez disséqué et démystifié les
commentaires élogieux, mais hypocrites, des experts, analystes et médias à
propos des téléphones portables, du développement des nouvelles technologies et
de la croissance en Afrique Noire. Vous avez très bien relevé les « tartes à la crème », « Le
coltan, le pétrole, l’uranium, les surplus alimentaires européens, les déchets
européens, les soutiens à des dictatures fantoches, les armes légères, etc.,
etc. ». Ce ne sont là que
quelques indicateurs des lourdes altérations, plaies et entailles
infligées au Continent Noir par le Monde Blanc depuis des siècles voire des
millénaires. Il faut souligner que toutes
ces afflictions n’ont pas vocation à prendre fin. Ainsi donc, la
caractéristique qui ressort tout au long de votre dissertation est la
pertinence de vos propos.
Dans ces conditions, contre toute attente, le dernier
paragraphe de votre billet, votre conclusion, est pour le moins surprenant pour ne pas dire contradictoire. Vous répondez ainsi, par l’affirmative, à
l’intitulé interrogateur de votre sujet : « Afrique Noire : le grand
bond en avant ? ». L’Afrique noire serait donc en train de réaliser
« le grand bon en avant », slogan
sorti des annales de la propagande chinoise du temps de Mao Tsé-toung pour
qualifier l’essor économique et social de la Chine indépendantiste et
révolutionnaire. Evoquer et appliquer aujourd’hui un tel slogan au Continent
Noir est d’un optimisme béat tout bonnement moqueur vis-à-vis du Continent Noir
en agonie sous le joug du Monde Blanc. En effet, contrairement à la Chine en
particulier et l’Asie en général, le Continent Noir n’a jamais pu se relever
des invasions du monde Blanc depuis la chute de l’Egypte des Pharaons (Kemet). En
réalité, aujourd’hui encore, les exhortations par ailleurs racistes suivantes
de Victor Hugo pour la conquête du Continent Noir par le Monde Blanc sont plus que
jamais d’actualité et en action :
« (…) Le moment est venu de donner au vieux monde cet
avertissement : il faut être un nouveau monde. Le moment est venu de faire
remarquer à l’Europe qu’elle a à côté d’elle l’Afrique. Le moment est venu de
dire aux quatre nations d’où sort l’histoire moderne, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la France, qu’elles sont
toujours là, que leur mission s’est modifiée sans se transformer, qu’elles ont
toujours la même situation responsable et souveraine au bord de la Méditerranée, et que,
si on leur ajoute un cinquième peuple, celui qui a été entrevu par Virgile et
qui s’est montré digne de ce grand regard, l’Angleterre (…). (…).
Le moment est venu de dire
à ce groupe illustre de nations :
Unissez-vous ! allez au sud.
Est-ce que vous ne voyez
pas le barrage ? Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce
monceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche
universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité,- l’Afrique.
Quelle terre que cette
Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie
elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte de légende
vaste et obscure l’enveloppe. Rome l’a touchée, pour la supprimer ; et, quand
elle s’est crue délivrée de l’Afrique, Rome a jeté sur cette morte immense une
de ces épithètes qui ne se traduisent pas : Africa portentosa !
(Applaudissements.)
C’est plus et moins que le
prodige. C’est ce qui est absolu dans l’horreur. Le flamboiement tropical, en
effet, c’est l’Afrique. Il semble que voir l’Afrique, ce soit être aveuglé. Un
excès de soleil est un excès de nuit.
Eh bien, cet effroi va
disparaître.
Déjà les deux peuples
colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l’Angleterre, ont
saisi l’Afrique ; la France
la tient par l’ouest et par le nord ; l’Angleterre la tient par l’est et par le
midi. Voici que l’Italie accepte sa part de ce travail colossal. L’Amérique
joint ses efforts aux nôtres ; car l’unité des peuples se révèle en tout.
L’Afrique importe à l’univers. Une telle suppression de mouvement et de
circulation entrave la vie universelle, et la marche humaine ne peut
s’accommoder plus longtemps d’un cinquième du globe paralysé. (…) ». (Cet extrait provient du « Discours sur
l’Afrique » de Victor Hugo prononcé au cours d’un banquet le 18 mai 1879).
L’évolution actuelle du Continent Noir s’explique clairement
et se comprend parfaitement à l’aune de ce sermon de Victor Hugo. Cependant,
Victor Hugo ne fait que répercuter les recommandations abrahamiques, lesquelles
recommandations sont le condensé spirituel identitaire du Monde Blanc, l’âme de
l’Homme Blanc.