Les pistes, c’est vous qui les embrouillez et les
brouillez ! Vous embrouillez volontairement la
notion de guerre pour camoufler votre allégeance aux colonisateurs, aux
dépeceurs de l’Afrique. Vous confondez en effet toutes les guerres. Cette
confusion est volontaire car vous êtes un politicien de très haut niveau. En
tant qu’ « Analyste politique, auteur
de nombreux ouvrages sur le socialisme et les relations Nord-Sud »,
vous n’êtes pas sensé ignorer que toutes les guerres ne sont pas à confondre.
Il y a essentiellement deux sortes de guerres : les guerres de conquête,
de pillage, de brigandage, d’occupation d’une part, et les guerres
d’indépendance, de libération et d’émancipation des peuples contre l’oppression
coloniale, contre la prédation. Vous n’êtes pas digne de confondre ces deux
types de guerres radicalement opposées en écrivant : « Les Nkrumah, Lumumba et
autres panafricanistes n’ont jamais préconisé les luttes armées pour redéfinir
les frontières actuelles mais plutôt un combat idéologique pour réunifier
l’Afrique. »,
C’est bien Patrice Lumumba qui déclarait : « Notre mouvement a pour but fondamental la
libération du peuple congolais du régime colonialiste et son accession à
l’indépendance. » (1). Cette libération du peuple congolais du régime
colonialiste et son accession à l’indépendance n’a jamais eu lieu, étouffée
dans l’œuf. Et vous venez aujourd’hui bomber votre torse sur les cendres de
Lumumba que recouvre l’enclos colonial appelé RDC que vous louangez.
C’est bien Kwamé Nkrumah qui déclarait : « Seule
une Afrique unie, dotée d’une direction politique centrale pourra donner avec
succès un appui matériel et moral effectif à nos combattants de la libération
qui luttent dans la Rhodésie
du Sud, et l’Angola, le Mozambique, l’Afrique du Sud-ouest, le Betchouanaland,
le Swaziland, le Bassoutoland, la
Guinée portugaise, etc., etc. et naturellement l’Afrique du
Sud. L’Afrique tout entière doit être libérée maintenant. Il est donc impérieux
pour nous de créer ici même et dès maintenant un Bureau de libération au
service des combattants africains. »
(2)
C’est bien Kwamé Nkruhmah
qui déclarait : « Les peuples des colonies doivent avoir le droit d’élire
leurs propres gouvernements sans restrictions venant des puissances étrangères.
Nous disons aux peuples des colonies qu’ils doivent lutter pour atteindre ces
buts par tous les moyens dont ils disposent. […] Peuples coloniaux et
assujettis du monde, unissez-vous ! ».
(3)
La vision des héros du
panafricanisme ne se limite donc pas simplement à un point de vue idéologique. Cette
vision porte aussi et surtout sur le plan organisationnel, matériel et
militaire. Et surtout, cette vision recommande au mouvement panafricain de se
définir et d’agir en toute autonomie et indépendance, « sans restriction
venant des puissances étrangères ». Voilà que Lonsi, lui, sacralise les
frontières héritées de la colonisation, une « restriction imposée par les
puissances étrangères ». Au panafricanisme autonome libérateur des peuples
africains, Lonsi Koko oppose le faux nationalisme, le nationalisme néocolonial,
support local du colonialisme.
Monsieur Lonsi Koko, vous pouvez choisir d’être un
aide-marmiton des prédateurs du Congo et de l’Afrique. Vous êtes libre sur ce
sujet. Mais vous n’avez pas le droit de caricaturer l’œuvre des fils valeureux
de l’Afrique. Je suis bien d’accord avec vous : les colonisateurs, les
dépeceurs de l’Afrique et leurs suppôts comprendront que vous êtes pour eux un
redoutable cheval de Troie en service commandité au Congo.
…………………
1) Patrice Lumumba -Discours prononcé à la
conférence panafricaniste d’Accra le 11
décembre 1958
2) Kwamé Nkrumah : Discours au sommet de
l’OUA, 24 mai 1963
Votre philosophie est très détestable.
Voici comment elle se présente.
Les frontières héritées de la colonisation
sont une réalité : préservons cette réalité. Le pillage des ressources en
Afrique est une réalité : sauvegardons cette réalité. La pauvreté en
Afrique est une réalité : maintenons cette réalité. L’exode des forces
vives africaines en occident est une réalité : accompagnons cette réalité
héritée de la colonisation. La disparition des traditions africaines en
commençant par les langues est une réalité : gardons cette réalité héritée de
la colonisation. L’assistanat et la corruption généralisée héritage de la
colonisation : entretenons à cette réalité.
C’est la philosophie du laisser faire, la
démission devant l’effort, l’accompagnement de la fatalité, le renoncement à
soi, le refus de la liberté, le vautrement dans la servitude. C’est le syndrome
de l’esclave qui ne peut pas vivre sans son maître dont parle Cheick Anta Diop.
Vous brandissez l’épouvantail des guerres
dans l’Est du Congo. Mais, de telles guerres comme celle du Congo suite du
génocide rwandais commandité par la
France, pilotées par les colonisateurs, sont justement le
moyen par lequel les colonisateurs procèdent au repartage des territoires
coloniaux entre eux, en temps de paix entre eux. C’est une caricature
malfaisante d’assimiler les guerres de libération anticoloniales des peuples à
ce genre de guerres des élites locales corrompues par les colonisateurs qu’ils
servent. En fait, vous reprochez aux indépendantistes panafricains d’avoir osé
engager la voie des luttes pour l’indépendance à tel point qu’aujourd’hui, vous
remerciez les colonisateurs de leur avoir fait échec et de vous avoir aménagé
des enclos, des « espaces nationaux » dites-vous, où vous êtes heureux de
les servir. A ce que l’on sache, les massacres et les guerres derrière lesquels
vous vous abritez pour accepter la collaboration avec votre ennemi, l’ennemi de
toujours du Continent Noir, ne sont pas des guerres anticoloniales pour
l’indépendance, la liberté, l’entente et la fraternité entre les peuples
africains. Ce sont précisément des guerres planifiées et organisées par les
colonisateurs auprès de qui vous faites offre de service en tant que soldat et
domestique en montrant votre zèle et votre génie à embrouiller la question de
la nécessité des guerres anticoloniales libératrices des peuples africains du
joug occidental. Votre philosophie et votre attitude sont très détestables.
La balkanisation en Afrique est un processus de
découpage, de partage des territoires par et pour les puissances coloniales
extérieures au Continent, notamment les puissances européennes. C’est le sujet
central du problème du Continent Africain. Vous écrivez que « les pays africains ne sont pas à l’abri de la
balkanisation ». C’est le moins que l’on puisse dire. Mais, il ne faut pas
oublier que les « pays africains » dont
on parle et dont on craint aujourd’hui la balkanisation sont déjà eux-mêmes le produit
et la réalité vivante des balkanisations successives de l’Afrique depuis les traites
négrières et les conquêtes coloniales européennes et arabes. Chercher à « mettre les pays africains à l’abri de la
balkanisation », par « des accords de
non agression, donc d’assistance mutuelle, des accords régionaux de défense »,
dans ce contexte d’une Afrique balkanisée, re-balkanisée,
assiégée et placée sous gérance néocoloniale, cette préoccupation très louable
reste un veux pieux, et en tout cas signifie qu’on accepte de se conformer à la
balkanisation existante. Les jeunes générations d’africains, passionnées par l’indépendance
et la liberté de leur continent, doivent rejeter la voie collaborationniste du
respect des frontières coloniales, la voie du nationalisme néocolonial, pour
trouver la voie de la lutte pour la dé-balkanisation de l’Afrique, c’est-à-dire
la voie de la fédération des peuples
africains sur la base de leur identité panafricaine précoloniale commune. Les
africains des jeunes générations doivent retrouver la voie du nationalisme
révolutionnaire panafricain de Patrice Lumumba, Cheick Anta Diop, Théophile
Obenga et bien d’autres valeureux ainés africains. En dehors de cette voie, point
de salut pour les peuples noirs du continent. Leur disparition à terme est
assurée, comme en Asie, au Moyen-Orient et au Maghreb mahométan.
Monsieur
Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko.— Vous écrivez qu’ « Il serait très difficile, de
nos jours, de revoir les frontières issues de la colonisation ». Au jour
d’aujourd’hui certes, quoique ces frontières ont été remaniées au Soudan à
l’initiative des européens, des arabes et des asiatiques. On vient aussi
d’avoir sous les yeux une tentative de redécoupage du Mali par les conquérants
mahométans arabo-touaregs. Rien ne dit que les anciennes frontières coloniales
des pays africains vont toujours demeurer en l’état. Les guerres toujours
possibles et les disputes entre les pays colonisateurs sont de grandes
occasions de redécoupages territoriaux.
Les jeunes générations des africains ont
grand intérêt à s’organiser et à lutter pour refaire les frontières par eux-mêmes
de manière à regrouper leurs peuples dans de vastes fédérations d’Etats
respectant les identités nationales pré-coloniales dans une
perspective pan-africaniste. En dehors de cette ambition, l’Afrique
Noire n’a pas un avenir sur cette terre autre que de se faire définitivement
déposséder par les vagues migratoires coloniales européennes, arabes et
asiatiques dont les implantations locales constituent la classe dominante dans
chaque pays africain depuis les conquêtes coloniales. Se contenter de gérer l’héritage
colonial avec les anciens et les nouveaux colonisateurs signifie l’acceptation
de l’esclavage à perpétuité c’est-à_dire jusqu’à l’effacement total des noirs
sur le Continent, comme au Moyen-Orient et en Asie.
Je me souviens, dans un documentaire sur France 5 d’’une série consacrée aux villes américaines, avoir entendu cette horrible information qui fait froid au dos que chaque ville américaine, Amérique du Nord comme du Sud, est construite sur d’immenses fosses communes des amérindiens génocidés par les conquistadors et autres colons européens.
Malheureusement je n’arrive pas à retrouver ce documentaire sur internet. Il va falloir m’adresser directement à France 5.