Le courage est-il socialo-historiquement soluble ?
En réponse amicale à Approche critique de l’engagement contemporain (I) : Considérations sur
le courage (19 mars).
MERCI INFINIMENT DU COURAGE DE PARLER DU COURAGE. QUI PEUT ÊTRE APPROCHÉ SANS CRITIQUE NI ENGAGEMENT NI CONTEMPORAINS, NI PRÉTENTION.
Le courage est-il socialo-historiquement soluble ?
Il est évident qu'il n'a pas de valeur exclusivement humaine. Il n'est pas une vertu, encore moins un humanisme.
L'en dehors de la nature ou du naturel aurait donc un sens ? Rien n'est moins sûr.
Surmonter sa peur est peut-être un acte de courage mais qu'est-ce qu'une peur non « physique » ?
Surmonter un défi : celui de l'être, qui n'est ni soi ni l'autre ? Ce qui ne déphase pas forcément en ces temps morts.
Il n'y a pas de rentabilité de l'acquis pour toujours dans l'Avoir, dont la première loi est l'impermanence, mais un leurre-illusion, un mensonge non conforme au courage de chaque instant.
Nous ne sommes propriétaires de rien, pas plus du courage que la lâcheté. Très bien.
L'acte courageux n'est pas intéressé puisqu'il n'y a rien à gagner – pas plus en basant tout sur ce rien qu'en le niant (certain estimant que le courage augmente avec la quantité à perdre, mise en jeu dans le défi, dont on « croit » qu'on ne le perdra pas du moment qu'on le relève, autant par heureux hasard que par le défi lui-même, considéré comme victoire acquise en soi, en tant que négation (supposée positivement humaniste face à la loi de l'obstacle) supérieure prétendue d'une réalité donnée (malgré l'arbitraire de l'acte mis en scène pour les enfants de Guignol, découpant sa petite parcelle d'appropriation ou d'affrontement créateur de valeur heureuse – soit-disant « valeureuse »).
Mais il n'y a pas que des tartarinades.
La valeur du courage est donc une rétribution en soi, une valorisation d'être surplombant celle qui se réclame de l'Avoir, mais qui la rejoint secrètement dans le calcul-plan lui-même, au niveau d'un capital dit symbolique. Très bien ?
Le courage n'a pas de valeur, il est une valeur incomparable qui libère, non de la peur mais de l'esclavage psychologique du binaire quantitatif et des dualismes dilemmiques du pouvoir intellectuel qui fondent la peur. Dans ce sens il les dépasse, mais il le fait par son étrangeté même d'avec avec une nature humaine faussée, construite sur la loi d'une force brutalement intellectuelle, purement humaine, aryenne, comme possédée par la possession.
Qui peut décider de vivre dans l'angoisse perpétuelle sinon celui qui confond la paix et la guerre dans une prétention affichée, faute de vie, de suspendre sa vie ? De gagner à la perdre ? L'absurde gain !
Personne ne peut suspendre sa vie : c'est elle qui nous suspend, comme femme se détourne. Il faudrait définir la qualité d'une volonté prétendument supérieure à « la vie », considérant qu'il puisse en exister une en dehors d'elle. Ce qui ne veut pas dire que cette volonté soit étrangère à ce qui fait la vie. Camus n'approuverait-il pas, d'ailleurs, cette vue ?
Positivement oui, la vue inverse est absurde, comme le monde partiel et réduit qui la fonde.
Une certaine « non-satisfaction » n'est pas insatisfaction mais refus lucide d'un pouvoir qui ne se superpose à l'être que pour limitation et domination. Il n'y a pas de satisfaction dans l 'inutile.
Multiplier à l 'infini une quantité estimée d'être dit supérieur ou meilleur (…) c'est le contraire d'un seul acte libre non calculé, dont le poids est infini puisqu'il conditionne sans le programmer tout devenir.
Le courage engage l'être entier, sans plan, bien qu'il soit entier dans l'intention qui le rend conscient et l'engage absolument dans le même temps.
Il n'y a rien à prouver au monde, surtout pas le courage, qui ne regarde que soi dans son rapport à l'autre, finalement très peu concerné par cette vertu intérieure. Le combat est un art alliant sagesse et action : il n'y a d'héroïsme que naturel, un peu comme celui de ces « justes » qui s'ignorent et qu'on ignore.
Leur héroïsme ne leur donne la force que d'être soi, qui est tout, absolument. Paisibles, face à l'absurde, qui, comme tout le monde sait « n'existe que dans la mesure où l'on y consent pas ». Qui a prétendu que ce refus était militant ? Les fabricants de médailles ? Pour reprendre donc Camus et Shakespeare en même temps, autant dire que cet absurde, bien réel du monde, n'existe que dans la mesure où l'on n'y croit pas du tout. Il n'y a pas de combat, là est le combat.
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