L‘athéisme, qui consiste à tenter d’être heureux malgré le tragique de la vie, au lieu de lui chercher un sens aléatoire, trouvent beaucoup d’acceptation. Cependant, l’Européen, en abandonnant ses croyances, ne les quitte pas tout à fait : il en conserve des fragments, comme l’humanisme de type chrétien, qui se détache de son socle transcendant mais demeure objet de croyance, parce que l’on ne se sépare si vite des référents religieux qui vous en fait vivre pendant des millénaires.
Religion dogmatique et matérialisme athée sont tous les deux des dogmatismes. Si la religion dogmatique divinise la transcendance, l’athéisme s’évertue à en nier l’existence, réduisant ainsi l’homme à un animal comme les autres, supérieur sans doute en certains points, mais par le degré seulement, ou la quantité.
Kant, avec “La Critique de la Raison Pure”, a résolu certains des principaux problèmes épistémologiques soulevés par Hume, mais au prix du rejet de la possibilité de rien connaître au-delà des apparences du phénomène. Nous ne pouvons pas connaître Dieu mais l’idée de Dieu est une nécessité pratique, selon Kant.
Il avait aussi bien démontré que croire ou ne pas croire ne change rien à la morale et presque rien à l’éthique, mais détermine la possibilité de l’espoir : la croyance offre l’espoir, alors que l’athéisme, comme Pascal l’avait vu et comme Kant le confirme, se voue au désespoir ou au divertissement.