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Commentaire de bluebeer

sur Parti pris sur les bas prix


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bluebeer bluebeer 22 mars 2013 07:27

Bonjour.

Bon article, comme d’habitude.

Et vaste sujet. L’idéologie libérale actuelle est une fraude. Elle tire sa « légitimité » de postulats divers, comme l’autorégulation des marchés, le darwinisme économique, la supériorité inéluctable de l’intérêt personnel sur l’altruisme, etc. La déconfiture des économies planifiées et la dérive autocratique des sociétés socialistes ou communistes a apporté de l’eau à ces moulins, et contribué à enfoncer profondément l’idée dans nos crâne que there is no alternative.

Pourtant, ce système dans lequel nous vivons et auquel nos dirigeants ont prêté allégeance est une faillite à tous les niveaux. Il a engendré une nouvelle oligarchie apatride, une nébuleuse de multinationales et de consortiums banquiers qui se partagent le monde tout en luttant férocement entre eux pour la suprématie. Une nouvelle caste de seigneurs, de grands féodaux, qui tiennent pour rien les vilains que nous sommes, et qui poursuivent leur guerre aveuglément, indifférents aux maux dont ils nous accablent. Wall Street et la City, et tous leurs petits clones, nos nouveaux seigneurs.

En démultipliant les stratégies pour s’enrichir et obtenir l’avantage sur leurs concurrents, ils ont transformé la finance et l’économie mondiales en un vaste casino boursier, une arène de la spéculation et de la manœuvre occulte. Leur avidité les a poussé à remplacer les salaires par du crédit, car la dette enrichit bien plus que tout autre investissement dans l’économie réelle. La finance a décollé et perdu contact avec la réalité. Aujourd’hui, elle s’écroule. La valeur de l’argent s’évapore, les échafaudages financiers et les économies s’effondrent, la mondialisation n’a profité qu’aux profiteurs.

La délocalisation a sonné le glas du consensus social qui avait fini par émerger dans les pays industrialisés. Le spectre du chômage a réduit les aspirations sociales, a lentement détricoté le principe de solidarité. Insidieusement, nous avons glissé dans la mentalité libérale : individualisme, matérialisme, opportunisme. Nous sommes précarisés, déstabilisés, désolidarisés. Nous avons accès à davantage de gadgets, mais le prix des denrées alimentaires, de l’éducation et du logement ont explosé. Il n’y a plus de distinction entre ce qui est futile et ce qui est indispensable. Bienvenue dans l’univers de la surproduction, de la surconsommation, du surgaspillage.

Cerise sur le gâteau, si la délocalisation autorisée par la mondialisation chère à nos oligarques a été un premier coup de tronçonneuse dans notre contrat social, le tsunami de l’automatisation et de l’informatisation galopantes n’a encore été évoqué sérieusement par aucun gouvernement. Le travail disparaît, point barre. Et personne n’aborde ce problème fondamental qui lamine définitivement notre conception de l’organisation sociale. L’économie de marché devient obsolète parce que la plupart des gens n’auront tout simplement plus accès à du travail. Mais comme il nous est interdit de rêver d’économie planifiée et de juste répartition des avoirs, nous sommes désormais arrivés au bord du vide. Le capitalisme et le libéralisme ne sont pas des projets de société, ce sont des modèles de gestion du capital, incidemment destinés à entériner l’émergence d’une classe dominante sur une base économique. Rien n’est prévu pour les bouches inutiles, si ce n’est le néant.

La thèse de Jorion est que la perte progressive du pouvoir d’achat, et la substitution des salaires par l’accès au crédit, scie la branche sur laquelle le capitalisme est assis. Ses contradictions internes vont finir par le faire chuter, et après la chute du mur de Berlin, finira par arriver la chute de la rue du mur. « Marx avait raison », constat amer qui nous laisse devant les ruines d’un monde à reconstruire. Quand la bataille sera terminée, car pour l’instant, ceux qui possèdent tout se battent avec rage pour ne rien perdre. Et j’ai le sentiment que ça va être une longue bataille, dont ma génération ne verra pas l’issue.

Je ne suis plus chrétien, mais je suis allé au catéchisme. Petit, je ne comprenais pas pourquoi Jésus s’était tellement emporté contre les marchands du temple. Maintenant, je sais : ils avaient transformé la maison de son père en un repaire de voleurs.


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