L’auteur semble
prendre pour argent comptant les apparentes bonnes volontés du ministre de l’Éducation
Nationale et décrète d’un ton péremptoire que l’argument phare des opposants à
cette réforme réside uniquement dans des considérations financières et que ces
derniers sont nécessairement pour le statu quo.
N’est-ce pas
vite aller en besogne ? S’est-il interrogé un seul instant sur les velléités
qui sous-tendent cette volonté d’imposer
le mercredi matin au lieu du samedi matin, organisation du temps scolaire en
vigueur avant la réforme de 2008 et qui ne nécessitait, ni ne nécessite, de
finances insupportables pour les communes ? N’a-t-il pas vu que le projet
ministériel repose sur une équation, on ne peut plus réductrice, consistant à imputer
le problème des mauvaises performances scolaires des élèves français à la seule question des rythmes scolaires ?
Quiconque doté d’un
minimum de bon sens comprendrait que le problème de l’échec scolaire est le
résultat d’une conjonction de plusieurs causes. Parmi celles-ci, on peut citer
les effectifs surchargés des classes, des programmes lourds et inadaptés,
comprenant parfois des notions très difficiles à l’acquisition, avec de
nouvelles matières (comme l’enseignement de l’Anglais, de l’informatique, de l’histoire
des arts… -où est donc le temps pour enseigner tout ce qui est exigé en mathématiques
et en français ?-) qui assignent à l’enseignement en primaire une tâche
presque kafkaïenne, des élèves davantage
portés sur la culture de l’image imposée par la consommation frénétiques des
jeux vidéo et donc difficiles à intéresser à une culture scolaire, certains
parents qui ont parfois une attitude consumériste à l’égard de l’école, se
déchargeant de leur responsabilité relative à l’éducation élémentaire de leurs
enfants et laissant tout reposer sur le dos de l’école, à telle enseigne que
dans certaines classes, l’obligation de faire respecter la discipline –condition
nécessaire et préalable à tout acte d’enseignement- exige parfois un temps très
long qui finit par l’emporter sur celui des apprentissages purement scolaires.
Alors, de grâce, au lieu d’une vision
étriquée des choses, n’est-il pas plus juste de considérer le problème dans sa
globalité et d’avoir un minimum d’égards à la complexité qui lui est
sous-jacente ? D’ailleurs, comment peut-on réformer efficacement l’école
sans inscrire ce dessein dans un projet global de la réforme de la société ?
Si l’on admet que l’école n’est qu’un secteur de la vie d’une société, et que
sa bonne marche implique une coordination avec les autres composantes de la
société, n’est-ce pas arroser le désert que de vouloir s’atteler à réformer un
secteur de la société en laissant de côté ceux qui lui sont liés et qui
déterminent à bien des égards son fonctionnement ?