la guitare électrique est assurément l’œuvre du malin pour les puritains du clavecin et les fondamentalistes de la vielle
Paradoxalement je pense que Zappa renoue avec la grande tradition de la musique traditionnelle et populaire d’avant le XXe siècle, avec ses solos de guitare. Le synthé non plus n’a rien de traditionnel (à part le style « bidochons »), et pourtant les roms des balkans arrivent à jouer de la musique rom avec, en se servant tout le temps de la molette de pitch (variation de fréquence).
Dans un interview Zappa dit qu’enfant il entendait souvent de la musique orientale. Et puis, il a des origines franco-siciliennes et gréco-arabes. Le parallèle entre ses solos et la vraie musique populaire orientale est pour moi évident : même s’il ne fait pas de 3/4 de tons comme en musique orientale, il utilise une noria de mélismes (habillages de notes) qui sont tout à fait exceptionnels en musique occidentale. C’est d’ailleurs le seul guitariste électrique que j’apprécie (bon... il y a quand même Al Di meola, et John Scofield qui ont tâté avec succès de cet instrument).
Les sources d’inspiration de Zappa pour ses solos : Johnny « Guitar » Watson et tout particulièrement « Three Hours Past Midnight », « presque tous les 45 tours de BB King »Johnny « Guitar » Watson, Clarence « Gatemouth » Brown, Guitar Slim (Eddie Johns), Matt Murphy.
Il dit aussi (
lien) : «
Johnny Guitar Watson was an extremely evil-sounding guitar player at the time, but the smuttiest one I heard was Guitar Slim [Eddie Jones]... just pure smut. The thing that I liked about the two solos I heard when I was 16 that really intrigued me – the solo on Three Hours Past Midnight and the solo on The Story Of My Life – was not just the tone of the instrument but the absolute maniac way that he spewed out these notes in a phrase with little or no regard to the rest of the meter or what was going on, but still being aware of where the beat was. He was just yellin’ it at you. » (spew : faire gicler)
C’est la notion de rendez-vous musical que j’évoquais, aspect central de la musique à mon sens, pour lequel j’estime qu’il est un orfèvre en la matière.