Où a-t-il été infirmé l’idée que la culture et les facteurs socio-culturels, c’est à dire encore les systèmes familiaux, les représentations idéologiques et religieuses, les modèles patriarcaux autoritaires, qui se télescopent précisément à des modèles de vie et systèmes de valeurs autochtones (relativement libérales et permissives), des traditions enracinées, des moeurs, des us et coutumes locaux et pluri-séculaires, étaient nullement en capacité d’expliquer le phénomène de surdélinquance - désormais incontestable et incontesté, même parmi les cas pathologiques les plus atteints par la culture de l’excuse et le misérabilisme - touchant de façon massive certaines populations d’origine immigré ? Où ?
Aux Etats-Unis les statistiques de crime sont recueuillies sur la base de l’appartenance ethno-culturelle par différents organismes officiels. Et sur la base de ces données officielles recueillies depuis plusieurs décennies, le fait que certaines minorités soient constamment et comparativement sur-représentées dans les statistiques des crimes et des délits n’est plus disputé par personne, cher Olivier.
La seule question disputée étant pourquoi certaines minorités sont ainsi sur-représentées. Le sujet des relations entre ethnicité et criminalité est d’ailleurs enseigné dans les départements d’université en vue de l’obtention de diplômes en criminologie. Je souligne que si l’unanimité est loin d’être faite sur le pourquoi de cette situation, et si la gauche favorise évidemment les explications « extérieures » (statut socio-économique, discrimination, misérabilisme etc), pratiquement aucune des parties engagées dans ce débat ne propose d’explications raciales/biologiques comme tu cherches fort maladroitement à le caricaturer. D’ailleurs, le taux de criminalité « normal » des noirs vivant dans d’autres pays tendrait à exclure de telles explications.
Un chiffre démonstratif tiré des statistiques officielles américaines : les noirs américains commettent 36,5% des homicides (alors qu’ils ne représentent que 12,22% de la population) ; le taux de meutres commis par les caucasiens étant de 32,8%, représentant 79,79% de la population. Le taux d’homicide commis par des africains-américains monte à 56% pour le District of Columbia (la ville de Washington). A noter qu’il est inférieur dans les états du Sud (moins urbanisés) par rapport aux états du Nord. Les noirs eux-mêmes paient un lourd tribut à la violence qui sévit dans leur communauté, puisque le pourcentage des victimes d’homicides noires est lui d’environ 46%.
D’après les études consultées, les causes les plus citées pour expliquer ces disparités sont la structure familiale (stabilité, monoparentalité), des facteurs psycho-culturels tels que l’impulsivité, le manque d’autodiscipline, le formatage socio-culturel, et des facteurs socio-économiques tels que le type de voisinage, la prévalence de l’usage de drogues, la forte concentration de certaines minorités dans certaines zones, ensuite seulement l’urbanisation, la pauvreté et le chômage. D’autres explications moins standard sont avancées, telles que la désorganisation sociale/anomie, le « conflit culturel » entre différentes cultures en présence, l’existence de sous-cultures criminogènes dans les ghettos, les inégalités criantes de niveaux de vie/revenus, voire même le consumérisme néolibéral, qui serait criminogène parce qu’il ferait miroiter à tout un chacun la possibilité de devenir riche, ce que certains considèrent dès lors comme un droit et se jugent légitimés à poursuivre par tous les moyens, y compris illégaux.
Une autre statistique à rappeler sur cette question du lien pauvreté/criminalité : seulement 52% des personnes incarcérées aux EU ont un revenu mensuel inférieur à 1000 $. Ce qui implique qu’environ la moitié des individus emprisonnés ont un revenu supérieur au seuil de pauvreté. La pauvreté n’est donc présente que dans le cas d’un détenu sur deux. Un autre chercheur a examiné le lien entre augmentation de la pauvreté et du chômage, et augmentation de la criminalité, en se basant sur les stats économiques et criminelles des périodes allant de l’après guerre aux années 80 : il n’y a pas augmentation de la criminalité, au contraire, quand il y a augmentation du chômage, ce qui s’est produit en 1949, 1958. Ce chercheur note par exemple qu’à un pic de chômage de 6 ou 7% correspond un taux de criminalité à 2%. Quand le chômage retombait à des taux acceptables de 3/4%, le taux de criminalité doublait à 4%.