Salut, les gens
Lectrice occasionnelle de la presse féminine, je trouve depuis des années consternant d’avoir vu des rédactions -Elle, Vogue, etc.- pousser par tous les moyens les hommes à se transformer en clones de leurs lectrices : en poupées Barbite. Bons à montrer aux copines, bons à baiser sans que ça gratte ou que ça sente, bons à pouponner (là, deux options : Barbite est beau, et c’est la classe de le voir tenir MON bébé comme dans les pubs / Barbite n’est pas beau, mais au moins, il est utile) , bons à porter des fringues qui ME mettent en valeur, bons à faire tout ce que je veux pour ne pas passer pour un sale con de macho. Bref, bons à consommer pour ne plus passer pour un beauf aux yeux de lectrices si bien formées (et non « informées »). Les journalistes de Elle devaient en avoir marre de se sentir si seules et connes à claquer 300 euros dans un soutif devenu inutile après leur premier regonflage au silicone.
Il me semble que le métrosexuel est le fruit du narcissisme général poussé sur la branche mère de notre société de consommation depuis le Plan Marshall. Panneau dans lequel sont, avant eux, tombées trop de femmes en quête d’une identité que le marketing s’est chargé de leur fournir avec force flatterie et compassion pour leur étouffement passé.
David Abiker résume pas mal le malaise masculin dans Le Musée de l’homme « avant j’avais trois convictions : le bon prime sur le beau ; l’expérience prime sur la jeunesse ; le solide prime sur le rapide. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. » Et devant ce problème de structure fondamentale de notre société, nous sommes tous égaux.
Ce sont nos consciences non consuméristes qui maintiendront à la lisière du supportable le roitelet Marketing et son grand Caddie débordant de nos envies, de nos désirs, de nos doutes, de nos jalousies et de nos peurs. Zemmour est la tête de gondole du moment, et il est loin d’avoir peur, puisque sa spécialité est de jouer avec les nôtres.
Naia