La démocratie moderne, laïque, oublie volontiers ses racines chrétiennes, ce qui ne restera peut-être pas sans conséquences : une autre religion, plus vigoureuse, ne rencontrant aucune résistance, s’étend tout doucement, tout naturellement, dans le vide spirituel. La laïcité est trop tolérante, trop généreuse pour pouvoir le contenir. Dure avec sa propre religion, elle se montre accommodante avec les autres. Anxieuse de ne pas apparaître discriminatoire, elle se trahit elle-même en faisant des concessions à la nouvelle religion toute en multipliant des restrictions à la sienne. En appelant la nouvelle venue la « deuxième religion de la France », expression joyeusement reprise par les islamistes, elle capitule précocement, et facilite l’expansion de celle-ci. Face aux exigences de l’islam, l’Europe recule, et sa manque de fermeté encourage une pression revendicative permanente. De concession en concession, nous nous habituons aux piscines séparées, aux femmes voilées, à la viande hallal, a la disparition de nos traditions et symboles « religieux » comme les arbres de Noël. L’Europe est tentée de rêver l’islam à son image et à sa ressemblance pour mieux occulter les transformations profondes engendrées par sa présence. L’Europe imagine que l’islam va se séculariser à sa contact, mais le rêve risque de prendre un tout autre fin que prévu. L’Europe déchristianisée a du mal à gérer la montée en puissance de l’islam, dont les effets sociaux, spirituels et politiques prennent de plus en plus d’importance.