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Commentaire de easy

sur Dieu et Descartes sont-ils responsables de la crise écologique ?


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easy easy 25 février 2013 20:22

***« Remplissez la terre et soumettez-la », dit Dieu aux hommes dans la Bible. Et Descartes les voit comme « maîtres et possesseurs de la nature. » La tradition judéo-chrétienne et la révolution moderne, piliers de la culture occidentale, dont ces deux phrases résument le rapport à la nature, seraient-elles responsables des dégâts que l’homme inflige aujourd’hui à la planète ? ***

En effet, la tentation est grande de les considérer responsables

Mais j’ai passé mon enfance avec des sauvages du Vietnam et en extrapolant les effets divers dont ceux de la guerre du Vietnam, j’ai vu à travers quelques scènes emblématiques que la l’indifférence à l’état de l’environnement est correlée à l’indifférence pour la chasse première, celle qui permet de manger et au jour le jour (sans aucun procédé de conservation des viandes) 

Et même pour un village chassiste, lorsqu’il atteint une taille telle qu’il ne craint plus une attaque surprise de quelque voisin, les gens ne se gênent plus pour faire du bruit, la source de gibier est plus loin, l’environnement immédiat est considéré moins sensible.

Ainsi, je ne vois que la minuscule tribu vivant de prélèvements très proches du camp pour être très précautionneuse
Au-delà de ça, je vois s’amonceler des facteurs, des centaines de facteurs d’indifférence, de moindre sensibilité

Le bruit que fait un groupe m’indique sa position par rapport à l’environnement.
Si je vois un groupe qui est silencieux parce qu’il doit, comme un chevreuil, guetter tous les bruits naturels, de jour comme de nuit, je sais qu’il le respecte vraiment et sans cinéma

Si je vois un groupe brailler ou regarder quelque idole, faire des bidules voyants, fabriquer des tam tam, des gongs, jouer de la flûte, danser, se distraire en somme, c’est qu’il n’a plus besoin de faire attention à la nature.


Constater cela est bien plus ennuyeux que de s’en tenir à Descartes et même à Moïse car il est absolument inconcevable de revenir au chassisme. A ce point là de reculade, ça n’aurait aucun intérêt

Mais sans que ça offre pour autant une solution toute cuite, ça permettrait de saisir où est le problème de base :
Notre vision reculiste va trop à croire qu’il suffit de sauver le vert, le bleu et le blanc

De même que la mort d’un canari dans une mine était mauvais signe, le fait qu’il ne soit plus possible pour les bestioles de circuler et de vivre autour de nous démontre notre abus

La faune, qui est mobile, s’appuie sur le vert de la flore, le bleu du ciel et le blanc des eaux
Le recul de la faune d’un endroit prouve que nous avons abusé de son vert, blanc bleu.

Lorsque nous ne vivons que de chasse ou de pêche. C’est l’animal qui est seul juge de l’environnement. A la moindre perturbation, il se tire ailleurs et nous ne pouvons pas forcer quoi que ce soit. Nous ne pouvons que nous faire tout petits, transparents, inodores, silencieux, humbles, dépendants

Lorsque nous disons, « On vire les bestioles et on va faire un vert bleu blanc rien que pour nous » nous allons à redéfinir nous-mêmes ces vert blanc bleu sans autre censure que la nôtre
Mais notre redéfinition n’étant pas naturelle, elle ne tient que par quelque forçage et notre système ne tient donc pas naturellement
 
Je ne me fais aucune illusion.
Nous allons tout casser pour la simple raison que nous ne voyons pas une nécessité impérieuse que la nature tienne plus que deux ou trois générations.


Toutefois, il va arriver un moment où l’augmentation de la pression de l’homme par son augmentation au moins démographique va produire des baisses de qualité de vie qui seront sensibles de mois en mois. Les perspectives devenant affolantes au présent il ne sera plus possible de les dénier.

Les seules solutions consisteront en une réduction drastique des populations humaines mais comme ça exigera des sacrifices individuels, il faudra forcément refonder le concept de responsabilité.
L’intérêt de vivre devra être plus altérisé, l’ego devra être altérisé
Et c’est alors qu’il sera opportun de convoquer Descartes pour lui demander qu’il nous la refasse en « Je suis statistiquement de trop »
 


Sinon, pour évoquer l’Abrahamisme tout de même

L’animisme serait surgi de la situation naturelle de ce chasseur silencieux où sa voix devait toujours être plus basse que celle de son environnement le plus immédiat. On ne peut pas en être à tendre constamment l’oreille sur la voix du ruisseau sans lui accorder une sorte d’âme.

Ce chasseur ne différencie pas spécialement les singes entre eux, les perroquets entre eux et les traite par genre. Il voit donc des Âmes par genre. Il vit entouré de 30 genres d’Âmes
Or, clairement, il conçoit ces Âmes discuter entre elles, commercer, se disputer. 
Il ne fait qu’écouter le pataquès de ces Âmes pendant que lui se tait et il fait gaffe que ce concert des Âmes (qu’il genre par type d’activité et non par sexe) reste harmonieux. Il fait tout ce qu’il peut pour ne pas troubler

Quand il prélève, il discute le coup avec l’Âme, il lui demande pardon. Il lui explique qu’il ne peut pas faire autrement, qu’il va lui renvoyer l’ascenseur 

(Cette manière de voir les choses fait qu’on n’apprécie que des tribus voisines qui font de même. Sinon on les tue. On les tue au nom de la Nature)

Là-dessus, le village s’agrandit, un peu de spécialisation des activités humaines apparaît, et surgit un type qui interprète plus que les copains, les voix des Âmes. Bon, c’est alors le médium, le chaman.
Il existe donc désormais un intermédiaire entre les Âmes de la nature et les villageois
Puisque ce médium entend mieux les Âmes, pourquoi perdre son temps à les écouter directement, autant se contenter d’écouter le chaman


On se met donc à représenter les Âmes dans le village et on danse autour de ces représentations.
 
On se retrouve en Egypte d’avant Akhénaton où les Âmes sont devenues des blocs de granite bien poli ne ressemblant même plus un peu aux sources, aux rochers, aux arbres, aux singes
On est dans la ville, il n’y a plus rien de la nature, pas de problème, les représentations des Âmes sont là, dans un temple bien ombragé. Pas besoin de marcher des heures sous le soleil pour aller voir le Nil de près


Arrive Akhénaton qui estime que dans le fond, le Soleil subsume les autres Âmes et qu’il suffit de négocier avec lui. Le soleil soumettra les autres Âmes ensuite. Il saccage la nature et l’étale sur des centaines d’autel aux pied d’Aton « Je mets la nature à tes pieds »

Bon, son épisode n’a pas duré mais il avait lancé l’idée qu’il valait mieux s’adresser à dieux qu’à ses saints

Huit siècles plus tard, l’Abrahamisme dit « Toi, tout en haut du haut, je crois en toi, je te lèche les pieds et je compte sur toi pour donner des ordres au Soleil qui en donnera aux dieux inférieurs, qui en donneront aux dieux encore plus petits »

Le regard du croyant autrefois dirigé vers le sol et la nature solide s’est dirigé de plus en plus vers le haut et une abstraction totale où, in fine, il n’est même plus question de la nature


Tout cela ayant été rendu possible parce que l’élevage, parce que l’agriculture, les barrages..Parce qu’à Babylone et Persépolis l’Homme a pu créer le Paradis où la nature était hyper lisse, les lions bien alignés avec des boucles de poils que pas un ne dépasse.


Et au bout du bout de l’abrahamisme, quasiment pas différent du bouddhisme sur ce plan, le croyant n’ayant plus aucun souci de bouffe, il ne fantasme plus que de décollage vertical. Soit vers un état whahhhhhh dans le bouddhisme, soit vers les bras de dieu dans l’Abrahamisme

Bon, le bouddhisme considère tout de même la contexte solide terrien parce qu’il conçoit de devoir revenir sur terre. Quelle corvée ! Il fait tout de même gaffe de ne pas marcher sur une vache ou un moustique. Mais il n’a aucune vision écologique
Il est nul en gestion des ressources.

C’est le confucéen qui est un obsédé de la gestion des ressources 

L’Abrahamisme, lui, ne prévoyant pas de revenir sur Terre, ne névrose que de ses câlins avec Dieu parce qu’il a respecté ses Lois homme-homme. Il n’a rien à cirer de la nature qui n’est là que pour lui servir pendant une vie seulement. Et lui, il est évidemment disposé à tuer au nom de son dieu

 


Je vous l’ai fait courte, chacun fera le mutatis mutandis dont il aura besoin




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