Les « petites gens » formaient certes la majorité du million d’« Européens » vivant en Algérie. Mais ils vivaient dans une situation de domination coloniale aveugle à la misère de la majorité des 8 millions d’indigènes. Et, en toute bonne foi, ils se sentaient supérieurs à ceux qu’ils appelaient les « troncs de figuier », les « melons », les « ratons », autrefois « les bicots » (terme qu’employait naïvement mon père lors de son service militaire en Algérie en 1930), etc. J’ai eu sous mes ordres en 1959 un interprète « pied-noir » oranais d’origine espagnole, qui parlait mieux l’arabe que le français. C’était un brave homme mais il n’aurait jamais accepté de se trouver sous les ordres d’un « indigène », fût-il dix fois plus instruit et compétent que lui, et il le disait !
La population « européenne » d’Algérie a saboté toutes les tentatives métropolitaines pour améliorer la condition et le statut des « indigènes ». C’est ainsi qu’on en est arrivé à la Toussaint de 1954. On n’a pas voulu écouter les revendications raisonnables des leaders comme Ferhat Abbas. On a fini par avoir le FLN !