Bonjour M. ASSELINEAU,
Il se trouve que j’ai consacré l’essentiel de mes études à la langue et aux cultures anglo-saxonnes, et une chose m’a particulièrement frappé : pour qui pratique régulièrement la traduction, l’exercice s’apparente à un puzzle où, bien souvent, certaines pièces une fois défaites (déconstruction du discours en langue-source) ne peuvent tout simplement pas être replacées (reconstruction du discours en langue-cible). Il existe dans certaines langues des concepts et des mots qui n’ont pas d’équivalents dans d’autres, aussi la langue est-elle liée de manière très intime à la culture et (naturellement) à la pensée. Abolir ou tuer une langue revient à tuer, aussi, la culture et la pensée qu’elle permet d’exprimer.
(Je crois avoir appris aussi il y a une dizaine d’années que des chercheurs, dans le cadre d’expériences très poussées avaient démontré que le langage, la formulation d’une pensée sont nécessaires à son aboutissement : ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et si vous ne pouvez l’énoncer, vous ne finaliserez sans doute pas votre pensée.)
Cette attaque ciblée dans le domaine supérieur ne tuera sans doute pas la langue mais la blessera d’autant plus grièvement qu’elle touchera l’élite intellectuelle du pays, ou plutôt « des pays » de la francophonie. Le coup est d’autant plus dur que notre belle langue est héritée de dignes ancêtres grecs, latins et que ceux-ci nous ont laissé, outre le langage, un très solide héritage historique et philosophique. L’étymologie de ces langues est aussi très utile pour reconnaître avec aisance certains concepts et certains mots, même anglophones, et même parmi ceux que l’on n’a jamais rencontrés. Tout comme les bases de mathématiques, d’algèbre permettent d’aborder (même sans être un grand chercheur) les questions de science et de logique sans s’en remettre au savoir des seules élites.
D’un point de vue stratégique (celui du Nouvel Ordre), c’est un vrai coup de maître qui n’est pas porté sur n’importe quelle langue et n’importe quelle culture : le Français serait la cinquième langue la plus parlée, langue officielle d’un certain nombre d’organismes ou institutions supranationales dont les noms m’échappent, et la deuxième langue la plus influente au monde. Une bonne manière aussi de disloquer le bloc latin qui, actuellement, se pose en principal résistant de l’Empire (d’après Louis Farrakhan, l’Islam prédirait même le rôle-clé de la France dans ce processus).
Toutefois et pour prendre le contre-pied de ceci, je pense qu’il est urgent que les Français se mettent à l’Anglais non en remplacement de leur langue maternelle, ni en langue exclusive de l’élite intellectuelle, mais en complément linguistique nécessaire pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Le blackout opéré par les médias en France sur ce qui s’y passe est absolument incroyable, opaque au-delà de ce qui serait même concevable — il est nécessaire de s’informer, confronter, comparer ce qui se dit chez nous avec ce qui se dit aussi ailleurs : dans le bloc de l’Ouest et en Russie dont les infos, aussi, sont traduites en anglais. Ce n’est qu’à ce prix qu’on peut atteindre une certaine forme d’objectivité et avoir toutes les pièces du puzzle stratégique, ou du moins le plus de versions possibles pour simplement « connaître l’ennemi ». Par exemple la répression du mouvement Occupy aux USA et les fuites terrifiantes qui sont parues et ont été reprises dans tous les médias de l’autre côté de l’Atlantique, en Grande-Bretagne ainsi que (bien sûr) en Russie, n’ont pas fait l’objet d’un seul article dans les grands médias en France. J’ai cherché longtemps, absolument en vain, sur maints sites différents. Le mariage gay par contre, dans le même temps donne à ce jour 655 résultats.
Pour faire les choses tout bien, je vous donne d’autres exemples avec les mêmes mots-clés :
— Sur le Figaro : rien.
— Sur le site du Point : rien.
— Sur Libération qui devrait bondir : rien non plus.
— Sur le Monde : idem.
— Sur d’autres vérifiez, mais si parfois les mots-clés donnent des résultats, aucun ne relate l’affaire dont parle le Guardian (parmi ceux que j’ai testés et ils sont assez nombreux).
Ma conclusion :
Il faut absolument défendre la langue et l’exception françaises et francophones dans le monde, il en va de la survie des cultures et des idées.
Mais il est aussi nécessaire que les Français se mettent à l’Anglais sérieusement s’ils veulent pouvoir s’informer, s’instruire et ne pas rester dans l’ignorance honteuse et (pourtant) éhontée qui les caractérise.
Ignorance entretenue qui, cela dit, n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait qui possède quoi.
19/05 17:55 - zozoter
François ASSELINEAU invité de EUROPE 1 SOIR Mardi 21 mai 2013 de 19 h 00 à 20 h 00 présenté (...)
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17/03 12:05 - Jean-Louis CHARPAL
Je suis loin d’être d’accord sur tout avec François Asselineau, c’est le (...)
16/03 12:42 - emphyrio
16/03 01:12 - TSS
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