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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Soumission à l'autorité : du pain béni pour les Empereurs


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Philippe VERGNES 7 mars 2013 15:08

Bonjour Morpheus,

Excellente réflexion qui ne me surprend guère compte tenu de nos précédents échanges sur un sujet qui nous tient apparemment communément à cœur. Mais l’éveil des consciences qui passe par « le déconditionnement et la modification de l’environnement socioculturel » ne me semble pas possible sans la levée du déni qui gravite autour de cette problématique que nous avions évoqué ensemble (je souhaiterais bien pouvoir trouver d’autres moyens, juste, par précaution, de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, mais malgré de vifs échanges sur le sujet, personne n’a été pour l’heure en mesure de m’apporter d’autre solution).

Toutefois, le déni et la méconnaissance qui entoure ce sujet est une véritable chape de plomb posée sur notre libre arbitre et notre capacité de discernement. La soumission à l’autorité est importante à connaître pour comprendre comment nous pouvons tous être manipulable, mais ce n’est qu’une pièce du puzzle ((petite qui plus est) qui nous permet de comprendre comment nos processus décisionnels peuvent être affectés par la manipulation. Il existe d’autres moyens connexes qui concourent à inhiber notre raison pour domestiquer nos esprits et les rendre serviles. Si l’expérience de MILGRAM décrit bien l’une des conséquences de la soumission à l’autorité, elle est loin d’expliquer la déclaration de Stanley MILGRAM telle que citée dans cet article : "Dans l’ensemble, ce qui m’a le plus surpris, c’est de constater le peu de corrélation entre les comportements observés en laboratoire et les individus eux-mêmes. Je suis certain que l’obéissance et la désobéissance ont pour origine un aspect complexe de la personnalité. Mais je sais que nous ne l’avons pas encore trouvé.« 

Or, cet aspect  »complexe de la personnalité" a remarquablement été étudié par les thérapeutes palo-altistes (elle a aussi été étudiée dans d’autres traditions culturelles, mais j’écourte un peu pour ne pas faire un « roman ») et certains psychanalystes tels que Harold SEARLES, Paul-Claude RACAMIER (le premier en France), Didier ANZIEU et René ROUSSILLON. Depuis, leurs théorisations ont gagné de nombreux domaines dont celui notamment du management pour résoudre les conflits dans les entreprises et les institutions à tel point qu’avec le développement récent des recherches sur les RPS (risques psychosociaux) au travail, ces découvertes font l’objet de plus en plus de publication, mais leurs connaissances restent encore trop parcellaires et cloisonnées pour que nous prenions la mesure de leurs nuisances sur l’esprit humain.

Oui ! Effectivement, « y’a du boulot » ou comme je le disais dans un des mes articles : « c’est tout un programme » !

Cordialement,

P. S. :
A ma connaissance, des auteurs cités (et bien d’autres encore) le seul à être allé aussi loin dans la théorisation de « l’être humain [...] répondant à une programmation élémentaire : survivre et s’adapter » au niveau de l’inconscient est Paul-Claude RACAMIER et son concept de « défense de survivance » (qu’il n’a pas eu le temps d’exploiter jusqu’au bout et qu’il conviendrait de développer). Le souci résidant ici encore dans le cloisonnement de toutes les sciences qui ne permet pas d’établir les liens interdisciplinaires nécessaires à cette compréhension de l’humain.


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