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Commentaire de L’Ankou

sur « On supprimera la foi au nom de la lumière, puis on supprimera la lumière... »


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L’Ankou 15 mars 2013 16:55

Tiens, les jésuites ne sont pas tous papes !

durae.leges.sed.leges, une fois de plus, ovus tentez de faire le dictionnaire à votre sauce pour y faire entrer un athéisme que vous êtes rigoureusmeent incapable de concevoir. Je teisn cette inaptitude pour un handicap mental sévère, et vous engage à consulter. Encore que... si ça peut vous rassurer d’appeler un chat un chien, et de dire que les athées croient en dieu, libre à vous ! Quand vous en serez à démontrer que deux et deux font cinq, on n’aura même plus besoin de vous contredire : les faits le feront pour nous.

Ceci étant, dans la mesure où je souhaite, avec la plus grande sincérité, serrer cordialement la main que jeremy v me tend avec sympathie, je dirai que je suis d’accord avec lui sur l’importance de dépasser les clivages et d’admettre des différences même d’apparence irréconciliables. Viscéralement athée, je vous tiens l’un comme l’autre comme parfaitement légitimes à exister et respectables dans vos croyances. Lui, au nom de l’ouverture d’esprit qu’il affiche, et vous, au nom de la grandeur d’une société qui sait ne pas exclure ses handicapés mentaux.

A l’attention de jeremy v, j’ajoute néanmoins que j’apprécie modérément le contresens manifeste que vous faires sur le communisme.

Vous parlez étrangement du « communisme vainqueur », et probablement avec autant de préjugés, de méconnaissance et de fausses informations que ce dont vous estimez être victime en tant que croyant : le « communisme vainqueur » en 1917 a été éradiqué par Staline. Gorbatchev aura été son chant du cygne. Le communisme « vainqueur » de Mao a dérivé vers une économie productiviste en se soumettant aux règles du capitalisme le plus libéral. Les « communismes vainqueurs » des anciennes colonies ont prostitué leurs idéaux pour quelques pétrodollars. Faut-il que, par méconnaissance et inculture en la matière, vous teniez le mot « communisme » pour la pire des insultes, pour qualifier ainsi le capitalisme néolibéral, son exact opposé et le système dont il est le seul véritable ennemi sérieux ? J’avoue ma plus extrême perplexité.

Si un communisme accompli laisse peu de place aux visions délirantes d’arrières mondes idéaux, il n’en travaille pas moins à une entraide aussi locale que mondiale, à une création de richesses d’autant plus valables que partagées, à une dissolution des égoïsmes et des accaparements de classes dans un collectivisme fraternel... Le matérialisme n’est égoïste que dans sa conception capitaliste et c’est ne plus respecter le sens des mots que d’appeler cet égoïsme « communisme ». Des mots et des étymologies, d’ailleurs. Et le l’Histoire, tant qu’à faire.

Ce que vous appelez le plan du « communisme vainqueur » n’est certainement pas de se forger un peuple asservi. Je reconnais que c’est le plan de quelques dictateurs, Staline à leur tête qui renonça à exporter la révolution prolétarienne devant la logique des « blocs ». C’est à partir de là, évidemment, que les révoltes populaires ne l’intéressaient plus, elles qui sont pourtant la source de tout élan communiste. Et autant ce n’était certainement pas le plan de Marx, autant c’est aussi celui de Monsanto et de quelques autres multinationales... toutes parfaitement capitalistes.

Dans la logique matérialiste révolutionnaire, au passage, la disparition de la spiritualité ne signifiait rien d’autre que la dénonciation de l’escroquerie consistant à dissuader lesdites révoltes populaires par l’espérance d’une vie meilleure, un jour, plus tard, ailleurs, loin,... jamais. Jésus aurait-il désavoué une pratique matérielle de patage et de solidarité ici et maintenant, et laissé perduré des injustices au nom d’une souffrance rédemptrice, utile dans l’autre monde ? Si athée que je sois, j’ai assez lu les évangiles pour me faire ma propre opinion sur ce point.

Si les révoltes populaires ont quelque valeur pour vous - ce qu’il me semble -, considérez que cette spiritualité qui fait passer la souffrance pour rédemptrice est l’un des rouages les plus puissants par lequel les rois, empereurs et tsars d’antan, contre qui se levaient les communistes, et à leur suite les mêmes bourgeois capitalistes qui ont gravé « in god we trust » sur les billets verts, ont pu contrecarrer les élans révolutionnaires.

A cette première série de remarque sur votre article, j’en ajoute une seconde pour illustrer par ma propre expérience et mon propre témoignage, que l’absence de foi en une vie après la mort et en une résurrection n’est en rien génératrice d’une terreur panique dont les tyrans pourraient profiter.

Au passage, je connais des chrétiens terrorisés par la mort, par peur du Jugement, alors que moi, sûr que je suis de ne comparaître devant personne, je vis la perspective du néant total après la mort avec la satisfaction rassurée que si cette mort devait être douloureuse (la vie n’est pas une histoire qui finit bien), ce n’est qu’un court moment à passer avant dissolution définitive de soi. Le tyran qui voudra y trouver une prise n’est pas encore né.

Vous opposez la servitude volontaire des endoctrinés à la servitude volontaire des consuméristes rivés les uns à leurs maigres ressources vitales, les autres au superflu de leur confort télévisuel. Entre ces deux pôles, Je vous sens dessiner le chemin de votre foi comme alternative possible à l’un comme à l’autre. Mais, ce chemin dessiné, je vous affirme qu’il y a encore de la place pour de très nombreuses autres voies à défricher, dont les plus intéressantes se passent sans doute de tenir un texte pour vrai même quand le Monde le contredit, ou d’imaginer que la promesses d’arrière-mondes idéalisés représenterait un atout pour la bonne compréhension de ce monde-ci.

Je ne sais pas trop comment je me suis libéré de la religion, mais cela fait de moi quelqu’un qui ne croit pas en l’au-delà sans pour autant que j’ai peur de la mort. Je la sais inéluctable alors à quoi bon en avoir peur ?

Cela fait de moi un homme qui n’a pas d’espérance post mortem, qui sait n’avoir qu’une seule vie, qui sait n’être que matière animée, fruit d’une évolution faite de temps et de hasard, et à la vie de qui le plaisir lui-même ne donne pas de sens. Mais par contre, cela fait de moi un ennemi irrévocable de ceux qui veulent aussi donner du sens à la souffrance en ce qu’elle serait « rédemptrice » ou « salutaire ».

Il est étonnant que vous posiez l’athéisme comme condamné au consumérisme et le croyant comme nécessairement résistant à ce diktat. Je ne suis certainement pas de ceux qui acceptent ce diktat par conformisme et je vous en conteste volontiers le monopole : on peut savoir que la possession matérielle n’est pas une vraie richesse, qu’elle est toujours frustrante et décevante sans pour autant idéaliser les aspirations « spirituels ». Certains vrais plaisirs sont gratuits comme une partie de tarot avec des amis, une ballade en forêt ou l’audition en libre diffusion du troisième concerto pour piano de Prokofiev. Je n’en tiens aucun pour « spirituel » mais ce n’est peut-être qu’une question de définition. En tout cas, je n’en tiens aucun pour lié à une foi.

Malgré ces divergences, dont j’espère qu’elles n’ont rien de rédhibitoire ou de définitives, je reste persuadé que des gens qui croient le message d’un fils d’artisan, prônant le partage du repas avec les humbles, pain et vin compris, ne sont pas irrémédiablement perdus pour les luttes justes.

Bien à vous, l’Ankoù


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