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Commentaire de Darkhaiker

sur Le courage est-il socialo-historiquement soluble ?


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Darkhaiker Darkhaiker 25 mars 2013 17:05

Cher Claus,

Je risque de vous décevoir en vous disant que je n’ai aucun engagement citoyen précis si ce n’est Darkhaiker, que vous pouvez considérer comme un plan « philosophique », derrière son apparence, ses interventions (selon le hasard et la nécessité), son site ou son Pearltree.
Si la vie n’est pas un engagement de chaque instant, je ne sais pas et ne veux pas savoir ce qu’elle est, ni ce qu’elle vaut, ni ce qu’elle veut : je laisse ça aux esprits experts qui peuvent se passer de leur nature pour être ce qu’il deviennent inévitablement, par suite de ce non-engagement.
Il faut de tout pour faire un monde et au moins autant pour le refaire.
Pour ma part je n’ai qu’une façon de voir, que je pratique absolument, très relativement.
Comme toute personne « raisonnable », j’ai quelque difficulté à vivre en ce monde « déraisonnable », au sens plein et vide du terme, sans autre « prétention » qu’un geste, ou une parole, précis et assumés dans la vie de ce monde réel, et notamment celui de l’Internet.
Vie très virtuelle donc dans ses actes, mais que je considère néanmoins comme plus réelle que la « vraie vie » (dite matérielle), comme le dernier lieu et terrain d’action et de réflexion le plus concrètement libre qui soit. La lutte réelle consistant donc à défendre en temps réel ce lieu utopique autant qu’un Notre Dame des Landes intérieur, sans lequel celui reste sans réponse humaine.

L’objectif n’est pas tant d’exprimer littérairement que de dire le plus « efficacement » possible ce qui est (réel, désirable, inacceptable ou souhaitable, possible, nécessaire, humain ou pas...), sans pour autant faire de leçon explicite ou morale ni même philosophique, au sens académique ; donc que cela passe par une forme ou une autre, sans plus de préjugé, quelle importance ? Ce sont les choses dont on parle qui comptent.

En ce sens, je rejoins une partie de vos préoccupations : nous n’avons pas le temps d’être parfaits pour être ou dire ou faire. J’irais même plus loin en demandant si tout ça est vraiment nécessaire, cette compétence-perfection supposée, quand on ne veux parler que de ce qui est, parfaitement ou imparfaitement, pour être « crédible ». Je me moque du crédit : l’être n’est pas de la monnaie, de l’avoir ! Le savoir- faire vient en faisant, comme pour l’être-là.

L’important est cet être-là qui fait tout, même si on le pré-voit trop matériellement impuissant : l’animal encagé perd-t-il pour autant ses « qualités » ? Sauf à être reconditionné, reprogrammé, non.
En ce sens le combat est assez simple de refuser absolument et inconditionnellement cette possibilité-là au nom même de ce qui est qualitativement et spontanément « heureux » : le bon « heur » sans recherche. Il y a là un principe d’autonomie non rationaliste, important pour garder une raison d’être face à l’absurde. Elle se fonde sur le non-absurde, qui n’est pas une négation, mais la position naturelle et « normale » contre laquelle l’absurde se construit en nous, contre nous-elle.

Donc, et pour en finir sur ce thème, la langue, sans être une fin en soi, est pour moi le premier être pour tous, le premier bien commun. En ce sens elle mérite un minimum de respect, non souillé de je ne sais quel purisme ou puritanisme : je parle de langue libre (libérée des codes entrecroisés qui réduisent et séduisent la parole spontanée). Bref il s’agit d’une des premières imprescriptibilités du droit humain, autrement important finalement que celui de penser, quand celui n’est plus qu’une théorie ou une autre.

Cette libération ne peut évidemment pas être seulement un jubilation ou un moyen, si l’on n’est pas conscient ( ou sensible à) de la fin immédiate lointaine de ce qui doit être dit ou suggéré. Pour faire court, Darkhaiker n’est qu’ une sorte de militant d’une certaine poésie universelle non universaliste, éternelle non conservatrice. Là est la limite de ses forces, qui force au respect de sa raison pratique tout en la bornant à un minimum d’ouverture, de par ce fait. Une limite qui ne permet pas de passage est un obstacle, ou un adversaire, en soi, regrettable. Discerner n’est pas distinguer.

Ainsi tout approfondissent concernant Darkhaiker, ne passe que par ses textes, avec leur qualités et leur limites revendiquée, mais cependant non justifiées systématiquement ou par principe.
Ce sont des textes libres citoyens du monde qui vont leur chemin, circulant totalement, par leur esprit, leur diffusion. Des pierres virtuelles pour un monde nouveau, mais très modestement, comme chacun peut en faire autant avec ses qualité propres s’il le veut (bien que pour continuer à être nous n’ayons pas vraiment le choix de nier ce que nous sommes, à l’envie ou au désespoir : on fait avec ce que l’on est). Ils cherchent aussi à donner envie d’exprimer le monde pour et par chacun, sans discrimination ni objectif extérieur à ce monde, si menacé par l’aspect matériel de son idée fausse. Voilà !

Maintenant je dois dire que je suis touché par votre rapprochement avec mes vues, et même votre reconnaissance, qui ne doivent pourtant pas faire oublier le mien avec les vôtres, et inversement, depuis le début, dans la perspective de l’éclairage que vous avez heureusement initiée dans votre recherche sur la « notion » de courage, qui me semble en effet, tellement essentielle dans l’aujourd’hui « contemporain »...
Courage perdu (comme résultat logique d’un calcul fermé) tellement difficile à retrouver, dans la puissante confusion intellectuelle qui nous caractérise, à l’intérieur d’un enfermement invisible d’impuissances réelles conjuguées.

A cet enfermement invisible, je ne pense pas que le courage consiste en une réponse trop visible, mais plutôt en des actes probants et « non crédibles », gratuits, : ils définissent en négatif une crédibilité d’intérêt qui n’existe plus, et dont il faut désormais se passer, pour revenir à une humanité plus « première », non pas décomplexée par le retour à une barbarie imaginaire, (comme celle qui, parallèlement, se profile derrière la crédibilité ordinaire du désespoir), mais par un retour aux sources de notre humaine raison (raison ordinaire comme le « common sense » du grand Orwell, par exemple), et qui est la vraie matrice d’un sentiment existentiel conscient et concret, non volontaire mais désiré, non construit (pensé, mythifié) mais donné, qui se découvre dès que le bruit extérieur cesse.

« L’art commence là où la pensée s’arrête » disait Camus.

Rassurez-vous, le « non-être de courage » nous définit tous, et personne en particulier, quand nous n’avons pas courage d’être ce que nous sommes, avec nos limites d’hommes, celles qui ne font pas de nous des robots déraisonnablement productifs et raisonnants.
 
C’est pourquoi le courage est aussi une question de lucidité, et d’honnêteté envers soi, dont je vous remercie, quand celui de l’autre s’ajoute au mien et inversement (je pense ici aux Alcooliques anonymes, dont les cercles de discussion sont moins de confessions douloureuses que d’acceptation conditionnelle d’un dévoilement de soi, dépendant moins du calcul que du nécessaire lâcher-prise d’une prétendue maîtrise, du et au fond d’un esclavage ou d’une dépendance, d’abord psychologique), rendant tout jugement entre égaux ridicule et malsain, sauf dans le respect. C’est l’humanité que fait les égaux, non les principes péréquateurs de pseudo compensation calculées au plus ou moins...dérisoirement « juste » !
Déserton les pouvoirs si nous voulons voir.
Ainsi, là comme dans votre article, nous sommes bien dans une recherche, où l’intérêt est de trouver pour tous, donc pour personne en particulier, mais aussi de non disposé. Dans cette recherche, il n’y a pas de malheur : il n’y a que du bonheur, de la dignité.

L’objectif n’est pas d’être novateur mais de trouver le neuf – du réel – qui n’a jamais pu vivre, et de le libérer du vieux rêve éveillé qui nous endort. C’est ce neuf qui nous fait la leçon, pas nous, prisonniers du vieux monde...Le seul maître c’est la situation, (pas les sartriens, ni les situs) disent les orientaux, pas celui qui vit dans l’illusion d’un viol fantasmé, dont il serait l’ordonnateur et le bénéficiaire officiel. On ne maîtrise pas plus la nature que c’est elle qui nous maîtrise heureusement.

Cordialement.


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