Mr Sylvain _____ Votre critique ne
s’adressait pas à moi. Dont acte. Quant à Victor Hugo, vous persistez à
considérer que son discours est dépassé. Mais voyons, c’est pourtant
évident ! Voici très succinctement les faits.
1879 : Victor
Hugo prononce son discours sur l’Afrique appelant les européens à se partager
l’Afrique
1884 :
Conférence coloniale de Berlin entre les pays européens pour le partage de
l’Afrique
1914-1918 :
Première Guerre mondiale – Repartage de l’Afrique
1939-1945 : Le
partage de 1914-1918 de l’Afrique n’est pas remis en cause
1960 : Les
indépendances en Afrique reconduisent et consolident définitivement le partage
de 1914-1918. Voir charte de l’OUA et de l’UA sur l’intangibilité des
frontières héritées de la colonisation
1960-2013 :
Quelques retouches localisées du partage sont intervenues pour intégrer de
nouvelles puissances coloniales. Par exemple le Soudan a été divisé en deux
entités séparées (Nord Soudan et Sud Soudan) pour satisfaire les Etats-Unis
d’Amérique et la Chine ; et actuellement même, la France et les
monarchies arabes discutent du partage du Mali voire du Sahel.
Cette rétrospective
schématique des faits et événements qui ont rythmé et continuent de rythmer
l’évolution du Continent Noir est une traduction directe et parfaite du sermon
de Victor Hugo. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à paraphraser Victor Hugo
dans ces termes d’actualité par exemple :
« Déjà les deux peuples colonisateurs, qui
sont deux grands peuples libres, la
France et
l’Angleterre, ont saisi l’Afrique ; la
France la tient
par l’ouest et par le nord ; l’Angleterre la tient par l’est et par le midi. Le
Portugal et l’Espagne ne sont pas en reste. Voici que l’Amérique prend sa part
de ce travail colossal. La Russie, la Chine et les monarchies arabes joignent
aussi leurs efforts aux nôtres ; car l’unité des peuples se révèle en tout.
L’Afrique importe à l’univers.
Quelle terre
que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire,
l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte
de légende vaste et obscure l’enveloppe. Une telle suppression de mouvement et
de circulation entrave la vie universelle, et la marche humaine ne peut
s’accommoder plus longtemps d’un cinquième du globe paralysé. (…)
Allez, Peuples,
emparez-vous de cette terre ! Prenez-la ! A qui ? À personne !
Prenez cette terre à Dieu ! Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre
l’Afrique à l’Europe et à l’Asie ! Prenez-la ! ».
Le sermon de Victor
Hugo sur l’Afrique est donc le programme que l’Europe poursuit résolument de
manière constante à l’égard du Continent Noir. Ce programme, qui date
d’Abraham ainsi que le rappelle Victor Hugo, est le ressort instinctif et vital du Monde Blanc.
En ce qui concerne
le soutien d’Hugo à Napoléon III, c’est un fait de son parcours politique. Il
est vrai que dans les biographies de Victor Hugo, on ne s’épand souvent que sur son
versant de poète. En fait, c’est pour masquer son engagement politique
franchement exécrable et réactionnaire.
En bref, Victor
Hugo a fait son entrée en politique comme monarchiste hostile à l’abolition de
l’esclavage, confident du roi louis-philippe Ier qui l’avait nommé à la Chambre
des Pairs (Sénat) en 1844. En 1848, la révolution éclate contre son parrain
Louis-Philippe Ier qui abdique. Au début de cette révolution, Hugo est nommé
Maire provisoire du 8ème Arrondissement de Paris.
Les monarchistes
conservateurs, dont Victor Hugo, se rallient au Parti Conservateur de l’Ordre,
Parti Bonapartiste tendance républicaine. A ce titre, Victor Hugo soutient avec
ferveur la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la république.
Louis-Napoléon Bonaparte sera élu Président de la république le 10 décembre
1848 pour un mandat de 4 ans. Victor Hugo sera ensuite élu député de Paris
à l’Assemblée Constituante en avril 1848 et réélu député à l’Assemblée
Législative en mai 1849 toujours comme monarchiste membre du Parti de l’Ordre
Bonapartiste.
En Juillet 1849,
Hugo se brouille et rompt avec le président de la république Louis-Napoléon Bonaparte au sujet du
portefeuille de l’instruction publique qu’il brigue et que lui refuse
Louis-Napoléon Bonaparte. Victor Hugo passe alors à
l’opposition républicaine modérée. Voilà comment Hugo est devenu fervent
partisan de la république et opposant farouche de Louis-Napoléon Bonaparte. Ce dernier sera plébiscité Empereur le 21 novembre 1852 sous le nom de Napoléon III dans les conditions que l’on
sait.